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Frontnacht : retour sur une semaine qui a mené à l’annulation du festival d’extrême droite
21·08·22

Frontnacht : retour sur une semaine qui a mené à l’annulation du festival d’extrême droite

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Photo de la page Facebook de Frontnacht

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Auteure

La première édition de la Frontnacht devait rassembler des groupes de musique identitaires proches de mouvements d’extrême-droite à Ypres. Annulé depuis le mardi 16 août, cet événement a fait beaucoup parler de lui ces derniers jours. Retour sur une semaine mouvementée qui a mené à l’annulation d’un festival qui n’aura pas pu voir le jour.

« La révolution blanche est la seule solution pour purifier le monde de la pollution juive » (White revolution is the only solution to cleanse the land of the fewish pollution en anglais) : voici un extrait d’une chanson de Flatlander, un groupe néerlandais programmé à la Frontnacht. Il s’agit à l’origine d’un titre du groupe néonazi, Brutal Attack, dans lequel la première lettre du mot juif a été remplacé pour éviter les accusations d’antisémitisme.

A l’affiche, on retrouvait également Bronson, un groupe italien fervent admirateur de Benito Mussolini et Flatlander, Harm-Jan Smit de son vrai nom, un suprémaciste blanc avéré. Andréas V.H , ancien membre de Schild en Vrienden, mieux connu sous son nom de scène DJ Dré Draait Graag Plaatjes (Dré tourne les platines avec plaisir), devait également se produire à Ypres.

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Cette première édition devait avoir lieu le 27 août, la veille de la Veillée de l’Yser, (Yserwake) un rassemblement nationaliste flamand. Né en 2003 à la suite d’un clivage avec le pèlerinage de l’Yser, la veillée de l’Yser rassemble la branche plus radicale du mouvement nationaliste flamand.

Annulation ou pas ?

Différentes organisations ont tiré la sonnette d’alarme. Le 5 août, l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (OCAM) avait alerté quant à la dangerosité d’une telle affiche.

Quatre jours plus tard, le collectif pour la paix d’Ypres, Vredescollectief a relevé d’autres exemples criants d’antisémitisme, de fascisme et de racisme des groupes. Dans une lettre ouverte envoyée au ministre de l’Intérieur et au conseil communal, le collectif s’est fermement opposé à la tenue du festival, qui avait d’abord reçu une autorisation soumise à conditions.

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Mais c’est la parution d’un article dans Het Nieuwsblad et la Gazet Van Antwerpen le 16 août qui a mis le feu aux poudres. Vu l’ampleur que prenait l’information dans les médias, les autorités communales d’Ypres ont décidé de se réunir le jour-même pour décider de l’annulation ou non.

Réactions politiques à la chaîne

Le parti socialiste flamand a rapidement fait pression pour l’interdiction du festival. Le président de Vooruit a demandé aux échevins de son parti de quitter le conseil communal d’Ypres si la manifestation devait avoir lieu. Pour rappel, le conseil communal d’Ypres est constitué d’une coalition entre l’Open Vld, la N-VA et Vooruit.

Le président Conner Rousseau reproche aux artistes invités par l’organisation d’être dangereux et de véhiculer des discours haineux. : « Nous voulons une société tolérante. Tout le monde doit pouvoir se sentir à l’aise en Flandres et à Ypres ».

Egbert Lachaert, président de l’Open Vld, la famille politique de la bourgmestre d’Ypres, a réagi sur Twitter où il exprime son mécontentement : « se menacer les uns les autres au sein d’une coalition locale ne résout rien. Les responsabilités se prennent à table, ensemble et collégialement. Je suis persuadé que la ville d’Ypres prendra la bonne décision et ne laissera pas cet événement se produire ».

Du côté du parti Groen, le vice-président Jeremie Van Eeckhout, plaidait également pour l’annulation de cette manifestation aux allures néofascistes, racistes et antisémites en demandant à la bourgmestre de la ville d’Ypres de « prendre ses responsabilités ».

Expérimentation

Le 16 août dans l’après-midi, le collège communal d’Ypres a décidé à l’unanimité de ne pas autoriser la tenue du festival Frontnacht. D’après l’échevin des événements d’Ypres, Diego Desmadryl (Open Vld), l’une des conditions pour organiser ce festival était de ne pas inviter sur scène des groupes liés au néo-nazisme ou néofascisme. Une condition visiblement pas respectée.

Au lendemain de cette annulation, le député fédéral du Vlaams Belang, Dries Van Langenhove, a posté sur Twitter qu’il faudrait peut-être expérimenter la création d’une ville réservée aux Flamands de souche. Il y tournait en dérision la richesse multiculturelle : « Les médias découragent les personnes de couleurs de se rendre à Ypres. Une idée pas si folle que ça ! ». Un message volontairement provocateur que l’auteur s’est empressé de supprimer.

Le tweet de Dries Van Langenhove a été condamné par tous les partis politiques en Belgique. Tous ? Sauf Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, qui a expliqué par la suite sur Twitter que le point de vue de Dries Van Langenhove n’était pas celui du parti.

Avant d’ajouter que la couleur de peau n’est pas un problème « pour le Vlaams Belang mais que « l’immigration de masse et l’islamisation l’étaient plus que jamais ». Le tout accompagné d’une illustration d’une jeune femme et sa fille, toutes deux blondes à la peau blanche, suivi du message « notre peuple d’abord ».

Theo Francken (N-VA) a également pris part au débat sur l’expérimentation ethnique lancé par le Vlaams Belang. Sur Twitter, il écrit que « ce n’est pas l’origine qui est importante, mais la langue, la culture et l’avenir. L’idée d’une expérience rassemblant une ethnie flamande n’a donc aucun sens ».

Organisateurs au Conseil d’État

Deux jours après l’annonce officielle d’annulation de Frontnacht, les organisateurs du festival ont réclamé le remboursement des dédommagements bien que la Ville s’y refuse. Ils ont saisi le Conseil d’État car ils considèrent que les motifs du retrait de l’autorisation pour le festival Frontnacht sont infondés et liés à des pressions de la gauche et de l’extrême gauche.

La Ville d’Ypres a pour sa part annoncé avoir prévu des effectifs policiers supplémentaires pour éviter tout incident lors du week-end de la Veillée de l’Yser.

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