Comme dans le reste de la Belgique, les Ardennes ont enregistré, au premier semestre 2022, une baisse du nombre de transactions immobilières et une hausse des prix de vente inférieure au taux d’inflation. Mais une chose est sûre : la responsabilité de la situation n’est pas à chercher du côté des Flamands. À Rendeux, un village situé entre Durbuy et La Roche-en-Ardenne, 60 % des acquéreurs étaient originaires du nord du pays.
Entre les Flamands et les Ardennes, c’est toute une histoire, à en croire la dernière édition du Baromètre des notaires, qui livre une analyse détaillée du marché immobilier d’une vingtaine de communes ardennaises. Au cours des six premiers mois de l’année, 30 % des logements ont été achetés par des Flamands à Durbuy et à Houffalize, 40 % à Vresse-sur-Semois et à Gedinne, et même 60 % à Rendeux.
« Rendeux est un de ces villages au charme typiquement ardennais, avec ses nombreuses fermettes bâties en pierre naturelle locale, le tout dans un paysage idyllique traversé par l’Ourthe. Sans compter que Durbuy, La Roche-en-Ardenne et Houffalize se trouvent à proximité », résume Cédric Lerusse, le bourgmestre. « Les prix expliquent aussi, sans aucun doute, l’engouement que suscite le village : pour les Flamands à la recherche d’une résidence secondaire, le marché est encore largement accessible. »
Non au village fantôme
Même son de cloche du côté de Frédéric Dumoulin, notaire à Durbuy : « À Rendeux, l’immobilier est, globalement, plus abordable que dans les trois autres villages de la région qui ont plus la cote : à Houffalize, il faut tabler sur au moins 250 000 euros, à Durbuy 220 000 euros et à La Roche-en-Ardenne 210 000 euros — contre “seulement” 172 500 euros à Rendeux. On enregistre certes une progression depuis quelques années, mais avec un prix de vente médian de 180 100 euros (c’est-à-dire que la moitié des transactions se font à un montant plus élevé, l’autre moitié à un coût inférieur, NDLR), les Ardennes restent plus accessibles que le reste du pays. » À titre de comparaison : en moyenne, une maison coûte 199 000 euros en Wallonie et 310 000 en Flandre.
La popularité de Rendeux suscite néanmoins des sentiments mitigés chez le bourgmestre : « Celles et ceux qui souhaitent résider ici, à titre permanent ou secondaire, sont plus que bienvenus. Le tourisme est également primordial. Mais la population locale ne doit pas être évincée du marché — sinon, le village ne vivra plus que pendant les vacances et les week-ends, pour se dépeupler le reste de l’année. Nous ne voulons pas que Rendeux devienne un village-vacances, et encore moins un village fantôme. »
