Les responsables politiques ne s’intéressent pas à l’opinion des actionnaires d’Arco et témoignent d’un mépris le plus total.
Je fais partie des 800 000 citoyens qui, dans notre petit pays, se sont réveillés hier avec la gueule de bois. La deuxième d’affilée. Il y a quelques années, ma famille et moi-même avons pris des actions coopératives dans Arcopar. Notre épargne n’était pas considérable et nous souhaitions la protéger, comme complément à notre maigre pension. À l’époque, on m’a dit qu’il s’agissait d’une alternative au livret d’épargne qui ne présentait que des avantages. À propos des risques, on ne nous a rien dit sinon qu’ils étaient inexistants. J’étais alors une lectrice assidue de Visie, la brochure publiée par le Mouvement ouvrier chrétien. À longueur de lignes, je pouvais y lire que mon épargne était entre de très bonnes mains chez Arco. Lorsque la crise bancaire a éclaté en 2008, on nous a affirmé que tout allait pour le mieux et que l’on devait continuer à soutenir Dexia. Mais début octobre 2011, première gueule de bois. On nous avait trompés : les risques étaient bel et bien réels. Et non des moindres, puisque nous avions tout perdu.
Une semaine plus tard, assumant le rôle d’ange gardien, le gouvernement nous a promis que nous récupérerions toutes les sommes investies via le fonds de garantie : après tout, il s’agissait de l’argent des épargnants. Pendant cinq ans, nous avons vécu dans l’espoir. Mais il s’est rapidement mué en détresse. Hier, deuxième gueule de bois. Et de taille : le régime de garantie est enterré. L’État nous avait promis quelque chose d’illégal et nous avons à nouveau été trompés.
Le gouvernement avait déjà senti venir l’orage. Il était passé au plan B. Mais il ne voulait rien en dire sinon que, tout à coup, ce n’est plus que la moitié de notre argent que nous pourrions — peut-être — récupérer.
Les magouilles autour de notre misère ne font que commencer. On s’apprête désormais à subir un chantage du type « c’est à prendre ou à laisser ». Ce genre de paroles me mettent en colère : j’ai l’impression d’être traitée sans le moindre respect, comme une oie dans le gosier de laquelle on enfonce une bouillie infâme à la période de Noël.
Les responsables politiques ne s’intéressent pas à l’opinion des actionnaires d’Arco. Tout se manigance en coulisse. Cette situation est réellement inouïe et témoigne d’un mépris le plus total.
On assiste maintenant, au sein du gouvernement, à une véritable partie de poker dont nous sommes la mise. Les parties et les responsables politiques essaient de se mettre mutuellement au pied du mur ou de s’éliminer — la mise, encore une fois, étant le dossier Arco. La politique est-elle vraiment dépourvue de toute moralité ? Les hommes politiques doivent cesser de nous utiliser comme des jouets.
Il ne s’agit pas d’une question politique, mais d’une affaire de responsabilité. Il ne faut pas être juriste pour comprendre que l’on assiste à des tromperies en cascade : Beweging.net a mobilisé ses membres pour leur argent en « oubliant » de leur expliquer les risques qu’ils couraient. Cet argent a intégralement été placé par Belfius, qui, en sa qualité d’investisseur professionnel, a promis que tous les produits étaient sûrs.
Jusqu’à présent, seuls quelques coopérateurs courageux se réunissaient. Mais les choses vont changer lorsque le grand public se rendra compte qu’il s’est à nouveau fait rouler.
La première étape d’une nouvelle approche consisterait à mener des concertations avec les organisations de coopérateurs. Elles permettraient de jouer cartes sur table et de parvenir à un consensus. S’il ne se dégage pas rapidement, nous comptons bien cesser de nous laisser marcher sur les pieds. Car voilà bien longtemps que le vase menace de déborder.
Myriam De Beuckelaer est membre du groupe de pilotage Geld Terug van Arco. Elle a elle-même été victime de cette affaire.