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Budget flamand: l’argent (ne) pousse (pas) sur les arbres
29·09·23

Budget flamand: l’argent (ne) pousse (pas) sur les arbres

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws. Elle était l’une des expertes dans la deuxième saison de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous découvrir la Flandre à vélo.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Image par Steve Buissinne de Pixabay

En Flandre, un dicton dit que mieux vaut rebrousser chemin à mi-course que poursuivre dans la mauvaise direction, et c’est probablement ce que le gouvernement Jambon I a eu l’esprit ces derniers temps. En effet, à la toute dernière minute, l’équipe Jambon I s’est dit qu’elle allait, pour une fois, faire l’économie de ses interminables querelles, qu’elle n’allait pas reporter la traditionnelle déclaration de septembre. Au contraire, elle allait serrer les rangs. Après tout, les partis de centre droit sont en perte électorale. Déjà, à la fin du mandat du gouvernement Bourgeois I, les tiraillements sans fin n’avaient abouti à rien. Les brouilleries et les coups bas du passé ont donc enfin fait place — et c’est heureux — à une certaine empathie face aux exigences des uns et des autres et à une prise de conscience de la responsabilité de chacun des partis envers l’accueil de la petite enfance.

Il faut dire que ce secteur est au bord de l’asphyxie. De la part du CD&V, annoncer un budget total de 2 milliards d’euros alors que la ministre Hilde Crevits travaillait encore à son plan de financement à 330 millions d’euros était une stupidité stratégique. Pour un gain apparemment dérisoire, d’ailleurs, quand on sait que le budget a été multiplié par trois depuis la formation du gouvernement Jambon. Gouvernement dont le ministre-président, Jan Jambon, souligne à juste titre l’importance de cet investissement. À quoi Vooruit répond que tout ça résulte de son travail d’opposition. Même Groen, qui a mis sur la table un projet de 300 millions d’euros, en est réduit à regretter qu’on ne puisse prendre de telles mesures qu’à la veille d’une élection.

Même le plan d’action comporte une primeur : pour la première fois, le gouvernement flamand veut réduire le nombre d’enfants par membre du personnel accueillant. Il s’agit évidemment là de l’un des points les plus sensibles en matière de garde d’enfants, et le gouvernement le prend à bras-le-corps. Les choses évoluent lentement, mais avec régularité. L’argument reste toujours le même : quand le marché de l’emploi est à ce point tendu, trouver du personnel est loin d’être aisé, alors qu’au même moment, de nombreux professionnels de la petite enfance jettent le gant pour cause de surcharge de travail. C’est l’histoire classique de la poule et de l’œuf.

Le gouvernement flamand parvient à un accord budgétaire… avec de l’avance !

Faut-il, comme l’a proposé le vice-ministre-président Bart Somers, appeler à la rescousse des collaborateurs logisticiens ? On est curieux d’en voir le résultat. En attendant, si le gouvernement flamand casse sa tirelire, ce n’est pas uniquement pour le secteur de la garde d’enfants, mais aussi pour un autre dossier épineux : le secteur de l’enseignement. Avant le gouvernement Jambon I, il n’était pas possible d’intégrer au calcul du salaire d’un travailleur provenant du secteur privé ses années d’ancienneté ; désormais, on peut tenir compte de 15 ans d’expérience professionnelle pertinente. Là aussi, c’est une première.

Aurait-on pu faire davantage ? Malheureusement, comme le déplore Jan Jambon, l’argent ne pousse pas sur les arbres. Et c’est bien vrai. En effet, l’argent ne pousse pas sur les arbres, et c’est la raison pour laquelle nous allons accorder des subventions pouvant aller jusqu’à 5 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique. C’est exactement la même mesure que le gouvernement avait annulée pour les voitures électriques les plus onéreuses, pas plus tard qu’en 2019. Et ça, c’est un dada des libéraux. Là où Sammy Mahdi (CD&V) rejette ce qu’on appelle l’étatisme en Flandre (phénomène que son parti a lui-même mis en place) un parti libéral comme l’Open Vld en remet une couche. Il y a pourtant d’autres moyens d’accélérer la transition climatique – sans privilégier une population qui a déjà les moyens de débourser quelques milliers d’euros pour ces bolides.

« L’argent ne pousse pas dans les arbres, mais on n’ose pas toucher aux titres-services, alors que chacun sait qu’ils sont actuellement trop bon marché. »

L’argent ne pousse pas dans les arbres, mais on n’ose pas toucher aux titres-services, alors que chacun sait qu’ils sont actuellement trop bon marché et qu’ils augmenteront probablement après les élections. L’argent ne pousse pas dans les arbres, mais on se lance dans la construction de logements étudiants à bas coût — dits « sociaux ». Des logements qui, pour beaucoup d’étudiants, représentent déjà un luxe, et qui impliquent toujours un certain degré d’ingérence gouvernementale. L’argent ne pousse pas dans les arbres, et c’est la raison pour laquelle on ne prévoit rien pour les personnes inscrites sur des listes d’attente pour l’obtention de soins.

Alors oui, en effet, le gouvernement Jambon a décidé d’entendre un certain nombre de plaintes de la population, au premier rang desquelles celles qui concernent l’accueil de la petite enfance. En revanche, il n’a pas mené de manière suffisamment approfondie le débat sur ses tâches essentielles. Et si l’équipe actuellement en place n’en a pas été capable, on peut se demander quelle coalition le sera. A-t-on vraiment retourné chaque euro deux ou trois fois avant de le dépenser ? Financièrement, pourtant, les pouvoirs publics flamands ont encore de la marge. Mais non. Le gouvernement Jambon a rebroussé chemin à mi-course.


Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se sont dévoilés dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Retrouvez la bande-annonce:

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