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19·12·17

Lutte contre la drogue : pas si simple pour Bart de Wever

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

CC0 Pexels

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

On ne peut pas en vouloir à un bourgmestre conservateur de droite – ce qu’est évidemment Bart De Wever (N-VA) – de privilégier une approche répressive dure pour contrer les problèmes flagrants liés à la drogue dans sa ville. C’est ce que les dirigeants conservateurs ont essayé partout : la fameuse war on drugs.

Le problème de cette approche, c’est qu’elle ne fonctionne pas. Bien entendu, une telle démonstration de pouvoir, ça fait de vous un homme fort, un dur-à-cuire. C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle les politiques persistent à commettre sans cesse la même erreur. En effet, même confrontés à leur propre échec, ils s’enfoncent et optent pour une solution pour le moins remarquable : encore plus de guerre. Mais cette technique ne fonctionnera pas davantage, même à Anvers.

Il n’est pourtant pas difficile de comprendre les raisons de l’échec de cette stratégie. Prenons un jardinier qui désherbe comme un sauvage, au petit bonheur la chance. Il pourra se vanter à la fin de la journée d’avoir rempli un seau de mauvaises herbes. Personne ne niera qu’il a fourni un travail acharné. Il n’en demeure pas moins que trois jours plus tard, les mauvaises herbes auront repoussé. Pourquoi ? Parce que les racines seront restées dans la terre.

Il en va de même dans la lutte contre la drogue. La war on drugs n’est pas une guerre, mais elle en donne l’illusion. On fournit bien trop d’efforts dans la lutte contre les symptômes visibles en surface : on s’attaque aux toxicomanes, qui commettent des délits, et aux dealers en première ligne. Par contre, on ignore en grande partie ce qui relève du crime organisé international. Ne nous y trompons pas : il faut fuir les solutions de facilité. La drogue déstabilise toute la société. Elle brise des personnes et des familles. La drogue est un problème sérieux, et il n’est pas question ici de le nier. En revanche, il faut accepter que cette soi-disant guerre ne résout manifestement pas le problème.

Mais quelle est la solution, dans ce cas ? Anvers est une ville portuaire d’envergure mondiale. Une partie de sa population a le profil du consommateur de drogues et une autre le profil du fournisseur. Il est clair qu’on ne pourra jamais bannir totalement la drogue d’une telle ville. Il serait naïf de le croire. Par contre, il est bel et bien possible d’endiguer le problème.

Inspirons-nous de l’exemple du Portugal, qui intéresse de nombreux chercheurs au niveau international. Voilà un pays qui a décriminalisé la consommation de la drogue. Les toxicomanes ne sont plus considérés comme des criminels, mais comme des malades. Par conséquent, plutôt que de les jeter en prison, on les aide. Non seulement pour des questions de santé publique, mais aussi parce que cela dégage du temps et des moyens afin que les mondes politique et judiciaire puissent s’attaquer aux racines du mal. Et cela passe, aujourd’hui, par l’amélioration des connaissances en termes de finances et de technologie informatique. Ce serait, visiblement, un moyen efficace de briser les circuits des narcotrafiquants.

Évidemment, décriminaliser la consommation (et seulement la consommation) peut donner l’impression d’une politique soft de progressistes naïfs et libertaires. Or, cette approche a déjà été adoptée – et continue de l’être – depuis des décennies par des gouvernements de gauche comme de droite. Simplement parce qu’elle fonctionne.

En termes de politique, l’efficacité n’est pas une qualité négligeable. Et cette qualité, la war on drugs ne la possède assurément pas.

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