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Élections communales : quand l’idéologie cède la place à la stratégie
10·03·23

Élections communales : quand l’idéologie cède la place à la stratégie

Bart Eeckhout est le rédacteur en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo de Arnaud Jaegers sur Unsplash

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Aux prochaines élections communales, les libéraux de l’Open Vld comptent faire liste commune avec les socialistes de Vooruit. Cette nouvelle n’est pas dénuée d’importance, et pas seulement pour les Gantois. La décision, qui constitue un précédent, revêt une valeur symbolique pour le reste de la Flandre.

Dans un premier temps, la situation gantoise illustre un déplacement de la gauche : la liste commune entre l’Open Vld et Vooruit signifie logiquement la fin annoncée de la collaboration entre Vooruit et Groen dans la ville. Cet éloignement entre rouges et verts se produit partout. Il est donc moins la conséquence d’une manœuvre tactique que d’une réorientation idéologique de Vooruit (surtout), qui préfère lorgner le centre plutôt que de jouer une partie de bras de fer avec d’autres partis de gauche.

Cette évolution ne manquera pas de frustrer certains progressistes, dans la ville d’Artevelde comme ailleurs. Et il y a de quoi, car la fin du tandem rouge-vert à Gand signifie la sortie éventuelle de Groen du collège de la ville, tandis que la N-VA se présentera comme un nouveau partenaire. Il en résulterait alors en définitive des pouvoirs locaux moins progressistes.

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D’autre part, la scission permet justement de fournir aux électeurs progressistes davantage de choix et d’agrandir le vivier d’électeurs potentiels, car l’alternative – rouges et verts qui s’entêtent à cohabiter dans une union malheureuse – n’a pas grand-chose de séduisant.

La liste bleu-rouge est révélatrice à un autre égard : si l’Open Vld et Vooruit prennent la route ensemble, ce n’est pas parce que leurs idées s’avèrent particulièrement compatibles, mais bien parce que ces partis veulent garder le pouvoir. Les nouvelles règles du jeu électoral local donnent un sérieux avantage à la liste qui sort gagnante des urnes : elle est la première à pouvoir tenter de former une coalition et c’est elle qui fournit le bourgmestre. Ce n’est pas pour rien qu’en de nombreux endroits, des candidats-bourgmestres confectionnent des listes collectives afin de devenir les plus grands et de conquérir le pouvoir.

« Dans certaines communes, les partis auront tellement morcelé le pouvoir qu’il ne restera à l’électeur quasiment plus rien à choisir. »

Les partisans de ces nouvelles règles les justifient par le besoin de transparence de l’offre électorale. Les alliances, listes communes et autres cartels remplaceront les obscurs préaccords d’antan. Ce n’est pas tout à fait juste pour autant. Le résultat de la nouvelle situation, c’est surtout que l’électeur disposera d’un choix restreint, étant donné que les leaders des partis auront déjà choisi à leur place.

Derrière ces nouvelles alliances partisanes se cache, comme à Gand, une logique économique : les économies d’échelle sont censées améliorer l’efficacité. Mais ce qui est vrai pour une entreprise ne l’est pas pour la démocratie. Dans certaines communes, les partis auront tellement morcelé le pouvoir qu’il ne restera à l’électeur quasiment plus rien à choisir. Et si l’on tient compte également de la déplorable fin de l’obligation de vote aux élections communales, la démocratie locale sera frappée d’une lourde dévaluation.

Le bourgmestre et son collège représentent les institutions qui, traditionnellement, suscitent le plus la confiance du citoyen. C’est donc une bonne raison de plus de ne pas jouer avec nos droits démocratiques locaux. Lorsque quelque chose fonctionne bien, les politiques doivent réprimer leur envie de tout vouloir réparer.

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