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Le gouvernement fédéral paiera l’accord avec Engie au prix fort
11·01·23

Le gouvernement fédéral paiera l’accord avec Engie au prix fort

Stefaan Michielsen est rédacteur senior pour le quotidien De Tijd.

Temps de lecture : 2 minutes

L’accord conclu avec Engie nous garantit un approvisionnement en électricité plus sûr. Mais c’est un avantage que le gouvernement paiera au prix fort.

Les préparatifs visant à prolonger la durée de vie des deux centrales nucléaires les plus récentes, Doel 4 et Tihange 3, vont enfin pouvoir commencer. L’accord conclu sur ce point entre l’exploitant, Engie/Electrabel, et le gouvernement, est signé. Les négociations ont été laborieuses, en raison des incidents survenus par le passé entre les parties, incidents qui ont eu raison de la confiance entre elles. Elles ont cependant fini par se trouver, et par conclure un accord, car en définitive, chacune avait besoin de l’autre.

Pour le gouvernement, la prolongation de la durée de vie des deux centrales nucléaires était un impératif absolu, pour éviter de mettre en péril notre approvisionnement électrique, tellement essentiel à notre économie. De son côté, Engie voulait voir plafonner le coût du démantèlement des centrales nucléaires et de l’élimination des déchets nucléaires. L’électricien se refusait à assumer une facture qui aurait pu augmenter à l’infini, car à très long terme, cette incertitude aurait pesé sur son cours boursier.

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Chacune des parties avait sur l’autre des moyens de pression. Pour Engie : le refus de poursuivre l’exploitation des centrales nucléaires. Pour l’État : la possibilité d’augmenter le coût de l’assainissement des déchets nucléaires.

Chacune des deux parties tire donc profit de cet accord qui, sur le plan juridique, a été gravé dans le marbre de manière à compenser la méfiance mutuelle. Pour chaque partie, il y a du bon et du moins bon. Mais c’est le gouvernement qui a dû accepter certaines concessions.

Pour lui, la bonne nouvelle, c’est un approvisionnement électrique plus sûr. Le prix qu’il paie pour cela, c’est qu’il a dû plonger dans l’eau du bain.

« Au moment d’élaborer sa stratégie énergétique, le gouvernement doit également tenir compte des scénarios défavorables dont la matérialisation paraît peu probable. »

Le voici en effet co-responsable de l’exploitation, et donc d’une partie du risque ; par ailleurs, il devra accepter de plafonner la facture énergétique pour Engie. Dès lors, une partie de la facture pourrait finalement être à charge des pouvoirs publics, donc du contribuable.

De plus, rien ne garantit vraiment que la lumière restera allumée pendant l’hiver 2026. Le gouvernement n’a pas obtenu d’Engie la garantie que les deux centrales nucléaires auront déjà été remises en activité à ce moment.

Tout ceci aurait pu être évité si le gouvernement ne s’était pas lui-même cantonné dans une position de négociation inconfortable, en faisant trainer en longueur la décision de fermeture définitive des centrales nucléaires sans prévoir aucune solution alternative. Cette procrastination a un prix.

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Pour sa défense, le gouvernement a été surpris par des événements imprévus : la guerre en Ukraine, les possibilités limitées d’importation d’électricité depuis nos pays voisins en raison des problèmes survenus dans les centrales nucléaires françaises, l’appel à bannir les carburants fossiles qui rend indésirable le recours aux centrales au gaz, etc.

C’est la leçon qu’il faut tirer de tout cela. Au moment d’élaborer sa stratégie énergétique, le gouvernement doit également tenir compte des scénarios défavorables dont la matérialisation paraît peu probable.

Car de nombreux facteurs d’incertitude entrent en jeu : d’éventuelles tensions géopolitiques, des perturbations dans les importations, la volatilité des prix, l’impact du changement climatique et de la lutte contre celui-ci. Dans un tel contexte, mieux vaut garder ouvertes un maximum d’options.

C’est l’exercice auquel est désormais confronté le gouvernement. Cet accord avec Engie en est une première étape. Pour garantir notre approvisionnement électrique à long terme, il faudra encore en franchir bien d’autres.

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