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Pollution au PFOS: l’environnement reste le talon d’Achille de la Flandre
15·06·21

Pollution au PFOS: l’environnement reste le talon d’Achille de la Flandre

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Markus Spiske on Unsplash

Isabel Albers
Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Les nerfs sont tendus au sein du gouvernement flamand, et ce, à bien des égards. L’OVAM, la société publique flamande de traitement des déchets, sera présente ce lundi au conseil des ministres spécial afin d’y exposer par le menu le dossier de la pollution au PFOS (un polluant organique classé comme perturbateur endocrinien) du site 3M de Zwijndrecht. La semaine passée, après quelques querelles politiques au sein même de la majorité à la suite d’une décision inattendue de la ministre de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA), la Flandre s’est résolue à mettre sur pied une commission d’enquête parlementaire à ce sujet.

Ce qui explique le mieux la nervosité ambiante, c’est probablement le manque de cohésion du gouvernement flamand. Zuhal Demir joue les Robin des Bois, mais ni son parti ni ses partenaires de coalition n’ont apprécié son échappée en solitaire, considérée comme un nouveau camouflet pour l’exécutif de Jambon I, qui ne brillait déjà pas par sa collégialité.

Mais trêve de politique politicienne : il y a de meilleures raisons d’être inquiets. Tout d’abord, il y a bien sûr les risques sanitaires et la préoccupation de la population. Des scientifiques anversois ont recommandé aux riverains de limiter la consommation d’œufs des poules de la région à cause d’une trop forte exposition au PFOS. Par riverains, on entend un petit million d’habitants, résidant de Saint-Nicolas à Boechout et Brasschaat, en passant par Anvers.

Quel risque les citoyens courent-ils précisément en ce moment ? La pollution ne touche-t-elle que les nappes phréatiques ou bien existe-t-il d’autres modes de contamination ? Les gouvernements flamands de ces vingt dernières années ne peuvent pas tomber des nues, car en 2004 déjà, on a retrouvé des traces de pollution au PFOS, et on sait que cette pollution ne se limite pas au site de 3M. Ainsi, il y a 17 ans, des chercheurs ont révélé que les rats des champs de la réserve naturelle jouxtant le site de 3M présentaient les taux de PFOS les plus élevés au monde.

Ces gouvernements ont-ils réagi aux rapports successifs au maximum de leur capacité, eu égard aux connaissances et aux techniques de l’époque ? Ou bien peut-on parler de négligence consciente et collective des ministres compétents (souvent CD&V, mais aussi Groen avec Jef Tavernier) ? C’est sur ce point que l’OVAM doit apporter davantage de lumière.

Deuxième cause de souci pour la Place des Martyrs : quelle sera l’ampleur du dossier ? Groen, dans l’opposition, demande d’ores et déjà d’étendre les travaux de la commission d’enquête à toute la famille des PFAS, c’est-à-dire des substances perfluoroalkylées à laquelle appartient le PFOS. Les normes en la matière sont-elles suffisamment strictes ? Plusieurs entreprises présentes dans le port d’Anvers seraient alors visées, et des risques sanitaires pourraient aussi apparaître en dehors d’Anvers. Quelle hypothèque cela laisse-t-il à ces entreprises ?

Mais la raison la plus concrète et la plus lourde de conséquences de la nervosité du gouvernement flamand et de l’Hôtel de ville anversois, c’est l’Oosterweel. En effet, il se peut que le chantier du siècle, qui a déjà parcouru un long chemin de croix avant même de voir le jour, subisse un sérieux ralentissement. En tout cas, le gouvernement flamand a prévu, vendredi, l’immobilisation du chantier.

Si le dossier PFOS illustre bien une chose, c’est que l’environnement et le climat constituent le talon d’Achille de cette grande communauté urbaine qu’est la Flandre. Le dossier de l’azote et les problèmes de l’eau et du bétonnage du sol l’ont déjà prouvé. Il en va de même pour les émissions de CO2, qu’il faut diminuer de 40 % d’ici 2030, et pour les immenses défis que cela entraîne pour l’industrie et l’agriculture. Sans oublier l’épineuse question de l’aménagement du territoire : comment concilier, sur un aussi petit territoire, industrie, agriculture, résidentiel, environnement et climat ?

Et l’héritage n’a rien de réjouissant. La politique flamande de ces dernières années en la matière est à l’image du panorama de la Région : une longue rangée de baraques reposant sur des fondations branlantes. Et, partant de cet héritage, le gouvernement flamand actuel doit trouver un équilibre entre normes environnementales réalistes et économie. Autant dire que la marge de manœuvre se réduit comme peau de chagrin.

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