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Violences liées à la drogue : pourquoi continuer à appliquer des remèdes inefficaces?
23·08·22

Violences liées à la drogue : pourquoi continuer à appliquer des remèdes inefficaces?

Stavros Kelepouris est journaliste pour le quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Bru-n0 via Pixabay

Auteur⸱e
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Une, deux, trois, peut-être même quatre : combien d’explosions et de fusillades les habitants d’Anvers doivent-ils encore craindre cette semaine ? Une chose est sûre : les épisodes de violence liée au trafic de stupéfiants ne cesseront de se multiplier. En effet, quiconque a ouvert un journal ou allumé la télévision au cours des derniers jours ne peut parvenir qu’à une seule conclusion : on continue de faire du neuf avec du vieux. Pour lutter contre la violence, on applique toujours les mêmes recettes éculées.

La guerre contre la drogue menée à Anvers devrait prendre la forme d’une lutte contre le trafic de stupéfiants en bande organisée, dont la ville n’est, somme toute, qu’un rouage d’une vaste machine dont l’action s’étend d’Amsterdam à Dubaï en passant par la Colombie. Or, ce réseau international est à bien des égards insaisissable, et les moyens dont disposent ses membres sont tels qu’il devient quasiment impossible, pour les services de sécurité déployés au niveau local et national, de les combatte à armes égales. Par conséquent, la guerre contre la drogue se résumé trop souvent à une lutte contre de petits voyous et des jeunes désœuvrés qui ne pèsent pour rien à l’échelle du réseau.

Continuer d’employer la même méthode revient à vouloir vider la mer à la petite cuillère : quelques remous en surface, mais aucun changement de fond. Malgré son retentissement, le démantèlement du réseau Sky ECC, au sein duquel les criminels communiquaient librement — au sujet d’exécutions, de problèmes logistiques, de bénéfices se chiffrant en millions de dollars —, a montré à quel point cette lutte est asymétrique. Car avant Sky, d’autres coups avaient été portés à des services similaires. Les trafiquants passent d’un système à l’autre, mais le monde n’en devient pas moins violent pour autant.

Lutte contre la drogue : pas si simple pour Bart de Wever

Reste à savoir quelles sont les autres solutions possibles. Voilà des années que les experts et de nombreux responsables politiques progressistes réclament à grands cris la légalisation (partielle) des stupéfiants. Le raisonnement est le suivant : faisons sortir la drogue du marché clandestin, les violences se réduiront comme peau de chagrin. Le parallèle avec l’alcool n’est jamais bien loin. Or, il ne faut pas prétendre que la légalisation de l’alcool a fait disparaître tous les problèmes qu’il provoque. Les raisons ne manquent pas pour empêcher la libre circulation d’une énième catégorie de substances psychotropes. La légalisation n’a rien d’une panacée.

« Il n’est pas acceptable de continuer à appliquer un remède qui s’est avéré inefficace. »

Une autre proposition, consistant à attirer davantage l’attention des usagers de drogue sur les conséquences de leur consommation, semble également faire long feu. Car s’il est vrai que tout rail de coke est entaché de sang, la probabilité que cet argument suffise à convaincre les usagers de ne pas toucher à ce produit reste faible. Nul n’ignore que la plupart des téléphones portables et des jeans sont produits dans des conditions absolument contraires à l’éthique : ils proviennent d’ateliers de misère, sont fabriqués par des enfants ou se composent de toutes sortes de métaux lourds qui provoquent chez ceux qui les manipulent, bien loin d’ici, des maladies parfois mortelles. Ce qui n’empêche pas, sous nos latitudes, une bonne partie d’entre nous de glisser nos téléphones dans la poche de nos pantalons en toute insouciance.

La lutte contre le trafic de drogue commence par les consommateurs

Il n’existe pas de solution toute faite au problème du trafic de drogue. Mais il n’est pas acceptable pour autant de continuer à appliquer un remède qui s’est avéré inefficace. Ce week-end, dans l’émission dominicale du journal de VTM, la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), annonçait aux téléspectateurs qu’une patrouille supplémentaire — une seule — sillonnait désormais le centre-ville d’Anvers la nuit. Sans le vouloir, elle a surtout, par ces propos, souligné l’inanité de la stratégie actuelle des pouvoirs publics.

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