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Ne plus pleurer en silence : briser le tabou de la fausse couche
28·11·22

Ne plus pleurer en silence : briser le tabou de la fausse couche

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Image by Jane Lund from Pixabay

« Une sur six et je suis l’une d’elles ». Cette simple phrase aux accents statistiques a suffi à l’animatrice radio Julie Van den Steen pour briser le tabou qui entoure encore la fausse couche, dont une femme sur six doit faire l’épreuve aujourd’hui. Une sur six. Et pourtant, le sujet reste tabou. Comment l’expliquer ? s’est demandé la présentatrice flamande.

Le problème ne commence-t-il pas dès le commencement, par ces douze premières semaines de grossesse qui, selon une loi tacite, doivent se vivre dans le plus grand silence ? Douze semaines où il faut serrer les dents : tel est le dogme. Car, nous martèlent-ils à l’envi, le risque que les choses tournent mal est bien réel. Si cette omerta apporte sans nul doute à certains couples un nécessaire temps d’adaptation, quiconque ose divulguer la nouvelle avant l’échéance fatidique s’expose aux regards désapprobateurs et aux remarques cinglantes : « Est-ce bien raisonnable ? Rien n’est encore sûr à ce stade. Et si jamais ? »

Et si jamais quoi ? Ne sommes-nous pas suffisamment mûres et âgées pour décider nous-mêmes de la manière dont nous voulons communiquer la grande nouvelle ? Pour avoir le droit de choisir quand et à qui l’annoncer ? Douze semaines n’est pas un délai qui convient à toutes les femmes, c’est une règle d’un autre temps, où elles n’avaient pratiquement pas voix au chapitre. Et au-dessus de cette loi du silence plane le tabou : le chagrin se console dans la solitude. S’étouffe dans l’intimité. La règle peut convenir à celles qui préfèrent endurer l’adversité seules, mais elle ne devrait pas s’imposer par défaut.

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Le silence est aussi porteur de honte, de culpabilité. Julie Van den Steen l’évoque avec bon sens et sans détours. Ces quelques verres d’alcool avalés quand vous ne vous saviez pas encore enceinte. « Est-ce donc ma faute ? Mon corps a-t-il échoué ? » L’échec est difficile à admettre. Il nous ronge. Un gynécologue aura beau vous dire qu’une femme sur six y est confrontée. Que c’est la nature. Si personne n’en parle autour de vous, il est impossible de détourner le regard de votre propre nombril.

Et ensuite ? Vous enfilez un masque. Au travail, vous prétextez un ulcère ou une migraine pour cacher la vérité. À la maison, vous pleurez, faites le deuil de la vie que vous aviez envisagée.
Julie Van den Steen a été courageuse. Comme l’avait été la présentatrice sportive Lies Vandenberghe avant elle. Et Meghan Markle.

Ces femmes parlent ouvertement d’une épreuve que certains entendent, mais que beaucoup ne comprennent pas. Elles évoquent la douleur d’apprendre que d’une seconde à l’autre, votre bébé n’est plus qu’un vulgaire fœtus. La brutalité de voir ce que l’on a tant aimé finir au fond d’une poubelle après une banale intervention clinique. Le chagrin d’entendre quelqu’un vous dire, pour vous consoler, qu’il n’est pas plus mal que l’ayez perdu si tôt.

Non, en parler n’enlève rien au chagrin. Mais briser le tabou peut sortir la douleur de l’indifférence. Pour qu’elle soit mieux comprise. Moins passée sous silence.

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