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L’étude choc sur la pollution au PFOS à Zwijndrecht : la santé des adolescents en péril
26·04·23

L’étude choc sur la pollution au PFOS à Zwijndrecht : la santé des adolescents en péril

Karel Verhoeven est le rédacteur en chef du quotidien De Standaard.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo de Francisco Gonzalez sur Unsplash

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Le plus gros scandale de la dernière décennie en matière de pollution chimique, à savoir celle du PFOS sur le site de l’ancienne usine 3M à Zwijndrecht, n’a pas ému l’opinion publique outre mesure. Nous avons accordé plus d’importance à la question des responsabilités politiques qu’à celle des dégâts engendrés par le PFOS.

L’ampleur des dégâts est toujours restée assez théorique, malgré les valeurs extrêmes mesurées dans le sang des riverains. Nous avons toujours trouvé de bonnes raisons de relativiser. Cette affaire n’était de toute façon pas aussi grave que dans Dark Waters, ce film de 2019 retraçant l’histoire d’une usine de Virginie ayant causé la mort de plusieurs vaches et 3 500 cas de cancer, que le géant de la chimie Dupont n’a accepté de dédommager financièrement qu’après une âpre et éreintante bataille juridique.

Ce qui illustre le mieux le laxisme des autorités, c’est qu’il ait fallu attendre aujourd’hui pour que soient publiés les résultats d’une vaste étude auprès de jeunes qui ont grandi dans un rayon de cinq kilomètres autour de l’usine. Cinq kilomètres, ce n’est pas rien. Il s’agit, de surcroît, d’adolescents de 12,5 à 17 ans, donc nés de nombreuses années après 2002, année qui a marqué la fin de la production de PFOS à Zwijndrecht. Les mesures enregistrées chez trois quarts de ces jeunes sont inquiétantes.

Chez un quart d’entre eux, les valeurs s’avèrent si élevées que les effets négatifs sur la santé sont perceptibles. En d’autres termes : certains adolescents de Zwijndrecht grandissent plus lentement, ils mesurent de 1,3 à 1,7 centimètre de moins que la moyenne, leur puberté arrive plus tard, leur taux d’hormones sexuelles est perturbé, ils courent davantage de risques d’infections en raison d’un système immunitaire plus faible. Ces résultats n’ont rien de théorique, ce sont des conséquences de la pollution (dans le jargon : « un indice clair d’association »). Les corps des adolescents sont les archives de la pollution par 3M, l’usine autour de laquelle ont été mesurées les valeurs de PFOS les plus élevées du monde.

« Certains experts de l’environnement ont qualifié leur attitude de « criminelle ». »

Voilà qui nous ramène au péché originel de cette pollution. Un géant de la chimie conscient, depuis les années 1960, des dangers du PFOS pour l’humain et pour l’environnement, mais qui continue à produire, mais aussi à déverser des substances chimiques absolument inaltérables. Des autorités politiques qui s’abstiennent d’élaborer et de faire respecter des normes adéquates. Puis qui définissent un tracé pour un tunnel dans la zone concentrant la plus forte pollution, qui creuse le sol pour entasser tous les décombres à l’air libre. Certains experts de l’environnement ont qualifié leur attitude de « criminelle ».

L’étude le confirme : les adolescents touchés sont encouragés à ne pas dégrader leur situation pour le reste de leur vie. À vivre sainement. À ne pas fumer, à bouger suffisamment, à ne pas manger d’œufs pondus dans leur propre jardin. Dans le quartier résidentiel qui entoure l’usine, les sols ont été assainis. Mais les corps, eux, ne le seront jamais.
« En peu de temps, la Flandre est devenue la région du monde où se sont développées le plus de connaissances sur le PFAS », se réjouit l’exécutif flamand dans le rapport final de son chargé d’étude. Il reste donc à apprendre à vivre avec les conséquences, dans l’espoir que cela dure le plus longtemps possible.

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