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31·08·16

Le TTIP est à l’agonie, mais pas tout à fait mort

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Holger Boening

Traducteur⸱trice Margaux Hoebeke

Ces derniers jours, de nombreux médias ont rapporté la décision de Sigmar Gabriel, le vice-chancelier et Ministre de l’Économie allemand. Il a déclaré ce weekend que les négociations sur le TTIP (l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis) étaient au point mort. Il faut toutefois envisager cette déclaration comme un ballon d’essai politique, un coup de sonde comme nos pays respectifs en ont vu passer beaucoup trop cet été (finement analysés par Marc Coenen ce weekend dans notre journal). Pour les journalistes et les lecteurs qui ne suivent pas le TTIP et la politique européenne de près, il est peut-être plus ardu de déceler les intentions qui se cachent derrière ce genre de manœuvres à l’intérieur du pays. Je vais donc les expliquer.

Dans trois semaines, le parti social-démocrate allemand (SPD) de Gabriel tiendra un congrès de parti sur le CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Ce dernier est déjà soumis à des négociations, mais il doit encore être approuvé par le Conseil et le Parlement européen (avant d’être ensuite ratifié par les États membres). La base du SPD et les syndicats allemands sont très critiques envers le CETA, qu’ils considèrent comme le petit frère du TTIP. Ils craignent surtout que l’approbation du CETA constitue un précédent pour le TTIP. Nous pourrions accepter le premier et retomber sur le second plus tard, dans des circonstances moins favorables.

Gabriel s’est positionné à de multiples reprises comme un partisan du CETA et se trouve donc dans une position délicate, sans compter qu’il a l’ambition de devenir le prochain chancelier allemand. Par conséquent, il ne peut perdre le soutien de sa base électorale, mais il doit éviter de bloquer le CETA en tant que vice-chancelier pour le SPD au sein du gouvernement allemand, sous peine d’être taxé « d’irresponsable ». Dans cette optique, la solution idéale était donc de déclarer la mort du TTIP. À terme, il pourra alors expliquer lors du congrès du SPD qu’il ne doit pas craindre qu’une approbation du CETA constituerait un précédent pour le TTIP, puisque le TTIP sera de toute façon refusé.

Si les négociations relatives au TTIP échouent effectivement bientôt, Gabriel aura atteint un autre objectif avec cette déclaration : il présentera cet échec comme la conséquence de la résistance des politiques européens – dont il fait lui-même partie – face aux exigences américaines extrêmes. Il essaie donc de tirer profit au maximum des négociations sur le TTIP et des protestations qu’elles soulèvent pour se présenter comme le défenseur des valeurs et des intérêts allemands et européens.

Mais y a-t-il d’autres raisons pour avancer aujourd’hui que le TTIP est effectivement mort ? Pas plus qu’il y a quelques semaines ou quelques mois. Rien cet été n’est arrivé qui justifie cette déclaration. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que les négociations sont pratiquement à l’agonie. Des séances artificielles de négociation continuent à être organisées, mais on n’y constate aucun progrès. C’est également impossible, dans le contexte des élections présidentielles américaines.

Je doute toutefois que les négociations prennent vraiment fin à court terme, pas après tout le capital et l’énergie politique qui y ont été investis. Il faudra attendre le résultat des élections présidentielles américaines et voir comment se positionne le nouveau président par rapport au libre-échange dès qu’il/elle aura investi la Maison-Blanche. D’aucuns espèrent désormais que les groupes d’action contre le TTIP s’essoufflent et qu’il leur soit impossible d’organiser leurs mouvements de protestation.

 

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