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21·05·15

Win for life ou la prépension à 53 ans

Temps de lecture : 2 minutes
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Traducteur⸱trice DaarDaar

Le fabricant d’essuie-glaces Bosch souhaite envoyer une centaine d’employés à la prépension à l’âge de 53 ans. Même s’ils ne sont pas tous usés ou exténués, ils pourront bientôt se reposer sur leurs lauriers. Pour ceux qui sont encore dans la fleur de l’âge, c’est comme s’ils avaient gagné à Win For Life. Le temps qu’il leur reste à vivre est plus long que leur carrière professionnelle. Ce genre de règles est cependant difficile à faire avaler à la société. Tout employé d’une petite entreprise, qui doit dorénavant travailler jusqu’au moins 62 ans, ne comprend pas pourquoi un autre employé peut partir à l’âge de 53 ans seulement parce qu’il travaille pour une grande entreprise en difficulté. En 2015, cette situation n’a plus rien à voir avec le dépannage ou la justice sociale. C’est de l’arbitraire pur et dur. Toute personne qui est favorable à une véritable solidarité ne peut plus justifier de tels accords.

« La prépension à 53 ans ? Absurde, mais les employés de Bosch n’en sont pas responsables : ce sont les gouvernements précédents »

Personne ne prétend que les cinquantenaires trouvent facilement un nouveau travail, et ce, indépendamment de leur diplôme et de leur enthousiasme. Néanmoins, ce n’est vraiment plus une option de dévaloriser et d’abandonner les personnes de 53 ans. On cède ainsi à une facilité que notre sécurité sociale ne peut plus se permettre et à un fatalisme inutile vis-à-vis des employés expérimentés. En réalité, d’autres entreprises comparables à Bosch n’arrivent pas à trouver des candidats pour combler leurs postes vacants. Il y a des dizaines de milliers d’emplois à pourvoir dans ce pays. Le plus souvent, il ne s’agit pas de psychologues, de traducteurs ou de juristes, mais de techniciens et de chauffeurs, ainsi que d’ouvriers (non-) qualifiés. Cette disparité entre l’offre et la demande est un mal chronique qui accable notre marché du travail. Il est impossible de résoudre ce problème exclusivement en obligeant les demandeurs d’emploi à trouver un travail, mais c’est la première étape. La prépension, appelée dorénavant RCC[1], est un mauvais signal, même si on exige maintenant que les prépensionnés fassent preuve de « disponibilité adaptée ». D’ailleurs, quelqu’un connaît-il la signification de ce concept ?

La prépension à 53 ans, c’est absurde, mais les employés de Bosch n’en sont pas responsables : ce sont les gouvernements précédents qui ont à peine osé toucher au système. Le gouvernement Michel le fait, lui. Pour les entreprises en difficulté, l’âge de la prépension passe progressivement de 55 ans en 2015 à 60 ans en 2020. Petit à petit, on se dirige dans la bonne direction. De plus en plus de personnes âgées de plus de 55 ans sont actives et elles sont de moins de moins à prendre leur prépension. Bosch entre en contradiction flagrante avec cette tendance. L’entreprise utilise adroitement la règlementation de 2014 selon laquelle l’âge du départ à la prépension était encore fixé à 53 ans. Le sens des responsabilités n’est pas vraiment au rendez-vous, mais il s’agit là d’un sujet libre à l’interprétation. Même si l’opinion publique s’indigne, le gouvernement doit respecter ses propres règles et accorder aux employés de Bosch ce qui leur revient stricto sensu. Plus important encore que ce dossier symbolique, le gouvernement Michel devra se montrer intraitable sur toutes les grandes réformes à venir et ne plus faire d’exceptions sur les normes en matière d’âge qu’il s’est fixé lui-même. En effet, admettre des exceptions en matière de prépension, ce n’est pas faire preuve de compassion, mais de partialité.

En V.O. dans Het Laatste Nieuws, 20 mai 2015, p.2 et 3

[1] NDT : Régime de chômage avec complément d’entreprise

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