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Les politiques doivent-ils souhaiter un bon ramadan aux musulmans?
05·04·22

Les politiques doivent-ils souhaiter un bon ramadan aux musulmans?

Ancien consultant en communication pour différents partis politiques, Noël Slangen est chroniqueur politique pour le quotidien Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Rauf Alvi on Unsplash

Noel Slangen
Auteur
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Avant même que le ramadan ne secoue certains quartiers de Bruxelles, les réseaux sociaux sont agités de quelques remous parce que des responsables politiques se permettent de souhaiter un bon ramadan à une partie de la population.

Les esprits les plus échauffés y voient l’œuvre du « grand remplacement », tandis que d’autres, se découvrant soudain une profonde piété, se demandent pourquoi le début du carême n’a pas donné lieu à ce genre d’encouragements. Serait-ce parce que les catholiques n’attendent pas du monde politique qu’il les soutienne aux premiers jours du jeûne chrétien ?

« Souhaiter un bon ramadan équivaut donc, peu ou prou, à féliciter Mathieu van der Poel après une course »

Pour les responsables politiques, le fait de souhaiter un bon et paisible ramadan n’a, en effet, rien à voir avec la piété ou la foi : c’est une façon de dire aux musulmans qu’ils font partie de la communauté nationale, que les autorités s’intéressent à eux et les respectent. Pour les politiques, souhaiter un bon ramadan équivaut donc, peu ou prou, à féliciter Mathieu van der Poel après une course ou à encourager tel candidat de l’émission de téléréalité Bake Off Vlaanderen.

Le ramadan à Bruxelles, entre tensions et miracles

On peut toutefois se demander s’il est opportun, après avoir érigé des barrières entre la foi et la politique, que la politique recommence à se mêler de religion. Les exemples de pays dans lesquels l’Église et l’État s’enchevêtrent à nouveau ne manquent pas, et l’on observe que les libertés y sont mises à mal.

Dans notre paysage politique, les évêques catholiques n’ont certes plus voix au chapitre depuis bien longtemps, mais les cénacles du pouvoir qui ont fleuri sur l’humus de l’église conservent néanmoins un rôle de premier plan, spécialement lorsque des intérêts financiers ou autres sont en jeu.

Le président Joe Biden a, lui aussi, présenté ses bons vœux aux musulmans pour le mois de ramadan — allant même jusqu’à citer le Coran. Mais aux États-Unis, la foi occupe, dans la vie quotidienne, une place bien plus centrale qu’en Europe. Autre différence : les paroles de Joe Biden ne s’adressaient pas uniquement aux musulmans américains, mais aussi à ceux du monde entier.

Un contraste saisissant avec les propos de Bart Somers, qui n’a évoqué que les « musulmans flamands », ce qui lui a d’ailleurs valu une pluie de critiques. Par ailleurs, le président américain n’a pas manqué d’attacher un message politique clair à ses bons vœux en apportant son soutien aux Ouïghours réprimés en Chine et aux Rohingyas persécutés par le régime du Myanmar.

Si nos responsables politiques souhaitent réellement montrer leur respect pour les musulmans et les autres non-catholiques, ils peuvent commencer par leur permettre d’échanger les jours fériés chrétiens contre d’autres fêtes — voire, pourquoi pas, contre le lancement de la « fashion week », pour ceux qui y attachent plus d’importance qu’à l’Assomption de Marie.

Le ramadan crée des divisions sur le lieu de travail

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