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À Knokke, les prairies cèdent la place aux terrains de golf : « Il y aura encore plus de dikke nek »
02·05·23

À Knokke, les prairies cèdent la place aux terrains de golf : « Il y aura encore plus de dikke nek »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo de Mick Haupt sur Unsplash

Auteur
Virginie Dupont
Traductrice Virginie Dupont

Knokke-Heist est en passe de devenir le paradis du golf belge. Deux parcours de golf devraient attirer les visiteurs dans la station balnéaire chic. Une nouvelle qui ne fait pas l’unanimité. « Knokke ressemble de plus en plus à Ostende. »

« Il y aura encore plus de dikke nek », lance Monique Cardon (75 ans) en pointant du doigt une prairie. « C’était un terrain vague autrefois. » Rendez-vous pris à Duinenwater, un nouveau quartier résidentiel comprenant des villas et des appartements de luxe qui ont poussé comme des champignons ces dernières années dans le paysage de polders de Knokke. Alors que quelques promeneurs déambulent et que des voiturettes de golf sillonnent les rues, des ouvriers s’affairent à terminer les bâtiments blanchis à la chaux. Ce ne sont pas des voitures de luxe, mais des camionnettes qui dominent le paysage aujourd’hui.

La fièvre de la construction promet de monter encore. À proximité, l’entrepreneur Paul Gheysens ambitionne un tout nouveau complexe de golf (imaginé par Jack Nicklaus) qui accueillera 27 trous, mais aussi un hôtel de 150 chambres et 200 suites de luxe, un centre de congrès et 1 350 places de parking. La semaine dernière, la ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) a accordé le permis environnemental. Lequel avait été refusé l’année dernière par crainte que le projet soit contraire à la protection du paysage ouvert des polders.

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« Knokke fait passer les touristes avant ses résidents », poursuit Monique Cardon, mécontente. La retraitée ne vit pas à Duinenwater, mais dans une rue modeste voisine qui existe depuis plusieurs décennies. Sa voisine, Rita Lefebre (76 ans), partage sa colère. « Ils construisent énormément. Mais Knokke-Heist est devenue inabordable. » Originaire de Mouscron, Rita Lefebre a débarqué dans la station balnéaire à l’âge de 7 ans, « mais mes enfants ne peuvent pas rester ici. C’est devenu trop cher. » Et d’ajouter : « Le nouveau terrain de golf va faire augmenter tous les prix. Knokke ne s’adresse plus qu’aux riches. »

Tarifs démocratiques

Autre son de cloche chez ce couple de retraités que nous croisons. Les septuagénaires ont échangé leur maison d’Anvers contre un nouvel appartement à Duinenwater il y a quelques années. « En particulier pour le terrain de golf », précisent-ils, tout en soulignant qu’ils préfèrent garder l’anonymat. « Notre seul regret est qu’il y ait aussi des bâtiments sur le complexe de golf. »

Ils espèrent qu’il sera possible de jouer au golf à des tarifs démocratiques dans la nouvelle zone. Pour l’instant, ils se rendent sur le parcours de Damme. « Nous ne sommes pas à l’aise au Royal Zoute Golf Club aux côtés de toutes ces personnes chics », poursuivent-ils. Le permis d’environnement impose un tarif réduit pour les groupes cibles sociaux. « Mais on ne se fait pas trop d’illusions. »

Alors que le soleil et les nuages se partagent le ciel et que les derniers appartements se voient doter de balustrades, une agréable odeur de levain et de pâtisseries flotte sur la place centrale de Duinenwater. « Nous avons ouvert notre boulangerie Henri il y a presque trois ans, lorsque le quartier était encore en pleine construction », explique James Swevers (35 ans), le gérant. « Le complexe de golf ne peut faire que du bien à notre entreprise. »

Monter sur ses grands chevaux

Le calme règne sur l’avenue Lippens, au cœur de la station balnéaire mondaine de Knokke-Heist. Des couples plus âgés et des femmes d’âge moyen se promènent dans la célèbre rue commerçante. « C’est calme cette semaine. Les vacances sont terminées », précise Guillaume Steenhuizen (34 ans), fils d’un boucher. « Plus il y a de touristes, mieux c’est. J’espère que le centre de congrès attirera de nombreux visiteurs internationaux. Knokke attire déjà les Luxembourgeois et les Néerlandais. »

Un point de vue qui n’est pas partagé par tous les indépendants. « Je parle contre les intérêts de mon entreprise, mais Knokke devient trop grande », affirme la gérante d’une boutique. « Les avis sont très divisés. C’est pourquoi je préfère ne pas voir mon nom dans le journal. J’ai peur de perdre des clients », ajoute-t-elle. « Avec toutes ces constructions, notre commune ressemble de plus en plus à Ostende. Ce n’est certainement pas le but. »

« Avec toutes ces constructions, notre commune ressemble de plus en plus à Ostende. Ce n’est certainement pas le but. »

Le bourgmestre de Knokke-Heist, Piet De Groote (Gemeentebelangen), se réjouit de l’approbation du permis d’environnement. Le projet traînait depuis de longues années. « En 2006 déjà, le gouvernement flamand désignait cette zone comme un site potentiel pour un terrain de golf dans le mémorandum sur le golf », raconte-t-il. « Knokke doit développer sa capacité pour pratiquer le golf. Les cyclistes, les randonneurs et les cavaliers pourront également emprunter la zone. Des sentiers traverseront le complexe. » Piet De Groote se veut optimiste, bien qu’il soit conscient des potentiels recours.

Un projet auquel s’oppose Peter Taffeiren, voisin du projet et lui-même promoteur immobilier. Il a déjà fait appel et exprimé à plusieurs reprises des critiques dans les médias. Peter Taffeiren et Paul Gheysens étaient autrefois concurrents dans le secteur immobilier. Par ailleurs, les deux hommes sont passionnés par les chevaux. Le futur parcours de golf de Paul Gheysens sera situé juste à côté de la maison et de l’élevage de Peter Taffeiren. Pour l’instant, ce dernier s’abstient de tout commentaire, mais il a fait savoir par téléphone qu’il analysera attentivement le nouveau permis d’environnement.

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