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Google Actualités favorise la propagande chinoise en Belgique
20·02·23

Google Actualités favorise la propagande chinoise en Belgique

Cet article paru sur le site d’Apache entre dans le cadre de CrossOver , un projet qui analyse les algorithmes des médias sociaux à la recherche de désinformation.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Photo de Rubaitul Azad sur Unsplash

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

En Belgique, lorsque nous recherchons sur Google Actualités des informations sur le Xinjiang, nous obtenons une bonne dose de propagande chinoise. C’est surtout le côté francophone qui reçoit des articles de sites bien établis en Chine. Ces articles, plus positifs les uns que les autres, oublient de mentionner les violations des droits humains à l’encontre de la minorité musulmane ouïghoure.

Les utilisateurs francophones de Google Actualités en Belgique pourront l’affirmer sans peine : lorsqu’ils effectuent une recherche sur le Xinjiang, ils obtiennent des sources douteuses provenant de Chine. La région autonome du nord-ouest de la République populaire de Chine inquiète pourtant depuis quelque temps les organisations de défense des droits humains, en raison du traitement abominable qu’y subit la minorité ouïghoure.

Sur les plus de deux cents sources de Google Actualités qui traitent du Xinjiang, seules six appartiennent à des médias contrôlés par Pékin. Une étude menée par Crossover du 1er février 2022 au 1er février 2023 a démontré que ces six sites publient ensemble environ 27 pour cent du nombre total d’articles sur le sujet.

Des médias à la solde du régime chinois

Commençons par expliquer brièvement en quoi consiste Google Actualités. Ce service gratuit de Google, lancé en 2002, a pour objectif de fournir un aperçu des articles d’actualité intéressants provenant de sources et de pays différents. Pour ce faire, un algorithme regroupe les articles similaires et les affiche chez l’internaute qui effectue la recherche.

« Les deux sources les plus obtenues lorsque l’on recherche « Xinjiang » dans Google Actualités sont gérées par le régime chinois »

L’enquête de CrossOver, basée sur l’analyse des algorithmes de recommandation sur les réseaux sociaux, établit qu’une quantité impressionnante de résultats de recherches sont issus de sources francophones prochinoises. Et ce contenu provient de sources contrôlées par l’État chinois. Les deux sources les plus obtenues lorsque l’on recherche « Xinjiang » dans Google Actualités sont gérées par le régime chinois.

À titre de comparaison, le premier résultat régulier non chinois est le site du journal français Le Figaro. Le premier résultat belge est le site de la RTBF. Google Actualités présente donc des articles de toute une série d’éditeurs internationaux, mais les Belges ne représentent qu’une petite minorité des sites sélectionnés.

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Priorité à l’autopromotion

Mais alors, qui sont les acteurs chinois dominants ? Le premier est, sans conteste, la branche francophone de China Internet Information Center, un média dirigé directement par Pékin. Ce « centre d’information » est de loin la source la plus productive sur le Xinjiang.

La propagande affichée par Google Actualités n’aborde quasiment jamais les Ouïghours, et encore moins les violations des droits humains

Il est suivi par un autre média contrôlé par l’État : la version française de People’s Daily, un journal de premier plan en République populaire de Chine. Et pour compléter le podium, nous avons la New China News Agency, le site de l’agence de presse officielle de la Chine, Xinhua, dirigée par le Parti communiste chinois.

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Ces canaux, qui publient généralement en français ou en anglais, n’hésitent pas à faire de l’autopromotion quand il s’agit du Xinjiang. Les musulmans ouïghours, la plus grande minorité ethnique de la région, y sont opprimés par le gouvernement chinois. De plus en plus de preuves démontrent que les Ouïghours sont forcés à renier leur religion et leur culture. On parle d’internement et de maltraitance dans les « camps de rééducation » du Xinjiang.

Pourtant, d’après les autorités chinoises, il n’est pas question de répression vis-à-vis de la communauté musulmane ouïghoure. Et ceci se traduit aussi dans la propagande sur Google Actualités : principalement positive, elle n’aborde quasiment jamais les Ouïghours, et encore moins les violations des droits humains.

Bien au contraire, les sites contrôlés par l’État publient toute une série de nouvelles positives sur le tourisme, sur l’agriculture ou sur les infrastructures dans la région. « Le secteur du tourisme attire des entrepreneurs du monde entier », titre un article. Un autre se réjouit de la fin des travaux de gestion de l’eau dans les régions du Xinjiang où se pratique l’élevage.

L’importance du timing

Tout ceci peut s’interpréter comme une stratégie délibérée du régime chinois pour influencer la presse au sujet du Xinjiang. En effet, les actualités qu’envoie la Chine contrastent fortement avec les nouvelles occidentales publiées sur Google Actualités. Les médias français et belges, par exemple, traitent surtout des questions de droits humains et d’oppression des Ouïghours par Pékin.

Cependant, la domination médiatique de la Chine est grande sur Google Actualités, tant et si bien qu’elle risque de reléguer au second plan le journalisme critique, au bénéfice de l’autoglorification du gouvernement chinois. Et plus les médias occidentaux mettront en lumière la situation des Ouïghours, plus l’État chinois publiera des articles à son avantage.

À titre d’illustration, nous avons assisté à un pic de publications chinoises à l’automne 2022. Comme par hasard, c’est précisément au moment même où Amnesty International a appelé les Nations unies à enquêter sur les crimes contre les Ouïghours.

Une contre-offensive similaire a eu lieu l’été passé. Alors que les Nations unies annonçaient un rapport très attendu sur le traitement des Ouïghours par la Chine, nous avons noté, sur Google Actualités, une domination de la presse à la solde du régime chinois.

Manque de transparence

Les constats ci-dessus confirment une étude antérieure de CrossOver qui se concentrait sur les actualités provenant de Russie sur YouTube. Cette étude démontrait que les médias chinois, CGTN Français en tête, dominaient l’actualité sur l’invasion russe.

Global Chinese Television Network (CGTN) est un média international appartenant au régime chinois. Cette branche française a permis au média d’atteindre l’utilisateur belge de YouTube.

Nous ne savons toujours pas selon quels critères Google Actualités classe ses sources

Il s’agit de tentatives, de la part de la Chine, de diffuser son autopromotion à grande échelle par l’intermédiaire de ses médias officiels. Et ces tentatives sont renforcées par l’opacité des algorithmes des médias et des plateformes en ligne.

Google Actualités ne fait pas exception en termes de manque de transparence. En effet, quels sont les critères qui permettent d’attribuer les premières places sur Google Actualités ? Nous avons essayé de contacter Google et les hébergeurs des médias chinois, mais nous n’avons pas pu obtenir de réponse à cette question.

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Nous ne savons toujours pas selon quels critères Google Actualités classe ses sources. Sur sa page d’aide, Google décrit le processus de sélection des articles d’une manière assez vague :

« Les algorithmes informatiques déterminent les contenus affichés dans Google Actualités. Ces algorithmes déterminent quels articles, images et vidéos s’affichent et dans quel ordre. Il peut cependant arriver que les éditeurs et les équipes Google Actualités, entre autres, sélectionnent des articles. »

La même page d’aide signale également que des résultats personnalisés peuvent s’afficher chez les utilisateurs connectés à leur compte Google.

Étant donné que la méthodologie de CrossOver ne s’appuie pas sur des profils d’utilisateurs ni sur des paramètres de gestion des préférences dans Google Actualités, nos résultats ne proviennent pas d’un affichage personnalisé. Nos données ont à chaque reprise été collectées comme celles d’un nouvel utilisateur, non connecté aux services de Google.

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