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Permettre aux seniors de mourir quand ils le désirent : une proposition choquante qui suscite un débat nécessaire
11·04·24

Permettre aux seniors de mourir quand ils le désirent : une proposition choquante qui suscite un débat nécessaire

Luc Van Gorp, président de la Mutualité chrétienne, a plaidé lundi dans Het Nieuwsblad et la Gazet van Antwerpen pour des solutions radicales en matière de vieillissement. Il estime ainsi que celles et ceux qui en ont assez de vivre devraient recevoir la possibilité de réaliser leur souhait.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Bart Brinckman
Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Il arrive, dans la vie, que la situation « biologique » et la situation « biographique » des êtres se désynchronisent. Nos voisins néerlandais ont inventé pour décrire ces situations une expression élégante : « een voltooid leven », ou encore une situation de « vie accomplie ». Ils visent par-là ces situations où le cœur (la biologie) fonctionne encore bien, mais où la vie (la biographie) n’avance plus guère au quotidien. Ce sujet s’est avéré suffisamment actuel pour que le parti libéral D66 tente de faire voter une proposition de loi au Parlement néerlandais. En bref, il s’agissait d’autoriser toute personne, avec le soutien d’un « stervensbegeleider » (compagnon vers l’au-delà), à organiser elle-même sa fin de vie — donc à s’administrer à elle-même son propre poison. C’est bien là une interprétation très poussée de la notion (très libérale, NdT) d’autodétermination : accomplir l’acte soi-même plutôt qu’imposer un dilemme moral à un médecin. La proposition de loi n’a pas été adoptée.

L’idée paraît extraordinairement dure. Mais elle met en lumière le raisonnement énoncé, de manière très surprenante, par le grand patron de la Mutualité chrétienne — même si celui-ci utilisait plutôt l’expression lénifiante de « rendre la vie ». Attention : il ne faudrait pas confondre ce débat sur la « vie accomplie » et la question de l’euthanasie. Bien cadrée par la loi, celle-ci est soumise à une double condition : la personne concernée doit être juridiquement capable et ressentir une souffrance mentale ou physique insupportable, sans aucune chance de guérison. L’idée d’étendre l’euthanasie aux personnes incapables (atteintes de démence, par exemple) pose déjà d’insurmontables difficultés. Que dire alors du cas de personnes encore en bonne santé ?

Luc Van Gorp, le président de la Mutualité chrétienne, entend lancer un débat sur la manière dont nos sociétés traitent les personnes âgées fragiles. Et il fonde son raisonnement sur une notion de pénurie. En 2050, la Belgique comptera plus d’un million de personnes âgées de plus de 80 ans, ce qui représente d’après lui une charge financière insupportable pour notre société. Peut-être son analyse est-elle correcte. En revanche, sa suggestion qu’il incomberait alors aux « quatre fois vingt ans » d’en tirer les conclusions suffit à l’exclure immédiatement du débat.

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Une étude menée aux Pays-Bas a révélé — en particulier chez des personnes âgées convaincues d’avoir « accompli leur vie » — une certaine ambiguïté due à l’image négative qu’elles peuvent avoir d’elles-mêmes. Il est indéniable que pour une personne âgée, la sensation d’être de moins en moins autonome, de plus en plus solitaire et de moins en moins utile constitue un cocktail délétère susceptible d’accentuer un certain ennui de vivre. C’est bien pour cela que les professionnels de la santé et les aidants proches doivent prêter la plus grande attention à ces facteurs déclencheurs.

Il est choquant que la mutualité chrétienne semble abdiquer devant un certain défaitisme économique. Cette question reste cependant une occasion unique de débattre des conditions à mettre en place pour offrir à nos aînés de passer leurs dernières années de vie dans les meilleures conditions possibles. Sans stigmatisation sociale.

Au-delà des manœuvres électorales, voici les véritables défis qui attendent la Belgique…

 

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