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L’Église face à ses démons : la rédemption ne sera pas un chemin de croix
13·09·23

L’Église face à ses démons : la rédemption ne sera pas un chemin de croix

Jeroen Bossaert est journaliste pour le quotidien Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo de Kelly Sikkema sur Unsplash

Lundi, Johan Bonny a vidé son sac sur les ondes de Radio 1 : « Je ne suis pas devenu prêtre pour nettoyer tout ça », a-t-il lâché sans sourciller. Par « tout ça », l’archevêque d’Anvers fait référence aux abus commis sur des enfants au sein de l’Église catholique en Belgique. Alors que la VRT vient de lancer une série documentaire, Johan Bonny et ses congénères se voient à nouveau confrontés au problème.

À travers le reportage baptisé « Godvergeten » (« Les oubliés des Dieu » ou « Les-laissés pour-compte », ndlr), des milliers de Flamands peuvent (re)découvrir le sombre passé d’une institution qui a employé des pédophiles pendant de longues décennies, leur offrant tout le loisir d’assouvir leurs pulsions sur des enfants innocents. À l’époque, celles et ceux qui osaient en parler n’étaient pas crus ou, pire encore, se heurtaient à certaines résistances. Ces sévices, perpétrées au nom de Dieu, ont détruit la vie de milliers de Flamands.

La série n’est pas terminée – trois épisodes doivent encore être diffusés – mais les détails déjà évoqués par les intervenants font froid dans le dos. Chaque phrase prononcée par les victimes et leurs proches dégage colère et chagrin. Leur douleur est pour ainsi dire inconcevable.

Les pédophiles méritent une seconde chance, mais…

Johan Bonny regrette toutefois que l’église n’ait pas voix au chapitre dans le documentaire. « C’est à croire que nous n’avons rien fait au cours de ces dernières années. La frustration est grande. Nous faisons le ménage et ne recevons que peu de gratitude en retour. » Cette phrase, qui n’est qu’un extrait d’une longue conversation, interpelle.

En quoi faudrait-il lui accorder notre reconnaissance, au juste ? Parce qu’il a fait ce que toute honnête homme aurait fait ? Voilà qui en dit long sur l’Église : elle attend des applaudissements pour une action on ne peut plus normale, à savoir venir en aide aux victimes d’abus. Le père Bonny aurait mieux fait de ravaler ses critiques. Sa « souffrance » est dérisoire au regard de ce qu’ont enduré les jeunes victimes d’attouchements. Dans les semaines à venir, ces dernières méritent de se retrouver enfin sous les feux des projecteurs après de longues années réduites au silence pendant que les prêtres, curés et évêques, eux, s’exprimaient en toute liberté.

« L’église attend des applaudissements pour une action on ne peut plus normale, à savoir venir en aide aux victimes d’abus. »

Il est vrai que l’Église catholique belge a pris des mesures allant dans le bon sens. Il existe des lignes d’assistance téléphonique depuis 2012, des rapports annuels transparents sont publiés, les victimes sont entendues et accompagnées, les auteurs présumés sont immédiatement suspendus, les délits prescrits font l’objet de réparations et les délits non prescrits sont renvoyés au ministère public. Autant d’éléments positifs, certes, mais qui coulent de source. Et qui ne compensent pas la cruauté et la barbarie dont cette institution a fait preuve dans le passé. Loin s’en faut. Johan Bonny et son clergé doivent se faire à l’idée. La rédemption ne sera pas un chemin de croix. À l’Église de porter le fardeau, comme l’ont porté les victimes pendant de nombreuses années. Seules, et en silence.

L’Eglise catholique belge plus divisée que jamais

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