Pour devenir Belge, il faudra bientôt passer un examen. C’est du moins la volonté du CD&V. Celles et ceux qui souhaitent intégrer la Ligue des citoyens belges devront donc aller au-delà des formalités officielles et simples démarches administratives. Le président du CD&V, Sammy Mahdi, avait déjà proposé ce projet par le passé, mais le parti planche désormais sur une proposition de loi concrète. Une idée qui s’inscrit dans une conception qui progresse depuis quelque temps en Flandre, celle des droits et des devoirs : pour faire partie du club, il faut consentir quelques efforts.
Il y a huit ans, la loi instaurant une procédure accélérée de naturalisation, votée sous le gouvernement Verhofstadt, avait été remaniée pour les mêmes raisons. À la demande des partis francophones, on avait, à l’époque, distribué des cartes d’identité à tour de bras pour élargir l’électorat. Entretemps, la situation a évolué : désormais, il faut tout de même prouver que l’on est bien intégré, en suivant un programme d’insertion civique ou une formation professionnelle. Les règles doivent-elles encore être durcies ?
Le CD&V n’est pas le seul à plaider en faveur d’un examen de citoyenneté : la N-VA et l’Open VLD aussi. Ces partis souhaitent du reste que l’acquisition de la nationalité soit marquée par une cérémonie officielle, à l’instar de l’obtention d’un diplôme. Celle-ci serait non seulement importante sur le plan symbolique, mais pourrait également favoriser l’intégration : les nouveaux arrivants seraient ainsi accueillis dans les formes par les membres fondateurs du club, qui auraient, pour leur part, l’assurance que les efforts nécessaires ont été fournis — il s’agira de démontrer sa connaissance de nos traditions, de nos valeurs, de nos normes ou de notre langue. Des systèmes similaires ont d’ailleurs été mis en place chez nos voisins.
Tout dépendra, bien évidemment, du contenu de cet examen. Les candidats devront-ils connaître le canon flamand, savoir combien mesure l’Atomium ou être capables de préparer un gratin de chou-fleur à la béchamel ? Le risque que cette initiative s’enlise dans un débat identitaire, à l’image de l’émission L’histoire de la Flandre, n’est toutefois pas inexistant. Sans même parler de la dimension communautaire…
En effet, si les Flamands et les francophones élaborent chacun leur propre examen — comme le propose le CD&V —, il se pourrait bien que la nationalité soit plus facile à obtenir d’un côté de la frontière linguistique que de l’autre. Quoi qu’il en soit, il n’est pas du tout acquis que cette proposition se concrétise. Un certain nombre de partis francophones n’y voient rien de plus que des effets de manche de la droite. La constitution d’une majorité s’annonce donc des plus difficiles. Le projet sera-t-il donc à nouveau enterré ? Dans ce pays, certaines choses sont encore courues d’avance.
