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05·04·18

Pacte énergétique: l’accord du gouvernement Michel est un leurre

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Guillaume Deneufbourg

La stratégie énergétique illustre à merveille la devise du « décider de ne pas décider ». En agissant de la sorte, toutes les portes restent ouvertes. Y compris pour le prochain gouvernement.

Le week-end dernier est venu confirmer ce qui était dans l’air depuis vendredi : la sortie du nucléaire en 2025 n’est pas encore un fait accompli, malgré les cris d’euphorie qui se sont échappés de quelques sièges de partis bleus et orange.

Le gouvernement fédéral a présenté sa stratégie énergétique en grande pompe à un soupir des vacances de Pâques. Après des mois de guéguerres, nous étions en droit d’espérer une réponse à la question centrale : sommes-nous en mesure de fermer nos réacteurs nucléaires d’ici 2025 ? Or à nouveau, le point d’interrogation subsiste.

La sortie du nucléaire a beau avoir été formellement reconfirmée, un contrôle sera mis en œuvre dans les années à venir, sous pression de la N-VA, afin de vérifier que toutes les conditions requises soient strictement réunies. Ainsi, une centrale ne pourra fermer que si le prix de l’électricité ne s’envole pas, si les émissions de CO2 n’augmentent pas en flèche et si l’approvisionnement est assuré. En d’autres termes : les centrales nucléaires devront fermer d’ici 2025, à moins qu’elles ne doivent rester ouvertes plus longtemps.

En fin de compte, cette stratégie énergétique revient à prendre la décision de ne pas en prendre. Faute de consensus politique, le terme de « pacte énergétique » a été discrètement privilégié, tel un fourre-tout qui englobe diverses tactiques visant à atteindre l’objectif fixé. De la sorte, toutes les portes restent ouvertes. Y compris pour le prochain gouvernement.

Le fait que le président de la N-VA, Bart De Wever, se soit une nouvelle fois montré sceptique à l’égard du délai de 2025 dimanche dernier n’est pas une coïncidence. La probabilité de voir l’énergie nucléaire perdurer – que nous le voulions ou non – n’est pas négligeable. Non seulement les centrales à gaz permettent d’assurer la transition vers un approvisionnement complet en énergie renouvelable, mais elles feraient en outre bondir les émissions de CO2 de 48 à 72 pour cent, tandis que l’augmentation du prix de l’électricité oscillerait entre 40 et 100% à l’horizon 2030. La N-VA ne manquera pas de brandir ces chiffres afin de remettre en question la sortie du nucléaire dès que l’occasion se présentera. Il en résulte que cette stratégie énergétique est un leurre doublé d’une recette infaillible pour de nouvelles chamailleries.

En réalité, le choix de fermer des centrales nucléaires à court terme n’est pas écologique ou économique, sinon sociétal. Nous ne voulons plus des risques qui pèsent sur notre sécurité ni des déchets. La question est maintenant de savoir si nous en avons les moyens. À ce titre, les remarques formulées par la N-VA ne sont pas totalement illégitimes dans le contexte actuel. Reste qu’avec une vision à plus long terme, nous aurions pu parfaitement résoudre l’équation.

Une politique énergétique digne de ce nom aurait dû voir le jour dans la foulée du vote de 2003, à travers lequel une majorité démocratique de Belges a décidé de faire ses au revoir à l’ère du nucléaire, de manière à rendre l’abandon progressif moins douloureux. Le fait que nous ayons maintenant perdu un an et demi de plus avec, en prime, des discussions en trompe-l’œil, et que la date de fin précise ne soit pas connue quinze ans après la décision initiale, en dit long sur l’échec de la pensée à long terme dans ce pays.

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