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Relance: le gouvernement flamand sème les subventions comme s’il en pleuvait
26·12·22

Relance: le gouvernement flamand sème les subventions comme s’il en pleuvait

Jeroen Bossaert est journaliste pour le quotidien Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

DIRK WAEM (BELGA)

Ces derniers mois, en Flandre, on sème les subventions comme s’il en pleuvait. Depuis que l’Europe, en 2021, a déposé Rue de la Loi une corbeille de 1,7 milliard d’euros, histoire de « relancer » l’économie après le coronavirus, c’est tous les jours Noël. Un centre d’interprétation sur le thème du chocolat et de la bière ? Une subvention ! Des groupes de médias — rentables — qui rêvent de créer une plateforme de podcasts ? Une subvention ! Organiser un salon technologique ? Une subvention ! Un festival du cinéma flamand ? Une subvention ! Le ministre-président Jan Jambon a beau nommer son plan « Vlaamse Veerkracht » (résilience flamande), son gouvernement ressemble de plus un plus à un club d’extravagants philanthropes.

Le mode de répartition des fonds du plan Veerkracht mérite un complément d’enquête : quand il y a tant d’argent à ramasser, les démons du conflit d’intérêts et du clientélisme ne sont pas loin. Ainsi, notre rédaction (Het Laatste Nieuws) a étudié une enveloppe de 120 millions d’euros dédiée aux universités et aux centres de recherche, et constaté que la porte était ouverte aux abus.

Le cabinet de la ministre de l’Innovation de l’époque, Hilde Crevits (CD&V), ne s’est guère soucié des lignes de démarcation entre le monde politique et l’administration. Normalement, en matière de subventions, le cabinet fixe les grandes lignes, après quoi il appartient aux fonctionnaires de répartir les fonds en conséquence. C’est d’ailleurs ce que Hilde Crevits notait dans les textes officiels.

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En réalité, tout est passé par une poignée de membres du cabinet Crevits : ce sont eux qui ont décidé qui aurait droit à une partie de ces 120 millions d’euros — et qui n’y aurait pas droit.

Grâce aux règles d’accès aux documents administratifs, nous avons pu prendre connaissance d’échanges de courriels dont il ressort que le cabinet est allé très loin lorsqu’il s’est agi d’imposer ses volontés. Quant à la sélection des projets, elle relevait essentiellement d’activités de lobbying : il suffisait de convaincre le cabinet pour sortir gagnant. Apparemment, alors même que la procédure était pratiquement terminée, il n’était pas bien difficile d’obtenir quelque chose : il suffisait d’adresser un courrier ou un courriel bien tourné à Hilde Crevits. « Chère Madame la Ministre, pourrions-nous, nous aussi, recevoir quelque argent ? »

« Tout est passé par une poignée de membres du cabinet Crevits : ce sont eux qui ont décidé qui aurait droit à une partie de ces 120 millions d’euros — et qui n’y aurait pas droit. »

Au sein du gouvernement, cette façon de travailler est jugée parfaitement normale. Certains experts y voient plutôt une culture de gestion malsaine, voire une « maladie flamande ». Au sein de la majorité, on ne se bouscule pas, pourtant, pour établir un diagnostic. L’opposition, elle, est parfaitement disposée à creuser davantage, et a réclamé copie des documents qui permettraient de vérifier les méthodes de travail du cabinet Crevits. C’est un bon début, mais ne faut-il pas aller plus loin ?

Le gouvernement Jambon a déjà distribué tant de subventions « Veerkracht » qu’il n’est plus possible d’en avoir une vue d’ensemble. Et encore moins de juger si ces fonds ont tous été distribués de manière équitable. Exiger que les cabinets gèrent leurs dossiers avec une transparence maximale n’a rien d’excessif. Si au sein du gouvernement, tout le monde est convaincu qu’on ne trouvera aucun cadavre dans les placards, pourquoi craindrait-on d’en ouvrir tout grand les portes ?

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