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Les jeunes Groen rappelés à l’ordre pour un tweet visant « les hommes blancs »
05·04·23

Les jeunes Groen rappelés à l’ordre pour un tweet visant « les hommes blancs »

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

HANDOUT GROEN (via BELGA)

La section jeunesse de Groen a dû faire marche arrière à la hâte après la publication d’un tweet polémique sur la diversité au sein du parti. Faux pas ou signe de nervosité de Groen dû au (manque de) profilage ? « Changer de cap dans la panique n’est pas une bonne idée ».

Tout a commencé par un sondage décourageant. Il en ressort que Groen, le plus petit parti flamand, se retrouverait bloqué à 7,4 %, contre 9,8 % lors des dernières élections. Au sein du parti, des voix se sont élevées pour relativiser ces résultats. Le sondage, réalisé par DPG Media, RTL et Le Soir, n’a pas valeur de vérité révélée, et la différence peut parfaitement s’expliquer par la marge d’erreur de 3,1 %. C’est l’éternel jeu des sondages : les perdants tendent à en minimiser l’importance, tandis que les gagnants s’en félicitent. Le CD&V s’est ainsi empressé de revendiquer une hausse de 2,2%, à mettre sur le compte de la nouvelle direction de Sammy Mahdi, alors que cette évolution se situe également dans la marge d’erreur.

Dans les rangs de Jong Groen, en revanche, ces intentions de vote ne sont pas prises à la légère. Les jeunes écolos flamands estiment que les piètres résultats du parti sont dus à un manque de représentativité. « La génération actuelle ne parvient pas à convaincre la population », déplorent-ils. « Nous souhaitons que nos représentants reflètent davantage la société. Certains d’entre eux, des blancs souvent trop vieux, commettent des erreurs de jugement », peut-on ainsi lire sur la page Twitter de Jong Groen. « Ils sont trop absorbés par la politique du pouvoir et ont perdu le contact avec les gens. Un changement de cap s’impose. »

La situation a de quoi surprendre au sein d’un parti qui vient d’élire deux nouveaux co-présidents voici moins d’un an. Jeremie Vaneeckhout, âgé de 37 ans, et Nadia Naji, âgée 31 ans, ont succédé à Meyrem Almaci.

« Mieux peser nos mots »

Le tollé n’a pas tardé. Bart De Wever (N-VA) a sauté sur l’occasion pour justifier sa vision du wokisme : « La haine de soi de la gauche prend la forme d’une purge basée sur la couleur de peau et l’âge ». Reste que la seule chose qui a été purgée pour l’instant est le tweet en question : après avoir consulté les co-présidents, Jong Groen l’a supprimé. M. Vaneeckhout a néanmoins précisé que cette décision ne vient pas de la présidence du parti.

Dans une nouvelle conversation sur Twitter, Jong Groen a rappelé que la section jeunesse était composée de bénévoles, et « il arrive qu’ils commettent des erreurs ». « Nous sommes conscients que ce tweet aurait pu être plus nuancé et que nous devions davantage peser nos mots », peut-on y lire. « Il n’empêche que nous voulons que nos parlements reflètent mieux la société ». Une volonté partagée par Kilian Vandenhirtz, l’un des deux présidents de Jong Groen : « Nous continuons à prôner une plus grande diversité et une meilleure représentativité ». Et de poursuivre : « Nous ne cessons pas de soutenir Groen pour autant. L’écologisme est un beau projet, et nous continuerons à le défendre ».

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Une priorité

Le tweet a également soulevé la consternation en interne. Dieter Van Besien, député fédéral Groen, s’est notamment senti visé. Au téléphone, l’intéressé a qualifié ces propos de « conclusion bâclée de Jong Groen ». « Il est vrai que le Parlement n’est pas le reflet exact de la société. Il y a encore du travail en la matière. Mais partant de ce principe, il faudrait également que l’hémicycle compte davantage de députés de plus de 65 ans ».

La députée flamande Mieke Schauvliege est aussi d’avis que la diversité sur les listes électorales doit constituer une priorité du parti. Elle souligne toutefois qu’en la personne de Petra De Sutter, Groen compte une ministre transgenre dans ses rangs. « Et les hommes blancs âgés font également partie de la société », ajoute-t-elle.

Par le passé, la section jeunesse des verts flamands a déjà donné du fil à retordre au parti sur le dossier de l’immigration. En début d’année, elle estimait que le parti devait tout bonnement quitter le gouvernement. En cause : les conditions déplorables dans lesquelles des demandeurs d’asile devaient dormir dans un squat bruxellois. En fin de compte, la menace n’a pas duré plus d’une semaine.

« Les résultats du dernier sondage ne nous réjouissent guère. »

Reste à savoir si la démarche de Jong Groen témoigne d’une certaine nervosité au sein du parti en raison d’un sondage peu favorable. « Les résultats ne nous réjouissent guère », reconnaît M. Van Besien, « mais il ne s’agit que d’un sondage. Nous n’allons certainement pas en tirer des conclusions hâtives ».

Vaneeckhout ne cache pas non plus sa déception. « Bien sûr, nous aurions préféré voir des chiffres plus reluisants. Il est clair que notre parti ne se trouve pas encore au sommet de sa forme. Mais nous progressons sur cette voie. Cela ne fait que six mois que Nadia et moi avons pris nos fonctions. Nous avons toujours affirmé haut et fort que notre projet consiste à doter le parti de bases solides pour affronter les dix années à venir. Dans cette optique, nous voulons notamment engranger de bons résultats lors des prochaines élections. Et il va sans dire que nous visons bien plus que 7 % des suffrages ».

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Garder la tête froide

Si le congrès prévu en mai suscite bien des attentes, rien n’indique pour l’instant que le parti fera peau neuve, à l’instar du CD&V. Là où Sammy Mahdi a travaillé d’arrache-pied pour remettre sa formation sur les rails autour de questions cruciales telles que l’aide à l’enfance, les personnes âgées et l’agriculture, les nouveaux présidents de Groen se montrent peu enclins à changer de cap. « Agir dans la panique n’est pas une bonne idée », assure M. Van Besien. « Mais nous essayons de peaufiner notre discours sous la houlette des deux nouveaux présidents. Le climat et l’environnement ont été relégués au second plan. Tâchons de remettre ces sujets sur la table ».

Un constat qui fait l’unanimité. « Nous sommes conscients que nous devons clarifier certains points de notre programme », confie M. Vaneeckhout. « Notamment sur des questions telles que le climat et les inégalités, mais aussi sur l’échec de notre système de soins de santé. Nos analyses restent les mêmes, mais nous devons les exprimer de façon plus percutante. »

« Il reste encore plus d’un an avant les élections », avertit M. Van Besien. Et de conclure : « Il convient de garder la tête froide. Et je m’adresse aussi bien à mes collègues de parti qu’à l’ensemble de la classe politique. »

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