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06·11·17

Epargne : les Belges paient le prix du conservatisme politique

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Tax Credits (CC BY 2.0.)

Bart Haeck
Auteur
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

Les Belges ne manifestent pas contre la politique défaillante menée depuis des années dans notre pays en matière de vieillissement. Ils épargnent.

La crise financière dure depuis dix ans et l’ironie veut que si l’argent de l’épargne a à l’époque été sauvé, il ne rapporte plus rien depuis lors. Pire : en Belgique, il perd de sa valeur. Les taux d’intérêt appliqués sur les livrets d’épargne étant inférieurs à l’inflation annuelle, les épargnants belges ont perdu l’an dernier cinq milliards d’euros en pouvoir d’achat. L’argent qu’ils ont épargné s’évapore petit à petit. Dans un entretien qu’il a accordé à notre quotidien, Jan Smets, le gouverneur de la Banque nationale, explique par ailleurs qu’une augmentation du rendement de l’épargne n’est pas pour demain.

Voilà une nouvelle preuve que les stigmates de la crise financière n’ont pas encore été effacés. Les épargnants voient leur pouvoir d’achat s’éroder sous l’effet de taux d’intérêt qui restent bas, désespérément bas, parce que la Banque centrale européenne s’évertue à ce qu’emprunter coûte le moins cher possible afin de stimuler au maximum les investissements. Des investissements nécessaires afin que notre économie puisse véritablement renouer avec une croissance tout aussi nécessaire, même si elle ne sert qu’à éponger les dettes publiques et à trouver de l’argent pour respecter les promesses en matière de pension dans le cadre de notre régime de sécurité sociale. 

Le hic, c’est que cet argent bon marché n’a pas pour effet de doper les investissements. En tout, il y a encore et toujours 260 milliards d’euros qui « dorment » sur des livrets d’épargne en Belgique. Qu’est-ce qui nous pousse à agir ainsi ? Évoquer la peur qui nous tenaille constitue probablement la meilleure manière de répondre à cette question. Nous savons que cela fait des décennies que les autorités de notre pays ne prennent pas toutes les mesures nécessaires afin de pouvoir payer les pensions promises, alors nous thésaurisons. Les Belges ne manifestent pas contre la politique défaillante menée depuis des années dans notre pays en matière de vieillissement. Ils épargnent.

La différence avec les Pays-Bas, par exemple, montre à quel point le chantier reste immense.

Comment sortir de ce cercle vicieux inconfortable ? Une solution pourrait être que l’État retrouve bel et bien la voie menant à une meilleure croissance économique, ce qui peut passer par des réformes incitant les gens à travailler plus longtemps ou plus intelligemment. Le gouvernement Michel a déjà pris des mesures importantes et nécessaires dans cette optique et ces douze derniers mois, pas moins de 73 000 emplois ont été créés. Mais la différence avec les Pays-Bas, par exemple, montre à quel point le chantier reste immense. Malgré cela, les initiatives visant à augmenter le nombre de travailleurs suscitent généralement de l’opposition.   

Une deuxième stratégie – liée à la première – afin de remédier à cette situation serait d’enfin ramener le budget à l’équilibre et d’ainsi montrer que les pouvoirs publics sont capables de gérer correctement leurs dépenses. À cet égard, la copie du gouvernement actuel est tout aussi bâclée que celle du précédent. En Belgique, le retour à l’équilibre budgétaire est toujours promis à un horizon de trois ans mais cette échéance est année après année reportée d’un an par crainte de mécontenter l’électeur.

Parce que, ailleurs en Europe également, on a trop souvent tendance à jouer la carte de la procrastination en ce qui concerne les réformes délicates mais nécessaires, la BCE persiste dans sa politique de bas taux d’intérêt. Une politique qui, depuis 2009, a déjà coûté la bagatelle de 40 milliards d’euros de pouvoir d’achat à l’épargnant belge, d’après les calculs de l’école de management IESEG à Paris. Indirectement, nous payons tous, par livrets d’épargne interposés, le prix d’un trop grand conservatisme socio-économique.

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