DaarDaar

Le meilleur de la presse
flamande en français

Le Wallon, cet éternel épicurien: Paul Magnette provoque ou ironise ?
09·02·23

Le Wallon, cet éternel épicurien: Paul Magnette provoque ou ironise ?

Bart Haeck est journaliste politique au quotidien De Tijd.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

HATIM KAGHAT (BELGA)

Bart Haeck
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Était-ce une provocation ? De l’ironie ? Ou un arrogant exercice de «parler-vrai »? Quand Paul Magnette, président du PS, accorde une interview à la presse flamande, il n’est pas rare que cela suscite un tollé. Ce fut le cas en février 2022, après une interview accordée au magazine Humo, où il avait expliqué que dans son esprit, « la Belgique pouvait devenir un pays sans commerce électronique ». En octobre, dans un entretien accordé au Tijd, il affirmait que « nous ne faisons rien qui aille dans le sens de ce que veut la droite flamande. Et nous comptons nous en tenir à cette attitude. »

Depuis la semaine dernière, Paul Magnette est ouvertement candidat à diriger le prochain gouvernement fédéral. À l’occasion de sa première interview accordée à la presse flamande (en l’occurrence, le magazine Dag Allemaal) en qualité de candidat Premier ministre, il explique maintenant qu’« apparemment, vouloir toujours travailler dur, c’est dans les gènes des Flamands ». Avant de poursuivre :  « Les Wallons préfèrent profiter un peu de la vie. Qu’y a-t-il de mal à ça ? »

Eh bien, en fait, des tas de choses. Tous les accords de gouvernement, à l’échelon fédéral, flamand, bruxellois et wallon, mentionnent clairement l’ambition de mettre au travail 80 % de la population en âge d’avoir un emploi. Alors qu’il reste un tiers de législature à courir, on pourrait s’attendre à voir le plus grand parti du gouvernement s’atteler à faire avancer ce dossier.

Remettre les réformes structurelles au lendemain : l’éternelle maladie belge

Or ce n’est pas le cas. Au gouvernement fédéral, on n’attend plus rien des réformes du marché de l’emploi que le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne (PS) est encore censé mettre en application. Pourtant, faire en sorte que les initiatives des pouvoirs publics restent abordables sur le plan économique est une ambition essentielle, comme le montre la comparaison avec les États-providence plus résilients d’Europe du Nord.

Les propos de Paul Magnette sont en parfaite cohérence avec ses déclarations antérieures, à savoir que donner du travail aux gens — par exemple des emplois nouveaux dans le secteur du commerce électronique — n’est pas une véritable priorité. Autre fait révélateur : si le gouvernement n’a pas encore mis au rebut les tentatives visant à rendre enfin les pensions un peu plus abordables pour l’État, c’est que dans le cas contraire, la Belgique se priverait de fonds de relance européens.

« Le travail est un solide rempart contre le risque de pauvreté et d’exclusion sociale, phénomènes moitié moins prévalents en Flandre qu’en Wallonie. »

Au fond, la notion de travail et celle de « profiter un peu de la vie » ne sont pas antinomiques. Le travail peut être source de fierté professionnelle. On y apprend à collaborer avec des collègues, à des objectifs utiles à autrui. Bien souvent, d’ailleurs, c’est au travail que l’on donne le meilleur de soi-même : on s’habille mieux, on se lève plus tôt et on se montre plus poli.

Le travail est un solide rempart contre le risque de pauvreté et d’exclusion sociale, phénomènes moitié moins prévalents en Flandre qu’en Wallonie. En raison des charges sociales qui y sont associées, le travail est d’ailleurs l’une des formes de solidarité les plus efficaces que l’on puisse manifester en tant que citoyen.

Là où le bât blesse, c’est qu’en Belgique, l’impôt des personnes physiques et la sécurité sociale donnent lieu à un transfert allant des citoyens les plus aisés — qui, généralement, travaillent — vers les citoyens les plus pauvres.  C’est ainsi qu’un flux financier coule depuis la Flandre vers la Wallonie. Quand on ambitionne de devenir Premier ministre, voilà un nerf à vif, dans le débat public, dont on devrait avoir conscience.

Peut-être Paul Magnette ne voit-il dans ses propos qu’une simple boutade. Auquel cas la conclusion s’impose : elle est déplacée.

Scandales à répétition : la « vie large » selon le PS

Partager :
Mots clés :
© DaarDaar ASBL 2021 - Mentions légales - Vie Privée

Gratuit pour les employés de la Commission Paritaire 200 grâce à notre collaboration avec Cefora!

 Vous constatez un manque de cohésion entre collègues néerlandophones et francophones dans votre entreprise? 

Workshop, teambuilding... Inscrivez-vous aux nouvelles formations bilingues de DaarDaar! 

Si vous versez minimum 40€ en un an, vos dons seront déductibles fiscalement à hauteur de 45%.

Vous avez aimé cet article ? Alors soutenez-nous en devenant Amis de DaarDaar ! 

 

Nous voulons rester accessibles à tout le monde. Mais les traductions de qualité, ça a un coût.