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Et si les communes assumaient les tâches du VDAB, l’agence flamande pour l’emploi?
19·01·23

Et si les communes assumaient les tâches du VDAB, l’agence flamande pour l’emploi?

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

SISKA GREMMELPREZ (BELGA)

Auteure
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Demain, les chômeurs verront-ils des fonctionnaires communaux frapper à leur porte ? Le gouvernement flamand a commandé une étude sur la possibilité de transférer aux villes et communes les tâches du VDAB. Mais sont-elles à même de les assumer ?

Remettre au travail davantage de personnes : c’est le leitmotiv du gouvernement Jambon. Aujourd’hui, en Flandre, plus de 76 % de la population des 20-64 ans ont un emploi. Il manque donc quatre points de pourcentage pour réaliser l’objectif fixé dans l’accord de gouvernement pour la Flandre : un taux d’emploi de 80 %. Mais comment combler cet écart ?

Pour le ministre des Collectivités locales Bart Somers (OpenVld), il faudrait confier cette tâche aux villes et communes. Selon le quotidien De Tijd, le gouvernement flamand va étudier, à sa demande, s’il ne serait pas possible de transférer aux autorités locales les missions de l’agence flamande pour l’emploi, le VDAB. Aujourd’hui, c’est ainsi que fonctionnent déjà le Danemark et les Pays-Bas, deux pays où le taux d’emploi est plus élevé qu’en Flandre.

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Le principal argument invoqué : plus proches de leurs citoyens et de leurs entreprises, les villes et communes seraient mieux en mesure de faire coïncider l’offre et la demande. « Les autorités locales savent souvent très bien comment organiser cet accompagnement », dit-on au cabinet Somers. Actuellement, les villes et communes sont déjà compétentes pour mettre au travail les quelque 38 000 personnes bénéficiaires d’un revenu d’intégration versé par le CPAS.

Viser les inactifs

Cette nouvelle approche correspond à un glissement majeur dans le public cible. Jamais encore la Flandre n’a compté aussi peu de demandeurs d’emploi : environ 178 000 personnes. En un an, ce nombre a diminué de 8 %. L’essentiel de la marge résiduelle d’amélioration de ce taux se situe désormais parmi les inactifs qui ne sont PAS en recherche d’emploi, comme les chômeurs découragés, les malades de longue durée et les bénéficiaires du revenu d’intégration.

Selon Bart Somers, il serait utile de confier l’activation de ces personnes aux organes déjà compétents pour l’accueil des enfants ou pour la politique de logement social. Ainsi, en Flandre, nombreux sont les hommes et les femmes qui préfèrent rester à la maison faute de possibilité d’accueil pour leurs enfants. Une ville ou une commune pourrait tenter de réduire le nombre de ses citoyens inactifs en garantissant l’accès à des services de garde d’enfants abordables.

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D’autres arguments pourraient également justifier de confier aux autorités locales les missions du VDAB. Ainsi, les personnes peu qualifiées sont généralement peu mobiles et peu susceptibles de posséder une voiture, ce qui augmente l’attrait d’un employeur local.

En outre, depuis un certain temps, le VDAB essuie un flot croissant de critiques. Certains voient en effet dans l’incapacité du service flamand de l’emploi à mettre davantage de personnes au travail, ces dernières années, malgré un nombre record d’offres d’emploi, la preuve que les choses n’y tournent pas rond. Le VDAB se serait positionné de manière trop laxiste et aurait négligé des opportunités. Ceci dit, est-ce là un argument suffisant pour amputer ses compétences et en transférer certaines aux autorités locales ?

Cloisonnement

De toute évidence, la Flandre n’est ni le Danemark ni les Pays-Bas. Dans ces deux pays, les communes sont beaucoup plus étendues, ce qui leur donne bien plus de poids pour assurer le suivi des chômeurs et des inactifs. Stijn Baert, économiste du travail à l’Université de Gand, a sur la question un avis très clair : « Aujourd’hui déjà, nous constatons qu’en Flandre, l’activation des bénéficiaires du revenu d’intégration par les communes rencontre un succès très aléatoire. Certaines communes parviennent à réintégrer leurs concitoyens dans le marché du travail, d’autres, pas du tout. Leur confier davantage de compétences me paraît donc une idée assez étrange ».

« Sans affirmer que le VDAB fait mal son travail, il est clair que rien n’empêche de placer la barre plus haut. « 

L’accord de gouvernement attribue au VDAB un rôle central dans la politique flamande de l’emploi. Il incombe au service d’assurer un suivi des personnes qui travaillent et de celles qui ne travaillent pas. Pour Stijn Baert, le VDAB devrait donc assumer un rôle plus directif, et non le contraire. « Le projet, tel que je le comprends aujourd’hui, me semble inverser les priorités. Entre autres parce qu’il risque de cloisonner les choses. Après tout, tout le monde n’est pas nécessairement à la recherche d’un emploi dans sa propre commune. »

Le débat reste ouvert sur la manière dont la réforme sera mise en œuvre. Faudra-t-il qu’un fonctionnaire communal fasse du porte-à-porte, par exemple ?  Faudra-t-il mettre en place de nouvelles structures intercommunales ?  À toutes ces questions, l’étude devra apporter des réponses. On ignore également quel rôle, le cas échéant, le VDAB jouera encore après une éventuelle réforme. Peut-être faudra -t-il maintenir une sorte de plateforme de données à l’échelon supérieur.

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Joke Van Bommel, porte-parole du VDAB, veut d’abord attendre les résultats de l’étude :  « Si celle-ci fait ressortir des éléments concrets auxquels nous pouvons contribuer, nous sommes ouverts à toute proposition. »  Elle rappelle que ses services ont déjà conclu avec les trois quarts des communes des accords de coopération en vue de mener des politiques adaptées. Selon le VDAB, le projet risque d’aboutir à des pertes d’efficacité sur des questions concrètes telles que l’intégration des systèmes informatiques et l’émission d’appels d’offres.

À l’inverse, Jan Denys, expert du marché de l’emploi chez Randstad, est séduit par la proposition du ministre Somers : « Sans affirmer que le VDAB fait mal son travail, il est clair que rien n’empêche de placer la barre plus haut. Sur ce plan, de grandes villes comme Anvers ont déjà de l’expérience. » Il reconnaît toutefois que pour les communes les plus petites, s’attaquer seules à un tel projet ne sera pas facile. « En revanche, si des projets pilotes montrent que ce système fonctionne bien, cela ne peut qu’encourager les communes à fusionner. »

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