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Affaire Sanda Dia : une justice trop clémente envers les jeunes privilégiés
30·05·23

Affaire Sanda Dia : une justice trop clémente envers les jeunes privilégiés

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

C’en est fait, justice a été rendue. La famille de Sanda Dia a entendu, dans la salle d’audience de la Cour d’appel d’Anvers, prononcer le mot « coupable » — même s’il ne visait qu’un seul des quatre chefs d’accusation. Un peu moins de cinq ans après les faits, les dix-huit membres du cercle étudiant « De Reuzegom » peuvent enfin aller de l’avant. S’il semble que leurs actes ne figureront pas sur l’extrait de leur casier judiciaire, espérons néanmoins que ces jeunes resteront marqués par les paroles de la mère de Sanda Dia : « Assumez vos gestes et faites en sorte d’en sortir grandis ».

Pourtant, le 26 mai 2023 ne restera pas dans les mémoires comme un grand jour pour l’état de droit.

Une reconstitution effectuée au cours de l’instruction a permis d’établir qu’un certain nombre de membres de ce cercle sont passés devant une caméra de surveillance, dans le centre de Louvain, le mercredi 5 décembre 2018 à 10 h 24. Sanda Dia ne tenait déjà plus debout. D.G., une professeure de médecine, a alors interpellé le groupe. « J’ai indiqué que j’allais appeler la police. Ils m’ont assurée que le baptême était presque terminé. Je leur ai dit que quelqu’un devait rester avec lui (Sanda Dia) au cas où il s’endormirait. Ils m’ont formellement promis que ce serait le cas. J’ai alors demandé à l’un des étudiants à quel cercle il appartenait. “Medica”, m’a-t-il répondu. Il a ajouté qu’il était en troisième année et qu’il avait déjà travaillé de jour aux urgences. J’ai répété qu’il était important de bien surveiller le jeune homme et de ne pas le laisser seul. Ils ont à nouveau affirmé que ce serait le cas. »

À ce moment, la bande ne s’était pas encore rendue à Vorselaar et les traitements considérés comme dégradants par la Cour n’avaient même pas commencé. On ne saurait imaginer un cas plus manifeste de non-assistance à personne en danger.

L’affaire Reuzegom donne matière à réflexion à la VUB

L’arrêt de la Cour retient ceci : « La Cour a constaté qu’il n’est fait mention, dans les chefs d’accusation, que de “Vorselaar, le 5 décembre 2018”. Par conséquent, seuls sont poursuivis les faits s’étant déroulés à partir de midi dans l’arrondissement d’Anvers (…). Les faits survenus à Louvain, à savoir l’état de grand danger dans lequel se trouvait Sanda Dia, ne figurent pas dans la réquisition. La Cour ne peut pas se prononcer sur des faits pour lesquels elle n’est pas saisie. »

Si cet argument est évidemment tout à fait juste, il n’en rend pas la conclusion finale moins douloureuse. Quelqu’un, quelque part, a fait une faute de frappe ou une erreur de jugement : une mauvaise date, une heure erronée, un oubli concernant le nom de la commune de Vorselaar. C’est ballot…

À aucun moment ce tribunal ne précise-t-il quel membre du cercle est parvenu, par de fausses promesses, à dissuader madame D.G. de prévenir la police. Sans ces mensonges, Sanda Dia serait encore en vie. Interrogés à ce sujet, les prévenus ont affirmé qu’il ne s’agissait en tout cas pas d’eux et qu’ils ne se rappelaient pas par qui ces propos avaient été prononcés.

Lorsque l’affaire Sanda Dia a éclaté et provoqué l’indignation, en 2020, des militants de Black Lives Matter et des utilisateurs de Twitter avaient laissé entendre que, pour ces jeunes gens-là, la justice ne serait pas rendue comme elle le serait pour d’autres. À l’issue du procès, on ne peut que constater que ces lanceurs d’alerte avaient vu juste.

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