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Rave party : la répression n’est pas le seul recours, mais la police est-elle bien organisée?
03·05·23

Rave party : la répression n’est pas le seul recours, mais la police est-elle bien organisée?

Isolde Van den Eynde est éditorialiste pour le quotidien Het Laatste Nieuws

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

JILL DELSAUX – BELGA

Non, le fait que les quelque 10 000 personnes qui s’étaient réunies pour une rave party illégale à Saint-Trond n’en aient pas été délogées manu militari ne fait pas de la Belgique un « État en déliquescence ». La répression n’est pas le seul recours qui s’offre à un État pleinement fonctionnel : les autorités peuvent aussi faire preuve d’intelligence et répondre posément face au rassemblement de milliers de hors-la-loi dans un état second.

Il est évidemment frustrant qu’un festival organisé en dehors de tout cadre légal ne puisse pas être stoppé immédiatement alors même que des citoyens ordinaires se font parfois réprimander pour trois fois rien : on a le sentiment du « deux poids, deux mesures »… Mais employer la manière forte n’est pas toujours un gage de réussite. En France, l’« évacuation » d’une rave party a ainsi dégénéré et l’opération s’est soldée par plusieurs blessés graves. Que l’on se souvienne de la « Boum » du Bois de la Cambre et des images de cette émeutière percutée par un policier à cheval. L’intervention avait soudain tourné au vinaigre alors que les forces de l’ordre étaient en nette infériorité numérique : 600 agents pour 2 000 manifestants. Combien aurait-il fallu en mobiliser face à 15 000 personnes ? Au moins autant, et ce, sur les terres inhospitalières de la campagne limbourgeoise.

Certains responsables politiques ont appelé, aussi fort que pulsait la musique à Brustem, à une intervention de l’armée. Comme si les militaires étaient des hommes à tout faire… La question suivante est autrement plus légitime : la Défense protège-t-elle ses domaines efficacement ? Car des camions ont pu acheminer les scènes du festival sur ce terrain militaire sans que toute cette agitation n’éveille le moindre soupçon. Et lorsque la présence des fêtards a enfin été remarquée, la police locale a cru qu’un panneau d’interdiction d’accès suffirait à les empêcher de passer. Quelle naïveté. Pourtant, dès que l’on évoque la possibilité de constituer une force de police plus professionnelle, aux effectifs plus importants, maîtrisant mieux les différentes pratiques de maintien de l’ordre, c’est la levée de boucliers. Imaginez, alors, si l’on cherchait à toucher aux attributions de police des bourgmestres, qui défendent bec et ongles leur pré carré.

« Plutôt que de chercher à savoir si l’on aurait pu mobiliser des milliers d’agents pour mater la mutinerie menée par autant de fêtards venus de Belgique et de l’étranger, demandons-nous si l’organisation de nos forces de police est encore adaptée. »

Plutôt que de chercher à savoir si l’on aurait pu mobiliser des milliers d’agents pour mater la mutinerie menée par autant de fêtards venus de Belgique et de l’étranger, demandons-nous si l’organisation de nos forces de police est encore adaptée. Il ne s’agit pas seulement de savoir si la police locale peut gérer ce genre de situations — elle n’en a pas les moyens. Encore moins dans la tristement célèbre Saint-Trond, où l’écharpe maïorale n’a cessé de passer de main en main ces derniers temps. Il n’en reste pas moins que tout le monde a été pris de court. Les ravers se montrent certes discrets dans leurs communications, mais ils n’échangent pas non plus par pigeon voyageur. À quel point notre police a-t-elle la main sur les réseaux sociaux ?

Oui, cet acte était profondément égoïste : envers le voisinage ainsi qu’envers l’agriculteur et son champ de betteraves. Il ne s’agit pas ici de prôner la tolérance à l’égard de ce rassemblement séditieux, et encore moins de l’excuser en raison de sa force numérique. Les organisateurs doivent être poursuivis, le trafic et la consommation de stupéfiants sanctionnés. Notons tout de même qu’à Brustem, une fois retombées la musique et la clameur des politiques, ces hippies du XXIe siècle ont ramassé leurs déchets en un rien de temps. Bon débarras.

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