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Pour les excuses, il faudra repasser, mesdames et messieurs les Congolais !
22·12·22

Pour les excuses, il faudra repasser, mesdames et messieurs les Congolais !

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws. Elle était l’une des expertes dans la deuxième saison de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous découvrir la Flandre à vélo.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

ERIC LALMAND (BELGA)

Ainsi donc, nos parlementaires rétropédalent après un simple avis du roi ? N’ont-ils donc aucun courage ?

« Pouvons-nous exiger de Wouter De Vriendt (Groen) qu’il paie des réparations au contribuable ? » Cette boutade, c’est l’ancien politicien Hendrik Vuye qui l’a lâchée lorsqu’il s’est adressé au président de la commission de la Chambre qui a enquêté sur notre passé colonial. Mais elle pourrait s’appliquer à tous les membres de cette commission. Quelle désolation, en effet, de constater que deux ans et demi de travail parlementaire n’ont servi à rien. Plus de 150 experts ont été entendus. Quelques députés ont même effectué le voyage jusqu’au Congo, au Rwanda et Burundi afin de découvrir ces pays de leurs propres yeux. Et tout cela pour que la montagne accouche d’une souris !

L’accord que Wouter De Vriendt pensait avoir obtenu était en fin de compte construit sur du sable – comme le gouvernement fédéral. Il pointe du doigt la particratie, entre autres. Quel triste spectacle que celui offert par ces parlementaires membres de la commission d’enquête demandant comment voter à leur président de parti avant le vote final, pour finalement retourner leur veste. De là à dire que ce spectacle a suscité l’émoi, il y a toutefois un pas tant la pratique est hélas courante dans notre démocratie parlementaire.

Une visite officielle au Congo qui ne doit pas prendre des airs de propagande électorale

Ce qui a fait couler beaucoup d’encre, en revanche, c’est l’influence qu’a eue le roi sur nos parlementaires, ainsi que sur certains partis. Un coup de tonnerre qui a bien évidemment donné matière à débat, mais surtout sur le (manque de) courage de nos parlementaires. Dans un pays où la monarchie ne détient pour ainsi dire aucun pouvoir politique, suffit-il d’une question, d’un avis ou d’un coup de fil du roi pour qu’ils courbent l’échine ? À quoi s’attendent-ils de la part de notre souverain ? Pensent-ils qu’il les évincera de l’ordre de Léopold ? Qu’il refusera de signer un arrêté royal ? Le roi peut exprimer tous les avis qu’il veut, ce sont les hommes et les femmes politiques qui ont le droit et le devoir de faire ce qu’ils estiment utile. Ou de ne rien faire du tout, comme dans le cas du Congo…

« Le roi peut exprimer tous les avis qu’il veut, ce sont les hommes et les femmes politiques qui ont le droit et le devoir de faire ce qu’ils estiment utile. »

Sorry seems to be the hardest word (note du traducteur : « pardon semble être le mot le plus difficile à prononcer », référence à une chanson d’Elton John). Pardon est le mot qui a tout fait capoter ici. Beaucoup de Flamands s’indignent à l’évocation de ce mot. Mais qu’ont-ils donc à voir avec le péché originel commis par Léopold II et avec la politique menée à l’époque ? Rien, bien évidemment, mais là n’est pas la question. Ce dont il s’agit, c’est de reconnaître un passé en tant que pays, sans rejeter le moins du monde la faute sur celles et ceux qui y vivent aujourd’hui. Demander pardon ne coûte rien, en réalité, sauf si ces excuses à propos de notre passé colonial s’accompagnent de réparations astronomiques. Le PS était prêt à aller aussi loin – avec lui, l’argent n’est jamais un problème, semble-t-il.

Cette discussion dure depuis le mois de juin et le voyage du roi au Congo au cours duquel il a exprimé ses regrets, sans toutefois présenter ses excuses. Le débat sur les mots était une affaire belgo-belge car au Congo, le mot « excuses » fleurissait dans tous les journaux au lendemain du discours de notre monarque. Les Congolais n’ont pas de temps à perdre en discussions sémantiques, ils ont un pays à sortir de l’ornière, un avenir meilleur à construire. Nos politiciens feraient bien de prendre exemple sur eux, ou nous finirons par leur réclamer des réparations !

Le Congo perpétue la corruption héritée du passé colonial

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