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La question à un million d’euros
05·05·15

La question à un million d’euros

Temps de lecture : 2 minutes
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Traducteur⸱trice DaarDaar

Vous vous souvenez du nom donné à la coalition du MR, de la N-VA, du CD&V et de l’Open Vld pendant les négociations pour la formation du gouvernement ? Cette coalition avait été dite « kamikaze ». Tout le monde partait alors du principe que les libéraux du MR commettaient un suicide politique en étant le seul parti francophone à se lancer dans une coalition avec trois partis flamands. Le nouveau gouvernement ne voulait pas commencer à travailler sous un astre aussi lugubre. Il a donc cherché un nouveau nom, que lui a gratuitement donné notre journal. Comme quoi, une idée nouvelle (#helfie) ne coûte pas forcément un million d’euros.

Il s’agirait donc d’une coalition suédoise, en référence au drapeau suédois : bleu pour les libéraux, jaune pour la N-VA et une croix pour le CD&V. En général, un changement de nom est une astuce de marketing utilisée pour inverser la perception, mais ce changement porte bien son nom. S’il y a bien un parti qui ne s’écrasera pas comme un kamikaze aux prochaines élections, c’est à coup sûr le MR. Dans ce gouvernement, il est bien plus à l’aise que ses partenaires flamands. L’association avec la Suède, un pays exemplaire à de nombreux niveaux politiques, est adoptée. La Suédoise ? Le MR aime bien. En revanche, les libéraux dans leur ensemble raffolent moins du terme qui dominera les négociations au cours des prochains mois : le tax shift, un glissement de la fiscalité du travail vers la consommation, la pollution et le patrimoine. Cette notion avait été avancée avant les élections par le CD&V, mais elle a été reprise par l’ACV [Ndlr : CSC, en néerlandais] quand il s’est avéré que la coalition suédoise ménageait les Belges les plus riches dans sa volonté de réaliser des économies. Le syndicat chrétien espère que le tax shift imposera enfin les grands patrimoines.

Pour Marc Leemans, ce tax shift est une question de justice sociale. Il n’a que faire du fait que le travailleur moyen conserve un net plus élevé, tant que les riches crachent. Ce sont surtout les deux partis libéraux qui sont assez embarrassés par cette vision des choses. Pour eux, le tax shift aurait pu être une idée fédératrice : des charges plus basses pour les entreprises, un net plus élevé pour le travailleur belge. Cependant, l’Open Vld et le MR redoutent à présent que leurs électeurs considèrent ce tax shift comme un tour de passe-passe : ce qui s’ajoutera en net à la fiche de salaire sera déboursé automatiquement pour de nouvelles taxes et accises. Une taxe sur les actions lucratives ? Sur les revenus locatifs ? Le plein d’essence payé dix euros de plus ? Chaque achat taxé à 22 % de TVA plutôt qu’à 21 % ? L’électeur libéral fait son compte et ne se contente pas d’un statu quo. Aucun pays d’Europe (même pas la Suède) ne taxe plus les salaires que la Belgique. Ne pourrait-on pas réduire un peu ces impôts, même en période d’austérité budgétaire et de besoins sociaux élevés ?

Enfin, si vous avez un moment pour trouver un nom plus sympathique et agréable que ce banal « tax shift », ne vous gênez surtout pas et faites-le savoir au gouvernement Michel. Qui sait, peut-être ont-ils encore un million de de trop qu’ils utiliseront pour récompenser votre inventivité.

 

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