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Un demandeur d’asile perd son emploi à cause d’un litige entre Fedasil et Molenbeek
16·12·22

Un demandeur d’asile perd son emploi à cause d’un litige entre Fedasil et Molenbeek

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

VIRGINIE LEFOUR (BELGA)

Moustafa Mansour est un demandeur d’asile palestinien. Il travaillait chez Volvo, suivait des cours de néerlandais et s’apprêtait à déménager à Gand. Mais des querelles entre Molenbeek et Fedasil lui ont finalement coûté son emploi.

 Il s’appelle Moustafa Mansour. « Musti », pour les intimes. Jusqu’il y a peu, il ne dormait que quatre à cinq heures par jour. La nuit, il travaillait à l’usine Volvo de Gand en tant que contrôleur de qualité. Le matin, après une courte sieste, il suivait des cours de néerlandais dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Molenbeek. Il retrouvait son lit l’après-midi, après le dîner, avant de se remettre au travail par la suite.

Fin novembre, cette routine s’est brusquement arrêtée. La commune de Molenbeek a refusé de renouveler son attestation d’immatriculation – la fameuse « carte orange » autorisant les demandeurs d’asile à travailler. Moustafa Mansour n’est pas un cas isolé. Quelque 210 personnes hébergées dans le même centre que lui ont également perdu leur carte orange, selon un membre du personnel. « Cette situation a débouché sur 70 pertes d’emploi, soit autant de tragédies« .

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Tout part d’une bataille juridique entre la commune de Molenbeek et Fedasil, qui remonte à juin dernier. Fedasil avait alors aménagé une ancienne maison de repos en centre d’accueil, sans l’aval de la bourgmestre Catherine Moureaux (PS). Cette dernière s’est opposée au projet et a obtenu gain de cause à deux reprises devant les tribunaux. La commune refuse alors de renouveler les attestations d’immatriculation des demandeurs d’asile hébergés sur place. « Nous ne pouvons pas le faire pour les occupants d’un bâtiment illégal ».

C’est à devenir fou !

Le mois dernier encore, Mansour voulait emménager à Gand, dans un appartement situé près de l’usine Volvo. Mais sans contrat de travail en règle, le projet tombe à l’eau. « Cette situation me rend dingue », confie-t-il. « J’ai travaillé si dur pour pouvoir saisir les opportunités que la Belgique m’offre. Et je parle de perspectives professionnelles, pas de soutien financier. Le chômage, je ne sais même pas ce que c’est. Je veux juste travailler. »

Le jour même, M. Mansour a d’ailleurs un entretien d’embauche auprès d’une entreprise située à Arendonk. Il me montre les messages Whatsapp : la personne responsable viendra le chercher à la gare de Turnhout. « Au moment où je vous parle, je ne sais pas encore comment je vais leur expliquer ma situation », avoue-t-il. « Mais je vais me débrouiller. Je continue à postuler et à suivre attentivement les dernières évolutions dans mon domaine d’expertise. »

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Des nuits à la rue

Le rêve européen de M. Mansour était pourtant porteur d’espoir. Après avoir commencé sa formation à l’université de Palestine, il décroche son diplôme d’ingénieur à l’université de Debrecen, en Hongrie. L’Europe lui offre bien plus de perspectives d’avenir que la Bande de Gaza. Les autorités belges homologuent ses diplômes. Reste que le parcours est semé d’embûches. En mars, il prend un vol de Budapest vers Charleroi et passe quatre nuits à la rue avant d’obtenir une place au Petit Château.

« D’un coup, le château de cartes s’est écroulé. »

En novembre, une grève des transports publics l’empêche de rentrer chez lui après le travail, ce qui lui vaut de passer une autre nuit dans le froid. « Quand je suis finalement arrivé chez moi, à Molenbeek, je voulais mettre le feu au centre. Je ne l’ai pas fait, bien sûr. Pas plus que je ne l’ai fait quand le fonctionnaire communal n’a pas voulu renouveler ma carte. J’aurais honte de moi si je laissais ma colère l’emporter. Même s’ils n’attendent que ça. Au moindre faux pas, ils auraient une bonne excuse pour nous jeter dehors ».

Au départ, Moustapha Mansour voulait vivre à Bruges, où il a des amis qui tiennent un restaurant. Sur son téléphone portable, on peut apercevoir un autocollant conçu par ses soins, reprenant le logo de l’établissement : gaufres et chocolat. Chaque week-end, il essaie de s’y rendre, ne fût-ce que pour pratiquer son néerlandais. Il a besoin de cette structure. « Je suis quelqu’un qui fait des plans hebdomadaires, mensuels, semestriels et annuels, et qui s’y tient. » Une routine. « Et d’un coup, le château de cartes s’est écroulé. »

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