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Détenu violé et torturé à la prison d’Anvers: l’État devrait avoir honte!
15·03·24

Détenu violé et torturé à la prison d’Anvers: l’État devrait avoir honte!

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo de Ye Jinghan sur Unsplash

Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Pendant des jours et des jours, un détenu – donc un homme placé sous la supervision de nos pouvoirs publics – a été la victime de maltraitance et de viols.

Les faits sont-ils une conséquence de l’affligeante surpopulation (un taux d’occupation de 170 %) de la prison d’Anvers ? Les faits sont tels que ce n’est même pas ça, la question. En réalité, il n’y a que trois questions pertinentes à se poser. Comment est-il possible que dans un environnement aussi contrôlé qu’une prison, de telles horreurs puissent passer inaperçues pendant plusieurs jours ? Pire encore : ces faits sont-ils vraiment passés inaperçus ? Et dans ce cas, pourquoi personne n’est-il intervenu ?

On peut espérer que l’enquête qui va être menée à propos de ces circonstances révoltantes répondra à l’une de ces questions. Mais quelle qu’en soit l’issue, une chose est claire : notre politique pénitentiaire est un échec. Et pas qu’un peu : notre politique pénitentiaire est fondamentalement défaillante. Notre système de détention est tellement défaillant qu’il représente un danger direct pour les détenus et pour notre société.

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J’ai le douteux privilège d’avoir pu visionner les images brutes de l’humiliation, de la torture et du viol bestial qu’a subis cet homme. Si la bande son n’en faisait pas entendre les accents du parler anversois, on aurait pu croire qu’on visionnait les images d’une prison d’un narco-État sud-américain.

Quel contraste entre ces images de la dure réalité et celles nettement plus aseptisées que notre gouvernement aiment tant voir passer dans des programmes télévisés tels que Alloo in de gevangenis (où le journaliste Luc Alloo interviewe des détenus en prison – NdT) ou Recht naar de gevangenis (où six personnalités judiciaires flamandes, dont le ministre van Quickenborne, ont passé quatre jours en cellule dans la toute nouvelle prison de Haren avec d’ex-détenus libérés – NdT).

« Tant Van Quickenborne que Van Tigchelt, sourds à tous les conseils, ont obstinément choisi, de faire exécuter les courtes peines d’emprisonnement, aggravant encore des conditions de détention déjà alarmantes. »

Une chose est sûre : l’actuel ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt (Open VLD), l’un des architectes de la politique de son prédécesseur Vincent Van Quickenborne, porte intégralement la responsabilité politique des conditions de vie dégradantes qui règnent dans les prisons comme celle d’Anvers.

En outre, tant Van Quickenborne que Van Tigchelt, sourds à tous les conseils, ont obstinément choisi, de faire exécuter les courtes peines d’emprisonnement, aggravant encore des conditions de détention déjà alarmantes. Bien évidemment, Paul Van Tigchelt n’est pas seul responsable.

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À de nombreuses reprises, déjà, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Belgique dans ce dossier. Tous les prédécesseurs de Paul Van Tigchelt ont ignoré le problème, se contentant de procéder ici et là à quelques replâtrages. Jamais nos politiques – y compris ceux qui réclament aujourd’hui la tête de Paul Van Tigchelt –, ne se sont vraiment préoccupés de la politique pénitentiaire.

Prendre en location une prison à Tilburg (Pays-Bas), ou construire une prison au Maroc, ça oui : les propositions folles n’ont pas manqué. Mais en trente ans, rien de fondamental, ou presque, n’a changé dans notre système pénitentiaire. Il y a trente ans, déjà, on annonçait la construction d’une nouvelle prison à Anvers. Il y a trente ans. Aujourd’hui, cette prison annoncée n’existe toujours pas.

Après ce drame, c’est le monde politique tout entier qui devrait collectivement rougir de honte.

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