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Faillite de la SVB : « les enseignements de la crise bancaire ont été trop vite oubliés »
15·03·23

Faillite de la SVB : « les enseignements de la crise bancaire ont été trop vite oubliés »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Lundi, Joe Biden l’a promis : il faudra que les responsables de la débâcle de la Silicon Valley Bank (SVB) rendent des comptes et que la réglementation bancaire soit renforcée pour éviter qu’un tel gâchis se reproduise. Il réagissait ainsi aux mesures d’urgence prises au cours du week-end par les autorités financières américaines pour contenir la crise suscitée par la faillite de cette banque californienne. Mais pardon ? Demander des comptes aux banquiers ? Renforcer la réglementation bancaire ? N’en aurait-on donc pas fait assez après la crise bancaire mondiale de 2008 ? Si, bien sûr. Dans un premier temps. Mais on semble avoir oublié bien vite les enseignements de cette crise.

Les banquiers, d’abord. Le modèle économique de la SVB était simple. Mais l’ambition de ses dirigeants leur a fait perdre de vue les principes de base d’une saine gestion de risques : ils ont laissé s’installer un énorme décalage entre les actifs et les passifs au bilan, au prix d’un risque de problèmes de liquidité. Problèmes qui se sont effectivement matérialisés, poussant l’institution à la faillite.

Les autorités de régulation bancaire, ensuite – au premier rang desquelles le législateur, à Washington, qui a décidé dès 2018 d’assouplir les exigences de capitaux propres et de liquidité applicables aux banques de taille moyenne.

Enfin, les autorités de supervision, en l’occurrence la Fed (la banque centrale américaine) et le gendarme californien du secteur bancaire. Ces institutions n’ont pas vu que la SVB s’engageait sur une voie dangereuse – en tout cas, ils ont négligé de rappeler la banque à l’ordre suffisamment tôt. C’est embarrassant pour la Fed, dont les décisions de relever les taux d’intérêt expliquent en partie l’accumulation de risques à la SVB.

« Comme l’a promis Joe Biden, la facture ne sera pas présentée au contribuable américain. Mais quid si d’autres banques font faillite ? »

En 2008, on l’avait chanté sur tous les toits : en cas de faillite d’une banque, le gouvernement ne tendra plus de filet de sécurité. C’est ce principe qu’appliquent maintenant les autorités américaines : en effet, les actionnaires et les créanciers obligataires de la Silicon Valley Bank ne bénéficieront d’aucune protection.

Il en ira différemment pour les déposants – au mépris de la règle plafonnant la garantie des dépôts à 250 000 dollars. Les autorités financières américaines et l’administration Biden ont en effet constaté que cette règle, apparemment efficace sur papier, n’est pas tenable dans la pratique. Ni sur le plan économique, ni sur le plan politique. Dans le cas qui nous occupe, elle causerait dans le secteur technologique américain de véritables ravages.

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Tous les épargnants récupéreront donc leur argent. Si les fonds de la banque faillie s’avèrent insuffisants, c’est le fonds de garantie, la FDIC, qui paiera la facture : il dispose de capitaux suffisants pour cela. Comme l’a promis Joe Biden, la facture ne sera pas présentée au contribuable américain.

Mais quid si d’autres banques font faillite ? Que se passera-t-il ? Les réserves risquent de s’épuiser rapidement. Dans ce cas, à quelle porte frapper ? À celle des autres banques ? Ou chez le contribuable, malgré les promesses ? Les déclarations de Joe Biden sur la solidité du système bancaire et sur la sécurité dont bénéficie l’épargne n’ont pas apaisé l’agitation qui touche les autres banques régionales. Au contraire, elles l’ont attisée.

« Comment diable avons-nous pu laisser les choses en arriver là une fois de plus ? »

Peut-être le gouvernement devra-t-il finalement s’engager plus loin encore, relançant inévitablement le débat sur l’opportunité de renflouer les banques avec l’argent du contribuable. Damned if you do, and damned if you don’t.

Et se posera alors la question : après l’expérience de la crise bancaire de 2008, comment diable avons-nous pu laisser les choses en arriver là une fois de plus ?

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