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24·12·18

Le retour des socialistes à Anvers, le virage à 180° de la N-VA

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Splash, Filip Mroz

Auteur⸱e
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

Un revirement à 180 degrés. C’est avec cette métaphore que la N-VA a décrit la main tendue par le Premier ministre Charles Michel aux partis de gauche dans l’espoir de garder son gouvernement minoritaire sur pied quatre mois de plus. Mais si la N-VA évoque ici un virage à 180 degrés, comment qualifier, alors, celui effectué par un Bart De Wever qui s’apprête à diriger pendant six ans la plus grande ville de Flandre avec les socialistes ? Des socialistes, soit dit en passant, qu’il avait chassés avec force et fracas du Schoon Verdiep en 2012, non sans ajouter qu’il ne voulait plus jamais les revoir. Aujourd’hui, les voilà pourtant de retour, plus tôt qu’il n’aurait pu l’imaginer dans ses pires cauchemars.

Durant les six prochaines années, le bourgmestre De Wever travaillera en binôme avec le superéchevin Tom Meeuws. Demain, une fois que l’accord aura été scellé, les deux hommes ne manqueront pas de fraterniser joyeusement devant les caméras. Et dire qu’hier encore, ils disaient l’un de l’autre pis que pendre, s’affublant de qualificatifs tels que « menteur » et « tricheur », « corrompu » et « individu méprisable », la bave aux lèvres et les yeux humides. Mais aujourd’hui, tout est pardonné. On pourrait qualifier cela de beau geste de réconciliation, parler d’esprits non figés dans l’immobilisme ou même évoquer des personnalités ayant le sens des responsabilités. Mais pourquoi le ferions-nous, alors que l’on peut tout aussi bien évoquer, de part et d’autre, une trahison de son électorat ? Si Bart De Wever s’est bien permis d’utiliser une formule méprisante comme « coalition Marrakech » pour désigner ce qui restait du gouvernement Michel après le départ de la N-VA, pourquoi ne pourrions-nous pas traiter son conseil communal de coalition Land Invest ?

C’est à un rédacteur du CD&V que l’on doit ce nom de coalition Land Invest, qui traduit un mélange de délectation cruelle, d’incompréhension et de frustration. Une frustration qui était palpable hier au sein des autres partis, du PVDA de Peter Mertens au Vlaams Belang de Filip Dewinter. Une frustration légitime, également, et l’homme fort d’Anvers aura fort à faire au cours des prochains jours, semaines et mois pour faire taire les mauvaises langues, qui ne manqueront pas de lui lancer des flèches et de lui reprocher son inconséquence. Mais De Wever sait également que le temps fera son œuvre et que les gens finissent par s’habituer à tout, même à l’idée d’une coalition avec ces maudits socialistes ! Et puis, surtout, De Wever sait qu’elle peut fonctionner, cette coalition. Car c’est lui, et personne d’autre, qui continuera de tirer les ficelles politiques à Anvers.

Après les élections du 14 octobre, les socialistes ne représentent en effet plus grand-chose sur l’échiquier politique local : à Anvers, le s.pa a en effet récolté trois fois moins de voix que la N-VA. Et les socialistes ont même décroché quatre fois moins de sièges que les nationalistes ! Dans ce contexte, il ne faut donc pas s’attendre à ce que le nouvel accord de majorité contienne de grands axes de rupture par rapport au précédent. En matière de politique sociale, de mobilité et de « vivre ensemble » entre les différentes communautés vivant à Anvers, il ne faut guère s’attendre à ce que les lignes bougent. Le s.pa distillera bien çà et là quelques touches rouges mais cela restera du pointillisme, tant le jaune restera la couleur dominante du tableau. Même pas un petit trophée à brandir devant ses électeurs ? Cela serait surprenant. Dans beaucoup de domaines, les socialistes sont à mi-chemin entre la N-VA et Groen. L’interdiction du foulard islamique, par exemple, n’est pas un thème qui émeut outre mesure le sp.a. Et puis, de toute façon, un parti qui est sur la défensive partout en Flandre peut difficilement se permettre d’avoir des exigences, y compris lors de négociations locales. Ce qui compte surtout, c’est d’être de retour aux affaires. Et d’éviter ainsi douze longues années de cure d’opposition.

Faire partie de la nouvelle équipe dirigeante, c’est également l’essentiel pour le troisième partenaire de cette coalition dite Land Invest. La présence de l’Open Vld au sein du conseil anversois est superflue d’un point de vue arithmétique mais importante d’un point de vue symbolique, surtout dans l’optique de la formation du gouvernement flamand après le 26 mai 2019. Vous noterez, par ailleurs, qu’il n’y a pas que dans le fief du bourgmestre et président de parti Bart De Wever que la coalition se pare de jaune, de rouge et de bleu.  On retrouve la même alliance à Aarschot, la ville de Gwendolyn Rutten, qui est elle aussi présidente de son parti. Au CD&V, tous les voyants sont à…l’orange !

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