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Cérémonie des Ensor : des prix non genrés, mais les actrices rentrent bredouilles…
06·02·24

Cérémonie des Ensor : des prix non genrés, mais les actrices rentrent bredouilles…

Temps de lecture : 3 minutes
Auteur⸱e
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Pas une seule actrice n’a remporté d’Ensor samedi dernier — une situation qui n’a rien d’inédit. Voilà déjà trois ans que les prix du cinéma et de la télévision décernés en Flandre sont non genrés, mais cette indifférenciation ne semble pas encore porter ses fruits. « Nous allons procéder à une évaluation en profondeur », fait-on savoir du côté de la direction.

Avec respectivement sept et dix Ensor, Wil et 1985 sont les grands gagnants de la cérémonie, tandis que les réalisatrices de Les oubliés de Dieu repartent avec le prix de la meilleure série documentaire — et le souvenir d’une standing ovation. Mais l’absence d’actrices sur scène vient tout de même un peu éclipser le succès des lauréats. Les Ensor sont non genrés depuis 2022, à l’image de ce qui se fait à la Berlinale, en Allemagne, ou aux Veaux d’or, aux Pays-Bas, mais ce revirement n’a porté ses fruits qu’une seule fois depuis cette date.

Wim Vanseveren, président du conseil d’administration des Ensor, trouve qu’il y a « beaucoup à dire » à ce sujet. « Cette démarche a évidemment pour but de mettre en valeur la diversité de notre secteur. Dans un monde idéal, les acteurs et les actrices devraient être récompensés à égalité, mais on n’a pas de contrôle là-dessus. C’était le cas l’année dernière, mais pas cette fois. Tous les lauréats sont méritants, à mon sens, mais c’est tout de même un peu dommage. »

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Retour à la case départ

Michaël Pas, président et porte-parole de la Guilde flamande des acteurs, n’était pas de la partie samedi soir, mais il a suivi de près l’annonce des résultats. « Personne ne remet en cause les prestations des lauréats, bien entendu. Mais ça pose tout de même problème. Lorsque Maaike Cafmeyer et Joke Emmers sont reparties chacune avec un premier prix l’année dernière, on s’est dit que le nouveau système était bien en place. Mais on revient à la case départ. Il y avait beaucoup de rôles féminins forts, les nommés étaient bien répartis… Personne n’est satisfait. »

Wim Vanseveren a d’ores et déjà fait savoir que les modalités de vote feront l’objet d’une évaluation approfondie. « On le fait chaque année, et il n’y a pas de tabous. 600 personnes du secteur ont voté, ce qui semble représentatif. On sait que 55 % de nos membres sont des hommes, mais s’agit-il aussi de 55 % des votants ? Ou sont-ils plus nombreux, ce qui pourrait avoir un impact ? On analysera tout ça pour ensuite pouvoir se prononcer sur l’avenir. »

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Le secteur est-il prêt ?

Les réalisatrices Fien Troch (Holly) et Veerle Baetens (Débâcle) n’ont pas eu envie de refaire le débat au lendemain de la remise des prix. « On connaît mon point de vue », explique Veerle Baetens. « Je me suis déjà exprimée il y a deux ans. » Alors en lice pour sa prestation d’actrice dans Dealer, elle avait déclaré que la société n’était pas encore prête pour des prix non genrés. Selon elle, les scénarios offrant des rôles féminins intéressants sont encore trop rares. « Je n’ai pas changé d’avis », explique-t-elle.

À l’inverse, Charlotte De Bruyne, qui tient le premier rôle dans Débâcle, apprécie cette indifférenciation des sexes dans la remise des prix. « Je trouve ça super d’être dans la même catégorie que des collègues hommes. Les nominations étaient bien équilibrées. Mais c’est quand même terrible que le secteur vote de cette façon et que l’on se prenne ça en pleine figure. Pour autant, je trouverais ça trop facile de laisser tomber l’idée des prix non genrés en disant “Bon, rendons leur catégorie aux femmes, elles auront aussi un prix et tout le monde sera content.” J’aurais un peu le sentiment d’y perdre. Mais le secteur est-il prêt pour des prix non genrés ? Je crois surtout qu’il faut bien analyser le système de vote de l’académie. »

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Des rôles moins intéressants

Samedi soir, face aux caméras de VRT NWS, les lauréats Stef Aerts (pour son premier rôle dans Wil) et Aimé Claeys (pour son premier rôle dans 1985) ont tout de même laissé échapper qu’il faudrait peut-être revenir temporairement à la répartition classique entre acteurs et actrices. Tous deux ont fait valoir que cette situation n’était pas due à un manque d’actrices de qualité, mais au fait que les rôles écrits pour elles restent moins intéressants. « Je crois que le type de films que nous faisons est en train de changer », a précisé Stef Aerts. « Mais il faudra encore un peu de temps. »

Michaël Pas, quant à lui, se garde bien de tirer de telles conclusions. « Je suis président de tous les acteurs de Flandre, je veux donc être en mesure de comprendre le point de vue de chacun. Certaines personnes sont d’accord avec Stef et Aimé, mais d’autres ont un point de vue différent. Le débat est nuancé, mais émotionnel. La Guilde des acteurs cherche déjà des moyens de le mener avec l’ensemble des personnes concernées, en toute ouverture et en toute sincérité. »

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