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Christophe Deborsu: « Il faut imposer DaarDaar! »
04·05·16

Christophe Deborsu: « Il faut imposer DaarDaar! »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Aubry Touriel

Rencontre avec Christophe Deborsu, journaliste belge connu des deux côtés de la frontière linguistique. Il soutient DaarDaar et vous ?

Tout commence dans le petit village de Schelle. Au centre du village près d’Anvers, se trouve une église, mais pas n’importe laquelle : « c’est un peu la Tour de Pise flamande », nous confie Christophe Deborsu. Découvrons un peu plus ce journaliste qui passe sa vie entre Namur, Anvers et Bruxelles.

DaarDaar : La Belgique est-elle un pays artificiel ?

La communauté paroissienne de Schelle a été fondée par des Wallons originaires de Lobbes, une communauté du Hainaut. Ça montre bien que la Belgique existe depuis longtemps et que ce n’est pas un État artificiel. 550 ans que toutes les provinces belges sont ensemble, à part la principauté de Liège qui a rejoint le reste à partir de 1794. Ça en fait un des États les plus vieux d’Europe. Même si on considère 1830 : on oublie souvent que c’est plus vieux que l’Italie et l’Allemagne qui paraissent multiséculaires.

DaarDaar : Le succès journalistique est-il une question de hasard ?

J’ai travaillé à la RTBF pendant 24 ans. J’ai très vite commencé à travailler avec la VRT. Ma première grande chance, c’est quand Alain Gerlache est devenu le porte-parole de Guy Verhofstadt en 1999. La VRT avait alors besoin d’un journaliste bilingue pour présenter l’émission « DeTaalgrens », un mini-journal sur la partie francophone du pays. Les carrières sont dues à beaucoup de hasard.

Le deuxième événement, c’est quand Yves Leterme a chanté la Marseillaise. Quatre secondes dans ma vie et une erreur d’un premier ministre et les portes s’ouvrent. Ça va faire en sorte que je vais participer à l’émission De Slimste Mens en 2008. Je suis entré ensuite en 2011 à Woestijnvis (maison de production privée flamande) et maintenant je suis « prêté » à RTL depuis septembre.

Ce sont des petites choses qui changent totalement une vie. Il faut à la fois être très humble et très reconnaissant de ces hasards qui permettent de faire des choses qu’on n’aurait pas pensé faire. Il faut aussi savoir dire oui. Souvent les chances que tu as, c’est parce que beaucoup de gens ont dit « non ».

DaarDaar : Avez-vous déjà reçu des commentaires sur le fait que vous viviez en Flandre ?

L’autre fois, j’ai été interpelé par le ministre Marcourt sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche. Il m’a dit : « vous devriez plus souvent venir en Wallonie pour savoir ce qu’il s’y fait ». Je vis environ une semaine à Namur et l’autre Schelle, donc la Wallonie, je connais. Pour rire, j’aurais dû lui répondre : « Je suis un exemple : c’est Woestijnvis qui me paie et je paie mes impôts en Wallonie. Je rapporte de l’argent à la Wallonie et j’en suis fier ! Je suis plus souvent à Namur qu’à Schelle. J’aime Schelle mais je me sens totalement « namoureux ».

DaarDaar : Les francophones sont-ils intéressés par ce qu’il se passe en Flandre ?

Je suis optimiste. On a une chance extraordinaire : les médias du Nord et du Sud ne sont pas concurrents. Je vois donc bien qu’il y a une volonté d’aller voir ce qu’il se passe ailleurs. DaarDaar est aussi la preuve évidente qu’il y a un vrai intérêt. C’est un peu comme un vieux couple [il chante Jacques Brel] : « on a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux… ». D’après les statistiques de mon émission, les spectateurs sont très intéressés par ce qu’il se passe en Flandre. Plusieurs fois cette année, on a fait appel à des Flamands que l’on doublait.

Ce gouvernement MR-N-VA n’a pas fait en sorte qu’il y ait moins d’intérêt pour les autres communautés. Après une énorme crise qui se termine, selon moi, après la formation du gouvernement Di Rupo (fin 2011), on est revenu au calme communautaire. Combien de temps ça va durer ? Je n’ai aucune illusion.

DaarDaar : Quel est l’état de l’enseignement du néerlandais en Wallonie ?

Les Wallons choisissent de moins en moins le néerlandais comme première langue étrangère. En 2014-2015, les étudiants choisissaient à 40 % le néerlandais, à 58 % l’anglais et à 2 % l’allemand alors qu’en 2009-2010, c’était 49 %, 49 % et 2 %. C’est hallucinant. Pour moi, il faut imposer le néerlandais comme première langue obligatoire. Comme il faut imposer DaarDaar aux gens.

Il faut quand même rappeler aux francophones que le néerlandais est la première langue du pays en nombre de locuteurs. Les initiatives comme DaarDaar peuvent faire revenir un certain nombre de brebis égarées à la raison. Sinon, il faut évidemment apprendre l’anglais et être très fort en anglais, aussi fort qu’en néerlandais. Il faut être fort dans 2, 3 ,4 ,5… langues. Plus on connait de langues, mieux c’est.

DaarDaar : Que pensez-vous de DaarDaar ?

Je n’ai jamais vu ce type d’initiative. Et elle vient au bon moment parce que tu ne peux pas imposer ça aux gens quand il n’y a pas d’intérêt, mais l’intérêt est à nouveau là. C’est une initiative formidable, c’est un vivier de jeunes traducteurs/journalistes qui ouvrent leurs yeux sur l’autre communauté. C’est un peu comme aller à l’étranger alors que c’est très proche. J’invite tous les lecteurs à contribuer au crowdfunding de DaarDaar !

Propos recueillis par Aubry Touriel, Schelle (03/05/2016)

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