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Elections communales: la suppression du vote obligatoire en Flandre inquiète certains partis
11·06·21

Elections communales: la suppression du vote obligatoire en Flandre inquiète certains partis

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Jennifer Griffin on Unsplash

Mardi, le Parlement flamand s’est penché sur le projet de « renforcement de la démocratie locale » du gouvernement Jambon. Ce projet concerne la réforme des élections locales, à savoir l’élection directe du bourgmestre, la suppression du vote en case de tête et la suppression de l’obligation de vote. Ce dernier point suscite des réticences depuis plusieurs mois.

Pour justifier sa proposition, le gouvernement flamand avance que les hommes et les femmes politiques devront s’engager davantage pour convaincre le corps électoral. De nombreux universitaires trouvent que l’argument sonne creux. À leurs yeux, le meilleur moyen d’inciter l’électeur à se rendre aux urnes reste cette petite phrase sur le bulletin de vote : « le vote est obligatoire ». Malgré l’absence de poursuites quand elle est violée, cette obligation pousse la population à réfléchir à ce qu’elle veut.

La mesure ne fait pas l’unanimité

Les partis de la majorité (N-VA et Open Vld) veulent supprimer le vote obligatoire depuis bien longtemps. Au CD&V, c’est différent: les avis des démocrates-chrétiens sont partagés, et on a pu s’en rendre compte mardi. Lors du débat, au parlement flamand, le député Brecht Warnez, élu de Flandre-Occidentale, a plaidé pour une approche « extrêmement prudente » de la question de l’abolition du vote obligatoire. « Sinon, », a-t-il souligné, « certains groupes de population risquent de ne plus être pris en compte dans la politique régionale ».

La Flandre compte 300 communes, qui ont toutes leurs propres traditions et leur propre singularité politiques. Prédire la liste des partis à qui la suppression du vote obligatoire pourrait bénéficier – ou nuire – est extrêmement difficile. Ce qui est sûr, selon certains universitaires comme Johan Ackaert, politologue, spécialiste des questions de politique locale à l’université de Hasselt, c’est que certains groupes socialement plus faibles seront davantage enclins à ne plus se déplacer.

Le premier parti auquel on pense est le Vlaams Belang, traditionnel réceptacle des votes de rejet. Les socialistes de Vooruit, eux aussi, pourraient subir le contrecoup. On ne s’étonnera donc pas que Vooruit, le mois dernier, ait qualifié la fin du vote obligatoire de « plus lourde gaffe de l’actuelle génération politique : une faute historique ». Le CD&V pourrait perdre des électeurs fidèles. Des seniors ayant du mal à se déplacer iront-ils encore voter ?

Selon certaines estimations – même si toutes les études ne concordent pas – les principaux bénéficiaires d’une telle mesure, sur le plan électoral, seraient les libéraux. Hasard ou non, c’est justement Bart Somers (Open Vld) qui pilote la réforme de la démocratie locale. Pour lui et pour Gwendolyn Rutten (l’ancienne présidente du parti, qui a encore participé à la négociation de l’accord de gouvernement), la fin du vote obligatoire est une question idéologique : la population ne doit voter que si elle le veut. En Europe, les pays qui pratiquent le vote obligatoire sont l’exception et non la règle.

La nécessité d’une évaluation

Une chose est sûre: la majorité de centre-droit au pouvoir en Flandre compte bien poursuivre son projet de rénovation de la démocratie locale. Un premier vote est prévu au parlement dès la semaine prochaine.

« Le système actuel est loin d’être parfait. Lors des dernières élections, quelque 7 % des électeurs n’ont pas voté. Il faut donc faire quelque chose », a commenté M. Warnez (CD&V) par téléphone. « En revanche, j’attends de Bart Somers qu’il accorde aux administrations communales, aux écoles et à la société civile des moyens supplémentaires pour mettre en place des projets visant à attirer un maximum d’électeurs dans l’isoloir. Cela nécessitera de grands efforts de communication et de sensibilisation des groupes cibles. »

Le CD&V demande en tout cas une évaluation de la réforme au lendemain des prochaines élections locales, en 2024. Brecht Warnez insiste : « Si l’on constate une démobilisation massive de certains groupes vulnérables, il faudra oser revenir sur cette suppression du vote obligatoire. Les politiques doivent être capables de ne pas s’accrocher à leurs positions. »

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