DaarDaar

Le meilleur de la presse
flamande en français

« La grande distribution décide de notre vie ou de notre mort »
23·11·22

« La grande distribution décide de notre vie ou de notre mort »

Leo De Bock est un ancien directeur en communication de cabinets CD&V et est actuellement producteur média.

Temps de lecture : 3 minutes

On a un agriculteur dans la famille, Ludo. Sa situation suscite donc forcément une certaine empathie pour le sort de ses semblables. Les agriculteurs, aujourd’hui entrepreneurs modernes, qui n’ont rien perdu de leur savoir-faire, mais à cette vitesse, plus personne ne respectera bientôt plus leur profession.

C’est dans cet état d’esprit que j’ai donc regardé le reportage que la VRT avait intitulé « Boer zoekt toekomst ». Agriculteur en quête d’avenir. Même si la thématique générale portait sur la crise de l’azote, le documentaire était criblé de lacunes en tous sens. Certes, les agriculteurs ont la corde au cou. Mais, la véritable cause de leurs problèmes, c’est avant tout la grande distribution et en particulier les supermarchés où nous faisons nos courses. Or, le documentaire n’y a même pas fait allusion. C’est bien là que le bât blesse.

Ludo ne mâche pas ses mots : « Les meilleurs prix, qu’ils disent. À d’autres ! Ils se livrent une guerre tarifaire sans pitié… Deux steaks pour le prix d’un. Ils n’augmentent soi-disant pas le prix du lait, car c’est un produit de première nécessité et parce qu’ils veulent préserver notre pouvoir d’achat. Laissez-moi rire ! Qui paye la facture ? Les agriculteurs ! Ces gens décident de ce qu’on gagne, de notre survie. »

Terres agricoles : stop à la spéculation

L’agriculteur poursuit : « Ils vendent des steaks du Brésil, des poulets de Pologne, des pommes et des poires d’Argentine. Tu trouves ça normal, Léo ? On doit respecter des normes impossibles en matière de qualité, de traçabilité, de sécurité alimentaire, d’empreinte écologique et de bien-être animal. Franchement, c’est une bonne chose. Mais tu crois vraiment qu’au Brésil, ils placent la barre si haut ? En Argentine, ils arrosent leurs pommes et leurs poires des pesticides qui – heureusement – sont interdits chez nous depuis longtemps. Sauf qu’eux, ils n’ont pas nos coûts de production. L’empreinte écologique ? Non, mais sérieusement ?

Et nous, on doit investir dans la production durable, qui nous coûte un bras. Beaucoup vont mettre la clé sous le paillasson, crois-moi. La grande distribution ? Ils s’en fichent pas mal : ils sortiront l’un ou l’autre produit bio, juste pour faire joli. Soyez à l’écoute du consommateur, qu’ils disent. Différenciez-vous, proposez de nouveaux produits. C’est du pur cynisme.

« Pourquoi importe-t-on encore des denrées qui ne répondent pas à nos exigences qualité ? C’est juste, ça ? C’est ça, le commerce équitable ? »

Idem pour les œufs de poules élevées en cage : ils sont interdits en Europe depuis 10 ans ! Depuis, ces cages sont utilisées en Ukraine et en Afrique. Et leurs œufs reviennent directement chez nous et entrent dans la préparation de gâteaux, de gaufres et d’autres crasses industrielles. Personne pour le dénoncer ! En attendant, c’est encore une part de marché de perdue. Le bien-être animal ? Mon œil.

Tu connais les émissions de CO2 pour un kilo de viande de bœuf ici ? 21 kg. Au brésil ? 45kg ! Et tu me parles de développement durable ? Non, mais sérieusement… Pourquoi importe-t-on encore des denrées qui ne répondent pas à nos exigences qualité ? C’est juste, ça ? C’est ça, le commerce équitable ?

Émissions d’azote: un décret met en péril la ferme de l’abbaye d’Averbode

Macron, en France, il a tout compris. Pas question de demander aux agriculteurs de faire un effort et d’importer en même temps des produits de pays qui font zéro effort. Pourquoi s’en rendent-ils compte là-bas, et pas chez nous ? La grande distribution, les Colruyt et compagnie, pourrait prendre l’initiative. Là, ce serait éthique. Et courageux. Et durable. Mais on peut toujours attendre. Le consommateur ne sait rien de tout ça, il ne pense qu’à son portefeuille. Entre une Granny Smith bien luisante et bon marché et une pomme biologique plus chère avec quelques tâches, le choix est vite fait…

Le Boerenbond ? Bien sûr qu’ils peuvent faire plus là-bas, à l’union agricole ! Leur tourner le dos ? Pour quoi faire ? Le pire, c’est que mon adhésion arrive à son terme. Mais d’après le reportage, mieux vaut la renouveler. »

Partager :
Mots clés :
© DaarDaar ASBL 2021 - Mentions légales - Vie Privée

Gratuit pour les employés de la Commission Paritaire 200 grâce à notre collaboration avec Cefora!

 Vous constatez un manque de cohésion entre collègues néerlandophones et francophones dans votre entreprise? 

Workshop, teambuilding... Inscrivez-vous aux nouvelles formations bilingues de DaarDaar! 

Si vous versez minimum 40€ en un an, vos dons seront déductibles fiscalement à hauteur de 45%.

Vous avez aimé cet article ? Alors soutenez-nous en devenant Amis de DaarDaar ! 

 

Nous voulons rester accessibles à tout le monde. Mais les traductions de qualité, ça a un coût.