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Les médias doivent-ils cesser d’organiser des sondages ?
16·03·23

Les médias doivent-ils cesser d’organiser des sondages ?

Isolde Van den Eynde est éditorialiste pour le quotidien Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Image par Andreas Breitling de Pixabay

Ce n’est jamais qu’un sondage…Voilà une déclaration que l’ancien président du CD&V Joachim Coens se gardera bien d’encore faire, lui qui a été forcé de démissionner après que le parti dont il tenait les rênes se fut effondré dans un sondage réalisé par la VRT et De Standaard. Aujourd’hui, pourtant, on va encore un pas plus loin du côté du 16, rue de la Loi, comme on vous l’explique dans ce journal. Les partis ne se contentent plus de réagir après le sondage, mais jouent la carte de l’anticipation lorsqu’ils pensent qu’un panel citoyen sera interrogé. Désormais, la simple éventualité qu’un sondage soit réalisé rend les hommes et les femmes politiques de ce pays aussi nerveux que les résultats eux-mêmes d’une telle enquête !

Dans ce contexte, le président de la N-VA Bart De Wever agit tel un pyromane mettant le feu à la rue de la Loi. Votre quotidien préféré n’a pas d’informateurs, mais lorsque le nom de Bart De Wever revient soudain fréquemment sur le devant de la scène  — comme actuellement avec la sortie de son livre sur le wokisme —, c’est le branlebas de combat dans les autres partis, qui revoient à la hausse leur budget consacré à la publicité sur les réseaux sociaux. Objectif : doper le nombre de likes et de followers dans l’espoir de convaincre davantage de personnes dans l’isoloir.

Le fait que le monde politique ait été à ce point obnubilé par un sondage fantôme fait penser à la célèbre allégorie de la grotte de Platon. Des personnes sont enchaînées dans une grotte, dos au monde extérieur, et la seule chose qu’elles voient, ce sont les ombres que le feu projette sur le mur qu’elles regardent. Les politicien·nes confondent ces ombres avec la réalité. Quelques likes en plus sur Facebook et Instagram, de nouveaux followers et une progression de 1 % dans le sondage fantôme suffisent à renforcer le sentiment d’être sur la bonne voie. Ces ombres sont bien évidemment le reflet d’une certaine réalité qui compte, mais nos hommes et femmes politiques font-ils encore la différence l’ombre et la réalité?

« Le sondage est l’un des nombreux instruments dont disposent les médias afin de sentir le cœur battant de la société à un moment précis. »

Les médias doivent-ils pour autant cesser d’organiser des sondages ? S’ils prennent le pouls de la population, ce n’est pas pour faire plaisir aux politicien·nes ou pour les ennuyer, ni pour répondre à une quelconque demande émanant du sérail. Le sondage est l’un des nombreux instruments dont disposent les médias afin de sentir le cœur battant de la société à un moment précis. Un sondage n’est donc jamais qu’un instantané, mais si vous en réalisez régulièrement, vous pouvez percevoir des tendances. Si un parti baisse dans les sondages pendant une législature complète, on peut en conclure que ce n’est pas le fruit du hasard. Qui plus est, dans un système politique qui ne prévoit pas d’élections régulières, le sondage reste le meilleur baromètre du ressenti de notre société.

Il appartient aux journalistes de bien expliquer tout cela et au monde politique d’appréhender intelligemment les sondages. La focalisation excessive sur un sondage fantôme a en effet mis en lumière quelques constatations douloureuses. Comme la hauteur des budgets « publicité » dont disposent les partis ou leur foi inébranlable dans les vertus du court-terme pour convaincre mais aussi, et surtout, leur nombrilisme dans un paysage politique fragmenté et marqué par la virulence des combats entre adversaires.

Les sondages ne décrivent plus la réalité politique, ils la créent

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