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Quand les agriculteurs dictent la politique flamande, un dangereux précédent
16·02·24

Quand les agriculteurs dictent la politique flamande, un dangereux précédent

Cette opinion est parue jeudi matin. Le gouvernement flamand et les organisations d’agriculteurs Boerenbond, Algemeen Boerensyndicaat (ABS) et Groene Kring sont parvenus jeudi soir à un accord sur un paquet de mesures après plusieurs semaines de manifestations.

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BELGA (NICOLAS MAETERLINCK)

C’est ce jeudi que va avoir lieu une concertation cruciale sur la suite à donner aux revendications du monde agricole. Au sein du gouvernement flamand, cela ne manquera pas de rallumer la guéguerre, et pas qu’un peu. Mais le pire n’est pas là.

Hier, l’association flamande de protection de la nature Bond Beter Leefmilieu a divulgué une note interne du gouvernement flamand où figurait, point par point la teneur de la rencontre organisée lundi avec les agriculteurs. La divulgation de cette note a suscité au sein du gouvernement flamand de vives réactions. Le CD&V et l’Open VLD ont pointé un doigt accusateur vers le cabinet de la ministre de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA), l’accusant d’être à l’origine de la fuite. Provoquant bien entendu un démenti de celle-ci, qui parle de « basses manœuvres politiques ». Le plus inquiétant, dans cette histoire, ce n’est pas qu’une fois de plus, les partis du gouvernement flamand se volent dans les plumes. Le plus inquiétant, c’est que cette concertation a accordé aux agriculteurs à peu près tout ce qu’ils revendiquaient. Tout ce qui avait déjà été décidé jusque là – même les mesures les plus indispensables – y a été balayé, rejeté sur le tas de fumier, pour mettre fin à la protestation. C’est en tout cas ce qu’on ressent à la lecture du document. Et même ça, les agriculteurs trouvent que c’est insuffisant.

Si quelqu’un a fait fuiter ce document, qui que ce soit, c’était probablement avec en tête l’idée qu’un système démocratique, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. C’est basé sur la concertation, d’accord. Sur une écoute des besoins des agriculteurs, auxquels il faut être attentif. Cela, personne ne le niera. Mais cette concertation doit déboucher sur des décisions qui servent l’intérêt général. Or ce que fait actuellement le gouvernement flamand, c’est tout le contraire. Il réunit autour de la table des groupes de pression pour se laisser dicter la politique flamande. Et cela, simplement parce qu’un secteur économique a le pouvoir, à lui seul, de bloquer tout le pays et de pénaliser l’économie.

Face à la colère des agriculteurs, le silence radio des politiques

Demain, qu’est-ce qui empêchera les syndicats de police de recourir au pouvoir de la rue pour obtenir ce qu’ils veulent ? Quand va-t-on voir les bus scolaires bloquer le Port du Pays de Waes pour réclamer toute l’attention – et tous les budgets – que mérite l’enseignement ? Combien de temps va-t-il encore s’écouler avant que le mouvement « Witte Woede », qui exprima il y a quelques années la colère du personnel soignant, se rende compte que le mieux, pour eux, serait de mettre les hôpitaux à l’arrêt et de garer leurs ambulances sur le Ring d’Anvers ? Sans parler des camionneurs et de la vie de chien qu’on leur fait mener !

Ramper ainsi face à la manifestation des agriculteurs est un précédent très dangereux : il remet les clés de nos orientations politiques à quiconque a le pouvoir de perturber la bonne marche de notre société.

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