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Non, le canon flamand n’est pas un projet innocent qui vise seulement à informer et à divertir
11·05·23

Non, le canon flamand n’est pas un projet innocent qui vise seulement à informer et à divertir

Timmie van Diepen est journaliste pour le quotidien régional Het Belang van Limburg.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

NICOLAS MAETERLINCK (BELGA)

Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Après avoir fait l’objet de polémiques pendant des années, le canon flamand est achevé. Et il faut bien l’admettre : malgré les critiques (ou grâce à elles ?), le résultat vaut la peine d’être vu. Plus encore que le livre, le site web www.canonvanvlaanderen.be présente en 60 thèmes ou « fenêtres », un aperçu de l’histoire et de la culture de la Flandre. Pour délimiter ces fenêtres, les scientifiques et les experts, sous la direction du professeur Emmanuel Gerard, ont su sortir des sentiers battus et emprunter aussi certains chemins surprenants. De la culture festivalière à l’urbanisme linéaire, en passant par le développement de la pilule contraceptive : chaque thème est parfaitement cadré dans un récit plus large.

Le canon est donc très loin d’être devenu la bible d’histoire nationaliste flamande que craignaient certains. Serait-il au-dessus de toute critique ? Non, bien sûr. « Canoniser » l’histoire, cela peut s’avérer utile quand on veut offrir des repères aux élèves ou à des primo-arrivants, mais cela crée nécessairement des contraintes. Pourquoi évoquer Hugo Claus mais pas Paul van Ostaijen ? Pourquoi s’abstenir d’aborder les conséquences de la Seconde Guerre mondiale et de la collaboration, dont l’impact sur la construction de la nation flamande a été considérable ? Choisir, c’est renoncer – et bien entendu, aucun canon ne pourra jamais être exhaustif.

Il y a cependant un risque : que la délimitation finisse par se muer en exclusion. C’est d’ailleurs le cas de l’histoire du Limbourg, que le canon n’aborde qu’à peine. Pourtant, avant 1830, cette province flamande n’avait guère de liens avec la Flandre. Ce point d’histoire très particulier propre au Comté de Looz (qui coïncide quasiment avec l’actuelle province de Limbourg – Ndt) et à la principauté de Liège n’est qu’à peine effleurée.

« Le canon est très loin d’être devenu la bible d’histoire nationaliste flamande. »

Le gouvernement flamand prétend encourager le débat sur le contenu – ce qui est une bonne chose – mais en réalité, ces questions de contenu sont secondaires, par rapport à une autre critique, plus importante. En matière de canon, ce n’est pas tant dans le contenu que se cache le risque (c’est bien plus subtil que cela) – c’est dans le projet politique qui le sous-tend. Contrairement aux Pays-Bas, où c’est de la base qu’est venu le projet d’élaboration du canon, en Flandre, il s’agit d’une commande du gouvernement flamand. La N-VA avait mis ce projet sur la table lors de la formation du gouvernement en 2019.

Rien que par son nom, le canon était censé renforcer l’idée que l’histoire de la Flandre est unique. C’était également le cas pour la série télévisée intitulée Het verhaal van Vlaanderen (l’Histoire de la Flandre). Il s’agit là de petites graines censées, à terme, renforcer dans l’esprit du peuple flamand l’adhésion à l’idée d’indépendance. On peut être pour ou on peut être contre, mais présenter le canon comme un projet innocent, visant à informer notre société et à la divertir, c’est altérer la vérité. Quiconque utilisera le canon en gardant cela à l’esprit pourra considérablement s’amuser.

Une société qui aspire à accroître sa conscience historique ne peut qu’en tirer profit.

Dring Dring #4 : le canon flamand, c’est quoi ?

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