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Contrôles des crèches: la Flandre réduit de moitié le budget supplémentaire
24·11·22

Contrôles des crèches: la Flandre réduit de moitié le budget supplémentaire

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by BBC Creative on Unsplash

Virginie Dupont
Traductrice Virginie Dupont

Depuis plusieurs mois, l’agence Opgroeien réclame des renforts afin de pouvoir détecter plus rapidement les situations intolérables dans les crèches. Le gouvernement flamand avait promis une amélioration, mais il s’avère qu’il a réduit de près de moitié le budget nécessaire. « Ca va poser problème », prévient le parti d’opposition Groen.

Lors de la commission d’enquête sur la sécurité dans le secteur de l’accueil de la petite enfance, l’agence Opgroeien (autrefois Kind & Gezin, le pendant flamand de l’ONE) a fait mauvaise impression. En particulier, il a été constaté que le service interne censé assurer un suivi attentif des crèches et des gardien·ne·s d’enfants ne tournait pas rond. Selon la dirigeante Katrien Verhegge – qui a remis sa démission la semaine dernière – cette situation est à imputer principalement au manque de personnel. « Nous comptons un gestionnaire pour 223 crèches, c’est trop peu », a-t-elle regretté en commission d’enquête.

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Le gouvernement flamand a pris note de cette plainte et promis une amélioration cet été. Chez Opgroeien, ils ont calculé qu’il faudrait engager au moins 42 gestionnaires de dossiers supplémentaires pour leur permettre d’intervenir plus rapidement. Une augmentation du personnel qui nécessitait 5,3 millions d’euros. Il ressort d’une note que le parti d’opposition Groen a pu consulter que le gouvernement flamand a décidé de réduire ce montant de près de moitié. « Il s’agit de 3,2 millions d’euros, soit seulement 60% du budget nécessaire. Et ce pour un service qui en a cruellement besoin », déclare la députée Celia Groothedde (Groen). En conséquence, 42 gestionnaires de dossiers supplémentaires ne pourront pas commencer à travailler l’année prochaine, mais seulement 27. Il n’y a pas d’argent pour les 15 autres.

125 crèches par gestionnaire

La ministre du Bien-être social Hilde Crevits (CD&V) admet qu’Opgroeien s’attendait à plus. « Leur demande était plus élevée, mais ils ont finalement soumis un plan du personnel ajusté qui répond à leurs besoins les plus criants. » Concrètement, ça signifie que Opgroeien ne pourra pas mettre en place cinq équipes de gestionnaires de dossiers – comme elle le souhaitait – mais seulement quatre. Ça va permettre à l’agence de réduire sa charge de travail de 223 crèches par gestionnaire à 125, mais elle aurait préféré faire baisser cette pression en dessous de 100 crèches. « C’est compréhensible », souligne Celia Groothedde. « Les sacrifices consentis par les collaborateurs sont déjà très élevés. À bout, ils ne sont plus à même d’assurer le suivi des dossiers correctement. »

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L’absentéisme chez Opgroeien est effectivement bien plus élevé que la moyenne. En Flandre, tous les secteurs affichent une absence pour cause de maladie d’environ 6%. Au sein des organisations publiques, ce taux est légèrement supérieur (7,5%), mais chez Opgroeien, des chiffres compris entre 12 et 13% ont été enregistrés deux années de suite. Lesquels signifient qu’un membre du personnel de l’agence est absent presque en permanence. Ajoutons à cela qu’on a assisté à un véritable exode des gardien·ne·s d’enfants. D’après nos informations, au moins 10 membres du personnel sont partis l’année dernière, soit près d’un tiers du personnel. Des départs qui en disent long sur le malaise.

Dossiers

Pendant ce temps, les dossiers s’accumulent. Au cours des huit premiers mois de cette année, la Zorginspectie (l’agence flamande de l’inspection des soins) a demandé à Opgroeien de mettre en œuvre des mesures de contrôle dans 171 crèches. C’est presque trois fois plus qu’en 2020. Et 2022 n’est pas encore terminée. Par ailleurs, des parents et des gardien·ne·s d’enfants ont déjà envoyé un nombre record de plaintes et de signalements. Afin de les traiter aussi rapidement et correctement que possible, Opgroeien avait compté sur au moins 42 gestionnaires supplémentaires pour suivre les crèches de près. « Le fait qu’il n’y en aura que 27 représente un gros problème », estime Celia Groothedde. « Aussi bien pour l’agence que pour l’ensemble du secteur. Une fois de plus, les gardien·ne·s, les parents et les enfants en subiront les conséquences. »

Celia Groothedde avait espéré que le gouvernement investirait plus massivement. « Le besoin, par exemple, de véritables gestionnaires de relations se fait ressentir. Il s’agit de personnes qui se rendent sur place et constituent le premier point de contact dans les crèches. Il faut également des collaborateurs en mesure de détecter la mauvaise gestion financière et les sites qui comptent trop d’enfants. Audit Vlaanderen l’a clairement inscrit dans un rapport publié cet été. Aujourd’hui, il n’en déjà plus question. »

La ministre Hilde Crevits invoque qu’Opgroeien – tous services confondus – obtiendra tout de même une cinquantaine de personnes supplémentaires. « Avec les renforts de la Zorginspectie, on parle même de plus de 100 collaborateurs. » Elle promet aussi une réévaluation de la situation. « Ce sera déjà une prouesse de trouver suffisamment de personnes. Si des besoins se manifestent encore, nous soutiendrons cette demande au maximum. »

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