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Comment les médias ont-ils traité « l’affaire Conner Rousseau »? Quelques leçons à tirer…
08·09·23

Comment les médias ont-ils traité « l’affaire Conner Rousseau »? Quelques leçons à tirer…

Kris Vanmarsenille est la rédactrice en chef du quotidien Gazet Van Antwerpen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

BELGA (HATIM KAGHAT)

Si quelqu’un a attiré sur lui toute l’attention médiatique, mardi, c’est bien le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. C’est peut-être pour ça que le classement sans suite de la troisième plainte déposée contre le président du parti Vooruit, Conner Rousseau, n’a guère trouvé d’échos dans la plupart des médias. L’affaire Rousseau est désormais close. Mais elle reste interpellante.

Les seuls quotidiens à avoir publié la nouvelle en première page sont le Gazet van Antwerpen et Het Laatste Nieuws ; tous les autres se sont contentés d’un bref entrefilet en pages intérieures. En juin, les choses étaient très différentes. À l’époque, toute la presse quotidienne consacrait plusieurs pages aux deux signalements et à la plainte déposés contre Conner Rousseau à propos de comportements décrits comme indésirables. Était-ce bien nécessaire ? Déjà, à l’époque, notre rédaction se posait cette question. Et elle se la pose à nouveau, maintenant que l’affaire semble ne donner lieu à aucune suite juridique.

La manière dont les grands médias ont traité l’information en juin est très facile à expliquer. À plusieurs reprises déjà, le site satirique d’extrême droite « t Scheldt avait accusé Conner Rousseau de faits nettement plus répréhensibles que des « attitudes déplacées ». Depuis plusieurs jours déjà, les réseaux sociaux déversaient à son sujet des tombereaux de boue. La presse quotidienne n’en parlait pas — jusqu’au jour où il a lui-même fait son coming-out par vidéo, expliquant qu’il se sentait comme du « gibier traqué » (opgejaagd wild), avant de se refuser à répondre aux questions relatives au contenu de la vidéo et au choix du moment de sa diffusion.

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La plupart des rédactions ont alors décidé d’expliquer à leurs lecteurs ce que pouvait signifier cette expression de « gibier traqué » : elles ont évoqué les rumeurs et exposé correctement les faits, à savoir deux signalements, dont l’un déjà classé sans suite. En revanche, pas un mot sur les accusations lancées à la volée sur les réseaux sociaux.

Aurions-nous dû nous taire jusqu’à ce que toutes les plaintes aient fait l’objet d’une enquête ? Nous y avons pensé, bien sûr. Mais peut-on taire des informations relatives à un homme politique si connu, qui sollicite lui-même les médias avec sa vidéo ? Les lecteurs ne nous en voudraient-ils pas s’il s’avérait ensuite qu’il y avait bien anguille sous roche ? Et ne nous incombe-t-il pas, en tant qu’organe de presse critique, d’ajouter une note critique à cette vidéo, publiée au moment même où Conner Rousseau subit les foudres des réseaux sociaux ?

« À l’avenir, allons-nous publier chaque dénonciation faite aux autorités judiciaires, par n’importe qui, contre n’importe quel personnage politique ? Sans savoir si elle est fondée ? »

Toutes ces questions, nous nous les sommes posées. Et aussi celle-ci : à l’avenir, allons-nous publier chaque dénonciation faite aux autorités judiciaires, par n’importe qui, contre n’importe quel personnage politique ? Sans savoir si elle est fondée ? L’affaire Rousseau montre malheureusement à quel point discréditer quelqu’un par de telles accusations est chose facile.

Il est à craindre que d’autres cas similaires surgissent dans les semaines et les mois à venir. Vraisemblablement, le parti Vooruit aura pris conscience que la communication de Conner Rousseau était inadéquate. De notre côté, nous avons appris qu’un débat sur ce qui mérite d’être publié — ou non — n’est jamais perdu.

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