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19·04·19

La Flandre compte davantage de mauvais payeurs que la Wallonie

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) TheDigitalWay via Pixabay

Auteur⸱e
Traducteur⸱trice Benoit Robert

Selon le bureau de recouvrement Intrum, la Flandre compte davantage de mauvais payeurs que la Wallonie. Un constat qui ne reflète que partiellement les statistiques de la pauvreté. « Les retards de paiement ne sont pas uniquement liés à la pauvreté. Le Belge n’est pas toujours très à cheval sur le règlement de ses factures. »

Au cours des quatre dernières années, près d’un ménage flamand sur dix a réglé une facture avec retard. C’est le résultat du calcul effectué par le bureau de recouvrement de créances Intrum sur la base de plus de quatre millions de dossiers depuis 2015. Fait marquant : le taux de mauvais payeurs est moins élevé en Wallonie. Alors que la part de ménages wallons ayant connu des problèmes de paiement s’est chiffrée à 0,62 sur 10, cette proportion s’est élevée à 0,79 en Flandre.

Les problèmes se concentrent dans les centres urbains et leur périphérie. Ainsi, au cours des quatre dernières années, le bureau de recouvrement a délivré une injonction de paiement à près du quart des ménages habitant Vilvorde (2,37 sur 10). Des chiffres comparables ont été observés dans la commune voisine de Machelen. La proportion de mauvais payeurs est dès lors plus élevée dans ces communes qu’à Molenbeek et Saint-Josse-ten-Noode, les communes bruxelloises les plus pauvres, qui affichent respectivement un score de 0,95 et 1,26 sur 10. À Gand et à Anvers aussi, les problèmes prennent plus d’ampleur en bordure de la ville.

Peter Heirman, porte-parole de Netwerk tegen Armoede, réseau actif contre la pauvreté, explique que les régions de Flandre où on observe des problèmes de défaut de paiement correspondent aux zones à plus bas revenus. « La hausse des coûts du logement pousse souvent les gens vers la périphérie mais, s’ils y rencontrent des difficultés financières, il est alors plus compliqué pour eux de demander de l’aide. » Heirman pointe entre autres du doigt un accès restreint aux canaux de renégociation des dettes lorsqu’on vit en dehors des centres urbains.

Si les variations au sein du territoire flamand semblent explicables, la différence avec la Wallonie est saisissante dans la mesure où le taux de pauvreté en Flandre demeure inférieur à la moyenne nationale. Guy Van Mullem, porte-parole d’Intrum, souhaite nuancer le propos. « Les retards de paiement ne sont pas uniquement liés à la pauvreté. Certes, des personnes se trouvent réellement dans l’incapacité de payer, mais une facture en souffrance est parfois simplement le reflet d’une négligence ou d’une mauvaise volonté manifeste. Nous constatons que la probité en matière de paiements est en perte de vitesse : le Belge n’est pas toujours très à cheval sur le règlement de ses factures. »

Son bureau de recouvrement travaille principalement pour le secteur des télécoms, le monde bancaire et des hôpitaux, et est amené à traiter des soldes de carte de crédit impayés ou des achats à tempérament.

Facture d’énergie en hausse

Les chiffres fournis par l’Association Belge des sociétés de Recouvrement de créances (ABR), à laquelle Intrum n’est pas affilié, livrent cependant une autre image : environ 60 pour cent des dossiers traités par ses membres sont francophones. Une explication pourrait venir du fait que les bureaux membres de l’ABR sont plus souvent sollicités pour des recouvrements de factures d’énergie. Heirman constate en effet une incidence directe de la hausse des prix énergétiques sur l’endettement. « De façon générale, les gens s’endettent surtout pour des besoins primaires comme l’électricité, l’eau, le loyer et les frais scolaires. »

Si le secteur de l’énergie fait de plus en plus appel aux sociétés de recouvrement pour percevoir des factures impayées, celles-ci sont également sollicitées par des entreprises publiques telles que De Lijn et la SNCB ainsi que par l’administration fiscale. Elles font aussi l’objet de critiques, car les frais de recouvrement risquent facilement d’exploser. Comme le précise Heirman, on peut tomber dans une spirale dont il est très difficile de sortir. Au bout du compte, on finit surtout par payer les frais de recouvrement plutôt que la dette initiale.

Le réseau contre la pauvreté plaide pour un plafonnement des frais que les sociétés de recouvrement peuvent porter en compte. « La situation actuelle ne bénéficie ni au débiteur, ni au créancier, puisque ce dernier ne reverra plus son argent en raison de l’accumulation des frais. Nous attendons toujours une législation qui réglementera le secteur de l’endettement. »

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