DaarDaar

Le meilleur de la presse
flamande en français

Pauvreté infantile : ces politiques qui rejettent la faute sur les parents
18·10·22

Pauvreté infantile : ces politiques qui rejettent la faute sur les parents

Cathy Galle est journaliste pour le quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Anthony Tran on Unsplash

Cathy Galle
Auteur⸱e
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

À l’école, les boîtes à tartines de certains enfants sont plus ou moins vides : elles peuvent ne rien contenir du tout, ne pas être assez remplies pour satisfaire l’appétit, ou ne renfermer qu’un morceau de pain rassis garni d’un peu de fromage moisi. En tout état de cause, la situation est de plus en plus fréquente, font savoir les associations, qui tirent à nouveau la sonnette d’alarme en cette Semaine de lutte contre la pauvreté infantile.

C’est la énième fois qu’elles alertent sur cette situation, qui ne fait que s’aggraver. Alors que le prix de l’énergie et d’autres biens de consommation ne cesse d’augmenter, le problème des boîtes à tartines ne peut qu’empirer. Presque tout le monde, dans le milieu de l’enseignement, est confronté à des situations éprouvantes : des enfants qui n’ont rien à manger, d’autres qui arrivent à l’école en veste d’été et en sandales au cœur de l’hiver, d’autres encore qui s’installent près du radiateur car les moments passés en classe seront les seuls durant lesquels ils pourront profiter d’un peu de chaleur.

Pourtant, les solutions permettant de lutter contre la pauvreté, et donc contre celle des enfants, sont parfaitement connues. Quasiment tous les experts en la matière proposent une série de mesures qui permettraient d’améliorer la situation. En tête de liste : la révision du régime des allocations familiales. Actuellement, tous les enfants se voient attribuer un montant de base élevé, y compris ceux dont les parents ne sont absolument pas dans le besoin. Résultat : il devient difficile d’en faire plus pour les enfants en situation de précarité. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté infantile, réformer ce système devrait relever de l’évidence.

Les jeunes d’aujourd’hui, une « génération perdue »?

Il en va de même de la gratuité des repas scolaires, qui devrait permettre aux enfants en situation de pauvreté de bénéficier, en semaine, d’un repas complet chaque jour sans être montrés du doigt. Les effets ne s’en font pas uniquement sentir sur leur bien-être : nombre d’études indiquent que l’apprentissage et la mobilité sociale s’en trouvent également améliorées. Les enfants apprennent tout simplement mieux le ventre plein que le ventre vide.

« Selon Ben Weyts (N-VA), si les boîtes à tartines sont vides, c’est donc la faute des parents. »

Autrement dit, il n’y a aucune raison pour que ces boîtes à tartines restent vides. Mais encore faudrait-il que les responsables politiques y mettent du leur. Il y a quelques semaines, sur Twitter, une discussion portant sur les repas scolaires a nettement montré que cette volonté fait défaut. Selon le psychologue Wouter Duyck, mais également le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), l’alimentation des enfants relève de la responsabilité des parents et non de la collectivité. Selon eux, si les boîtes à tartines sont vides, c’est donc la faute des parents.

Cette tendance à la culpabilisation est l’une des principales raisons qui expliquent l’immobilisme dans lequel est figée la lutte contre la pauvreté. On considère de plus en plus que les personnes qui se trouvent en situation de précarité l’ont bien cherché. Le courant de pensée dominant, au sein de notre société, estime en effet qu’il faut savoir saisir sa chance. Ce qui implique que les personnes qui vivent dans la misère ont manifestement négligé de le faire et qu’elles ne peuvent donc s’en prendre qu’à elles-mêmes.

Tant que cette mentalité prévaudra, il ne faudra pas s’attendre, de la part des responsables politiques, à des mesures structurelles de lutte contre la pauvreté. Il s’agit là d’un choix strictement politique. Dans l’intervalle, si mesdames et messieurs les ministres voulaient bien s’abstenir, dans la semaine à venir, de tout discours ronflant sur leurs projets dans ce domaine : on ne saurait leur accorder une quelconque crédibilité.

La Wallonie « copie-colle » le système flamand d’allocations familiales

Partager :
© DaarDaar ASBL 2021 - Mentions légales - Vie Privée

Gratuit pour les employés de la Commission Paritaire 200 grâce à notre collaboration avec Cefora!

 Vous constatez un manque de cohésion entre collègues néerlandophones et francophones dans votre entreprise? 

Workshop, teambuilding... Inscrivez-vous aux nouvelles formations bilingues de DaarDaar! 

Si vous versez minimum 40€ en un an, vos dons seront déductibles fiscalement à hauteur de 45%.

Vous avez aimé cet article ? Alors soutenez-nous en devenant Amis de DaarDaar ! 

 

Nous voulons rester accessibles à tout le monde. Mais les traductions de qualité, ça a un coût.