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Le rail sur une voie de garage
30·11·22

Le rail sur une voie de garage

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

VIRGINIE LEFOUR (BELGA)

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Si les cheminots, par leur grève, visent à une amélioration de la SNCB, ils ont raison. Le problème, c’est que toute tentative en ce sens a été bloquée dans le passé.

Le grand avantage d’une grève des trains, c’est qu’on sait à l’avance quand un train ne circule pas. Quant au service minimum, c’est ce qu’offre la SNCB les jours sans grève. Il y a de quoi rire jaune. Car les voyageurs, eux, prennent racine sur le quai. Viendra ? Viendra pas ? Lorsqu’un train arrive avec dix minutes de retard, on dit de lui qu’il est à l’heure. La SNCB s’égare.

Les trains tombent plus souvent en panne. Ceci s’explique par des retards dans la commande de nouvelles machines, ce qui force notre compagnie ferroviaire à mettre en circulation de vieux trains demandant davantage d’entretien. Une fois en panne, le train, devenu inutilisable, est remplacé par un plus petit, ce qui contraint les navetteurs à s’entasser comme du bétail pour se rendre de Bruxelles à Gand. Ces derniers évacuent leur frustration sur le seul personnel visible, à savoir les accompagnateurs de trains, qui en ont ras-le-képi. La pénurie sur le marché du travail n’arrange pas les affaires du rail, malgré le statut spécial dont jouissent les contrôleurs. Conséquence : plus d’arrêts maladie, et donc moins de trains qui roulent. Comment, dans de telles circonstances, espérer séduire de nouveaux voyageurs ?

Une grève générale? Pas maintenant, chers syndicats, pas maintenant ! 

Juste pour dire : si c’est contre tout ceci que les syndicats font grève, ils ont raison. S’ils visent à rendre leur société plus efficace, ils ont raison. Le problème, c’est que toute tentative en ce sens fut bloquée dans le passé. Notamment par les syndicats. La fermeture des guichets et la numérisation pour consacrer davantage de personnel à d’autres tâches ? Scandale ! Horreur ! fulminèrent les syndicats, suivis par toute la gauche réunie. Pourtant, l’argent serait tellement mieux utilisé ailleurs. Et quand ce ne sont pas les syndicats qui bloquent, ce sont les politiques. La simple suggestion de la fermeture d’une gare dans un trou perdu de la Flandre profonde suffit à engendrer l’indignation générale de nos élus. L’ingérence du politique se montre alors plus tenace que jamais.

« À quand une vision globale de la mobilité dans notre pays, où les trains relieraient des villes entourées de réseaux de bus, de trams et de métros ? »

En revanche, il ne se trouve personne pour poser la question de l’utilité d’une gare dans un si petit village, quand on sait qu’une ligne de bus existe déjà pour les cinq navetteurs du coin. Il faut dire que les bus et les trams relèvent du pouvoir régional, et les trains du fédéral. Et que nos divers gouvernements ne circulent pas sur la même voie. À quand une vision globale de la mobilité dans notre pays, où les trains relieraient des villes entourées de réseaux de bus, de trams et de métros ? On peut toujours rêver.

Juste pour dire : réclamer plus d’argent, ce n’est pas la solution. Le nœud de la SNCB s’avère presque aussi gordien que celui de l’intrication institutionnelle de notre pays. Pendant plus de dix ans, aucun contrat de gestion entre le rail et le politique n’a porté de vision réaliste de l’avenir. Une grève ne fera pas mieux rouler les trains. Une grève n’a jamais insufflé le courage nécessaire à ceux qui devaient agir. Puis, nous pouvons raisonnablement nous demander si un gouvernement à peine capable de s’entendre sur un budget peut ou veut se risquer à dégager une solution. Dans tous les cas, s’il s’y refuse, les voyageurs comme le personnel se trouveront bientôt sur une voie… de garage.

Perturbations dues à la grève : un problème de riches

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