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13·02·19

Perturbations dues à la grève : un problème de riches

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Antonio Ponte

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Nous vivons des heures difficiles. Tout le monde prend la rue d’assaut. Des membres de Schild en Vrienden en jaune et noir qui protestent contre le pacte de Marrakech. Des ados en vert qui sèchent les cours pour le climat. Des gilets jaunes qui manifestent pour… ou plutôt contre… quoi, au juste ? Et ce mercredi, des verts, des rouges et des bleus qui, en toute fraternité, paralyseront le pays pour dénoncer les normes salariales imposées dans le privé, avec le soutien bienvenu du secteur public. Leur cri de détresse commun : où va-t-on ? Où vais-je ? Où va mon bien-être ? Mon pouvoir d’achat ? Et ma pension, s’il en reste une ? Nul ne se sent en sécurité face à l’avenir. Et personne, surtout dans l’arène politique, ne semble fournir de solutions. Comme si tout ce que des générations ont pris le temps de construire allait irrévocablement se réduire en miettes.

Le pouvoir d’achat a-t-il augmenté ou baissé ? Voilà un paramètre qui semble objectif. Le problème, c’est que l’augmentation objective du pouvoir d’achat ne pèse rien face au sentiment subjectif que ce pouvoir d’achat a diminué. Et ces sentiments profondément ancrés, cette peur de l’avenir, il serait trop facile de les faire disparaître en les rationalisant. C’est trop facile de disqualifier les grévistes en les traitant de fainéants ou d’enfants gâtés qui connaissent leurs droits mais pas leurs devoirs.

La Belgique passe pour un pays riche, mais un Belge sur cinq ne parvient pas à mettre un sou de côté pour réparer sa machine à laver ou pour partir une semaine en famille. Et on ne parle même pas de remplacer une voiture qui aurait rendu l’âme deux ans plus tôt que prévu. Ces gens flirtent avec la pauvreté, ou sont défavorisés. Il n’y a pas d’autre mot. Puis, il y a le groupe majoritaire : les ménages à deux salaires, qui constatent que leurs réserves sont bien minces, une fois payés le prêt hypothécaire, les frais fixes, le diesel ou l’essence, les frais scolaires, les courses et les vêtements des enfants qui grandissent. Pour la grande majorité, à savoir la classe moyenne, chaque centime compte.

Lorsque notre journal a lancé un appel, début février, pour trouver des couples de salariés qui pataugent pour éviter de boire la tasse, il a obtenu un nombre effrayant de réactions. Que de bons citoyens qui ne comprennent pas ce qu’ils ont mal fait, ni pourquoi les fins de mois sont de plus en plus longues. Tous ont réagi anonymement, un peu gênés. Et c’est logique, car personne n’aime faire figure de loser dans une société où les gens passent leur temps à poster sur Instagram ou Facebook leurs repas dans les restaurants les plus branchés, leurs city-trips à la mode ou leurs séjours trop cools au ski.

Il y a fort à parier que vous et moi, nous subirons des perturbations à cause de la grève nationale ce mercredi. Un vol annulé, par exemple : quoi de plus embêtant, quand ça nous arrive ? Mais il faut bien reconnaître que pour de nombreux grévistes, ce problème, c’est un problème de riches.

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