Deux morts, un blessé et un meurtrier décédé. C’est le bilan de l’attaque terroriste perpétrée lundi soir au centre de Bruxelles, où un Tunisien radicalisé a tué par balles deux supporters suédois et blessé une troisième personne. Après une nuit de chasse à l’homme, l’auteur a été abattu par la police hier matin dans un café schaerbeekois. L’enquête devrait permettre de découvrir si l’attentat a un lien avec le conflit à Gaza et/ou avec les autodafés de corans en Suède.
Comme toujours lors d’attentats terroristes, la sérénité, l’incrédulité et la compassion cèdent rapidement la place aux questions pertinentes. Et c’est encore le cas cette fois-ci. Comment se fait-il qu’un illégal radicalisé et signalé puisse tuer à Bruxelles deux fans de football innocents avec une arme de guerre ? Comment se fait-il que quelqu’un puisse rester ici et échapper à toute surveillance pendant trois ans après avoir été débouté de sa demande d’asile ? Comment se fait-il qu’un homme connu pour trafic d’êtres humains et menaces à la sécurité de l’État ne figure pas sur les listes de terroristes potentiels de l’OCAM ? Ces questions, comme celle des responsabilités de chacun, suscitent une certaine nervosité dans les milieux politiques bruxellois.
Dans notre société de l’immédiateté, il n’est pas rare que les enquêtes et les réponses étayées doivent plier l’échine face à la partialité et aux réactions à l’emporte-pièce. « Il n’est pas normal que le terroriste soit en liberté, alors que l’on savait très bien qu’il était radicalisé », a déclaré le Premier ministre suédois, à juste titre. Son reproche légitime n’a rien de comparable aux propos de la N-VA et du Vlaams Belang, dans l’opposition au fédéral. Sur X, les nationalistes flamands se sont livrés à une escalade de critiques sur le laxisme de la coalition Vivaldi en matière d’expulsions. Ainsi, Tom van Grieken a jugé qu’il fallait « subir ou rendre les coups ».
« Que les politiques récupèrent immédiatement des actes de terrorisme dans leur communication pour en tirer un bénéfice politique, c’est dégoûtant. »
Axel Ronse, député flamand N-VA, a tenté de surpasser le président du VB en déclarant qu’il fallait désormais « repérer en masse tous les radicalisés connus, leur retirer la nationalité, les expulser ou les enfermer. » Il y a de quoi se demander pourquoi Jan Jambon, son camarade de parti, n’avait pas agi de la sorte après les attentats du 22 mars 2016 lorsqu’il était lui-même ministre de l’Intérieur. Dans un pays où l’on estime le nombre d’illégaux à 150 000 et celui des expulsions à 25 000 par an, cette rhétorique bon marché relève davantage du simple opportunisme que du réalisme.
Que les politiques condamnent ouvertement les actes de terrorisme et manifestent leur compassion, c’est humain. Qu’ils récupèrent immédiatement des actes de terrorisme dans leur communication pour en tirer un bénéfice politique, c’est dégoûtant. Mais pour certains, la pêche aux voix revêt tellement plus d’importance que l’intégrité. Comment s’étonner, dès lors, que les gens votent pour ces partis extrémistes ou se détournent de la politique ?
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