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04·01·17

Des Flamands ont dansé à la gloire des morts d’Istanbul

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Comme des musulmans ont dansé après les attentats du 22 mars, certains racistes de Flandre se sont réjouis ouvertement de la mort de Belges d’origine turque ou marocaine.

Un peu de compréhension. Un peu d’empathie pour son chagrin. C’est tout ce qu’avait demandé celui qui a enterré ce mercredi à Houthalen son fils décédé lors de l’attentat du Premier de l’an à Istanbul. Je ne crois pas qu’un homme puisse être plus digne dans le deuil que le père de Kerim Akyil. Confronté à des racistes, qui se sont délectés sur Facebook de la mort de son fils, il a gardé sa sérénité, dans un acte presque surhumain.

« Ce sont de pauvres gens, ces racistes », avait-il simplement commenté. Il a amplement raison. « Ces gens ne savent pas ce qu’ils disent », avait-il aussi ajouté. Mais cette fois, il se trompe. La Flandre compte bel et bien des racistes convaincus, même en petit nombre, dont nous ne devons pas solliciter la compréhension. Pas plus que nous ne devons essayer de les comprendre. Le racisme n’est pas une opinion. Le racisme est un crime. Et ceux qui s’en rendent coupables doivent être poursuivis et condamnés, de façon plus systématique qu’ils ne le sont aujourd’hui. Que ce soit à un comptoir, dans la tribune d’un stade de foot ou sur les réseaux sociaux, comme après l’attentat d’Istanbul. Cela ne change rien. Sauf évidemment si nous ne voulons plus de la tolérance zéro que nous avons tant réclamée…

Après les attaques du 22 mars, Jan Jambon avait vu « beaucoup de musulmans danser dans la rue ». Il était ensuite revenu sur sa déclaration, mais tout le monde avait compris le message et tout le monde était d’accord : un nombre non négligeable de musulmans éprouvent, si pas de la sympathie, au moins un peu de compréhension pour les barbaries perpétrées par l’État islamique au nom de la religion. Il en va de même pour certains Flamands autochtones à la mort d’un allochtone : que ce soit un jeune homme d’origine turque le 1er janvier ou un ado marocain l’an dernier lors d’un accident de quad. Sont-ils si nombreux, ces gens qui s’enchantent publiquement de la souffrance des « autres » ? Non, mais ils sont en nombre significatif. Ces extrémistes ne méritent aucune excuse, qu’ils dansent à Molenbeek, à Forest ou sur Facebook. Ils ne méritent qu’une chose : des sanctions.

Qui sont-ils, ces racistes ? Ils se prénomment Nicolaas (« Et un Turc en moins, un ! »), Franky (« je souhaite le plus de morts possible », Franske (« J’espère que ce n’est qu’un début »), Noël (« 39 : bon débarras). Ou encore Philippe, Pascal, Eddy, Tom ou Mieke. Nous ne pouvons que les féliciter, autant qu’ils sont, pour leurs commentaires aussi répugnants les uns que les autres. Faites qu’un juge les interpelle rapidement, par leur nom de famille cette fois. Et pour anticiper : non, une telle attitude n’a rien à voir avec la liberté d’expression. Ce n’est même pas une question de mauvais goût. C’est répréhensible, point final. Le ministre Jambon a indiqué que ces commentaires étaient en tous points abjects. Cette réaction l’honore. Elle lui coûtera moins de voix qu’elle ne lui en rapportera, car même pour la Flandre de droite – celle de la N-VA – l’infamie a ses limites, tout comme le fondamentalisme a ses limites pour les musulmans de Flandre et d’ailleurs. On ne danse pas à la gloire des morts.

La N-VA est le parti qui a, par l’entremise de Liesbeth Homans, qualifié le racisme de relatif. À l’instar de Jambon, Homans a été rappelée à l’ordre pour des propos qu’elle n’avait pas tenus. Elle avait naturellement raison : le racisme est trop facilement invoqué comme excuse ou comme alibi pour justifier les manquements d’une personne, indépendamment de sa race ou de son origine. Mais l’affirmation ne peut se défendre de façon crédible que lorsqu’un réel combat est engagé en parallèle contre le racisme véritable, indéniable. Ce n’est qu’à ce moment que vous pouvez prouver vos bonnes intentions. Les déchets de la société flamande qui se délectent de la mort d’un Belge d’origine turque doivent être punis. Tout le monde, sans exception, doit s’accorder sur ce point. N’est-ce pas, monsieur Tom Van Grieken* ?

*Actuel président du Vlaams Belang, connu pour ses positions radicales à l’égard des étrangers, ndt

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