Le cabinet ministériel restreint (kern) est parvenu à un accord sur les accises sur l’énergie. Il y avait un autre point à l’ordre du jour, mais celui-ci a de nouveau été reporté. Ce sera pour vendredi prochain, si tout va bien. C’est un scandale que l’importation de diamants de Russie, puisque c’est de cela qu’il s’agit, ne se soit pas vu décerner depuis longtemps un carton rouge vif ! À ce propos, le gouvernement a égrené tout son chapelet d’excuses.

Le média Politico a publié le week-end dernier des chiffres intéressants. Le moins que l’on puisse écrire est que la Belgique n’en sort pas grandie. Malgré les sanctions imposées à la Russie en réaction à l’invasion de l’Ukraine, l’UE a injecté beaucoup plus d’argent dans la caisse de guerre de Poutine en 2022 que sur la moyenne des années précédentes. Au niveau de l’UE dans son ensemble, l’augmentation atteint 50 % depuis le début de la guerre. Cette situation s’explique par les prix élevés du gaz et par le fait que mettre fin à notre dépendance à l’égard de la Russie en ce qui concerne cette source d’énergie ne se fait pas du jour au lendemain.

Dans la classe européenne, la Belgique fait plutôt partie des mauvais élèves. On peut s’en étonner dès lors que notre pays était beaucoup moins dépendant du gaz russe que d’autres nations européennes. D’autres facteurs jouent par conséquent un rôle et contribuent à ce que la Belgique soutienne l’effort de guerre de Poutine davantage encore que la moyenne européenne. Parmi ces facteurs, on ne peut pas passer sous silence le commerce russe des diamants, que nous continuons d’alimenter même s’il est dégoulinant de sang.

L’embargo sur la Russie ne doit pas se limiter au caviar et à la vodka

Il faut en effet savoir qu’un tiers du diamant brut destiné à Anvers provient de Russie et que la majeure partie du produit de ces ventes échoit dans la caisse de guerre de Poutine. Tout cet argent permet également de financer l’armée de mercenaires de Wagner, qui a commis en Ukraine à peu près tous les crimes de guerre possibles et imaginables. L’exportation de diamants doit rapporter beaucoup plus à la Russie que l’aide que nous procurons à l’Ukraine, mais cela n’empêche pas notre pays de remuer ciel et terre depuis bientôt un an afin de continuer d’importer ces « diamants du sang ».

« Un tiers du diamant brut destiné à Anvers provient de Russie et la majeure partie du produit de ces ventes échoit dans la caisse de guerre de Poutine. »

Tous ces atermoiements sous la pression d’un secteur anversois pourtant loin d’être vital pour notre économie sont consternants. Les Russes vendraient leurs diamants à l’Inde ou à Dubai si nous mettions fin à cet odieux business ? Allons donc ! Si tous les pays européens avaient adopté la même attitude protectionniste, jamais Moscou ne se serait retrouvée sous le feu des sanctions. Vous trouverez toujours des badauds prêts à s’engouffrer dans la brèche pour se faire de l’argent.

Il est possible que le président ukrainien Zelenski atterrisse à Bruxelles dans les prochains jours. Accueillons-le donc avec un cadeau qu’il aurait dû recevoir depuis longtemps : disons stop à l’importation de diamants russes, maintenant !