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Imputer le malaise énergétique belge à un seul parti serait trop facile
08·12·22

Imputer le malaise énergétique belge à un seul parti serait trop facile

Bart Eeckhout est le rédacteur en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo de Nicolas HIPPERT sur Unsplash

Bart Eeckhout
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Aux Pays-Bas, le gouvernement n’a pas perdu de temps. Dès son entrée en fonctions, l’an dernier, il décidait de construire deux nouvelles centrales nucléaires. Moins d’un an plus tard, voilà que le site est déjà choisi. Ce sera très probablement Borssele, à deux pas de la frontière belge, à côté d’une centrale nucléaire existante.

Bien sûr, la centrale n’est pas encore construite (il faudra attendre au moins jusqu’en 2035) et la facture (au moins 5 milliards) n’est pas encore payée. Mais pour le gouvernement néerlandais, l’indépendance énergétique, notamment à l’égard des énergies fossiles, est et sera un atout précieux, aujourd’hui comme demain. Alors il agit. Aujourd’hui.

Quelle différence avec la Belgique ! Malgré la guerre en Ukraine, malgré la disparition de l’énergie russe à bon marché, nos gouvernements ne parviennent pas à s’entendre sur une politique énergétique commune, durable et sécurisante. La sortie du nucléaire, en mode « procession d’Echternach », en est une pénible illustration. On continue, encore et toujours, de négocier la prolongation de la durée de vie de deux centrales avec Engie, leur exploitant. On commande simultanément une étude censée prouver que notre sécurité d’approvisionnement est assurée. Mais on apprend incidemment que oui, il y a bien un problème, et que ces deux centrales devront probablement encore tourner pendant deux hivers.

Prolongation du nucléaire : on ne réanime pas un cadavre! Quoique…

Le parti Groen, au pouvoir au fédéral, est la cible de nombreuses critiques pour son approche du dossier. À juste titre. Les verts ont raté l’occasion de revoir leur opinion sur l’intérêt du nucléaire (une énergie non fossile), alors que dans notre nouvelle réalité, c’était possible, et même souhaitable. Le parti doit donc prendre ce virage le plus discrètement possible — et sans admettre que c’est bien un virage.

D’un autre côté, peut-on en vouloir à un parti de rester fidèle à l’une de ses convictions les plus fortes ? Même quand cette conviction s’avère irréaliste ou indésirable — qu’il s’agisse de sortie du nucléaire ou de confédéralisme ? Groen a raison d’affirmer que le dossier nucléaire sert de paravent à bien d’autres blocages dans la politique énergétique du pays. Que dire de la faiblarde politique énergétique de la N-VA au sein du gouvernement flamand ? Que dire du MR, pour qui « politique énergétique » équivaut encore à appliquer les diktats venus de France ?

« La Belgique cahote de solution temporaire en compromis inachevé. »

Imputer le malaise énergétique belge à un seul parti serait trop facile. Non, cette gestion décevante des affaires publiques est plutôt le signe d’une déficience dans notre culture de gouvernance. La Belgique cahote de solution temporaire en compromis inachevé. Depuis plusieurs décennies, ce mode de fonctionnement nous procure prospérité et paix sociale. Aujourd’hui, pourtant, nous nous mordons les doigts de ce manque de prévoyance — et pas seulement dans le dossier énergétique. En cette période de crises complexes, l’approche « néerlandaise », rationnelle, directe, semble donner souvent de meilleurs résultats.

À l’instar de feu Jean-Luc Dehaene, le patriarche, nos politiques affirment parfois qu’« il ne faut résoudre les problèmes que quand ils se posent ». Ce n’est pas tout à fait exact. Souvent, on espère que les problèmes se résoudront tout seuls, à condition d’attendre assez longtemps. Voyez la sortie du nucléaire. Voyez le vieillissement de la population. C’est cette philosophie-là, aujourd’hui, qui se heurte à ses limites.

Le gouvernement fédéral ne tombera pas à cause du dossier de la sortie du nucléaire

 

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